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Ré Nat, sentinelle de l’environnement rétais
Cadre bucolique et ambiance décontractée de l’AG du 19 juillet n’en ont pas, pour autant, occulté les sujets plus que sérieux des dérives environnementales en tous genres, que Ré Nature Environnement s’évertue à combattre depuis sa création, en août 2007.
Centrale à l’association, la défense des sites et du patrimoine naturels de l’île de Ré exige une attention de tous les instants.
Information, sensibilisation et recours
Par elle-même ou sur sollicitation, l’association constate, informe, conseille, intervient et si nécessaire médiatise et/ou porte les dossiers devant les instances juridictionnelles compétentes, a rappelé le Secrétaire général de l’association, Philippe Favreau, dans son rapport d’activités. En 2023, elle s’est fait remarquer pour sa lutte contre l’implantation sauvage de tivolis en espaces sensibles, la destruction de zones naturelles protégées, l’installation illégale de structures professionnelles en site classé. Ré Nat est souvent sollicitée également en matière de sauvetage d’animaux ou protection de la nature.
L’association mène un travail soutenu d’information et sensibilisation, au travers de reportages naturalistes que l’on retrouve sur son site, de publications très documentées telles l’oeillet des Dunes, d’articles de presse. Elle assure des animations & sorties, organise des festivals et travaille main dans la main avec différents partenaires, associations et collectivités publiques. Après le festival réalisé en 2022 sur les coquillages, l’association a préparé tout au long de 2023 le festival Arts et Sciences sur les insectes, qui s’est déroulé en 2024 et a marqué les esprits, tant par la diversité des supports – conférences, expositions, créations artistiques, animations, OEillet des Dunes dédié – que par sa qualité scientifique.
Un travail en partenariat avec les communes rétaises
Son partenariat historique avec Sainte- Marie de Ré se traduit notamment par les animations assurées à l’Ancre Maritaise (lire notre article en page 28) qui prennent la forme de conférences, films, expositions, sorties à la découverte de la faune et de la flore marines, nuits des étoiles, sorties mycologiques ou encore botaniques.
Pour La Flotte, Ré Nat est chargée de l’actualisation de l’inventaire des espaces terrestres et marins, visant à mieux connaître les milieux naturels et écosystèmes de la commune, pour une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux. Les deux gardeschampêtres à cheval seront formés par l’association à la biodiversité et aux écosystèmes. Sortie inventaire de champignons, aide à la création d’un refuge LPO à La Grainetière, accueil gracieux du bateau naturaliste La Janthine dans le port, animations à l’école Sainte- Catherine font partie de ses interventions.
A l’image de Sainte- Marie et Rivedoux, Loix a programmé un nouveau plan de gestion de la pointe du Grouin, à la mise en place duquel Ré Nat participe, via notamment un état des lieux.
A Ars-en-Ré, des opérations de surveillance des phoques sur l’estran sont régulièrement menées par les membres du Réseau Echouages.
A Saint-Clément, le partenariat amorcé en 2022 se poursuit sur les mammifères marins, avec l’observation et la surveillance des phoques gris. Pour la seconde année, le Festival des mammifères marins organisé par Ré Nat à La Java des Baleines en juillet 2024 a connu un beau succès.
Au Bois-Plage, dans le cadre le l’Aire Marine Educative mise en place en CM1/CM2, promue par la Commune et soutenue par l’Office Français de la Biodiversité (comme cela a déjà été le cas dans le passé à La Flotte), Ré Nat accompagne l’identification des problématiques et des actions à mener par les écoliers sur les sites des Biettes, des Evières et sur l’estran des Gouillauds.
A Saint-Martin, une convention a été signée avec Nature Environnement 17 pour la conservation d’une colonie importante de Sérotines (chauvessouris) ayant élu domicile dans les charpentes sous toiture de la mairie.
CdC de l’île de Ré, Nature Environnement 17, LPO, Escal’Océan, ONF, Dunes Attitudes, Rotary île de Ré font partie des nombreux partenaires de l’association naturaliste rétaise.
Deux combats majeurs, de longue haleine
Deus sujets de long terme mobilisent Ré Nature Environnement, au côté d’associations tout aussi actives : la protection des mammifères marins et le combat contre le projet d’éoliennes industrielles marines au large de nos côtes, depuis Oléron jusqu’en Vendée.
L’association compte parmi ses membres deux représentants du Réseau National Echouages Pelagis, Grégory Ziebacz et Jean-Roch Meslin et un membre historique du Groupe national petits cétacés créé en 2018 par l’Etat, son président, Dominique Chevillon. Elle est constamment préoccupée par le sort des mammifères marins et a été la première à alerter sur le sujet du massacre des dauphins et à le documenter au plan scientifique. « On n’a rien contre les pêcheurs, mais contre certaines pratiques. Grâce à des ouvertures que nous avons eues dans le monde de la pêche, nous avons pu comprendre une grande partie de ce qu’il s’est passé, les causes de cette mortalité. » Après une année 2023 particulièrement meurtrière pour les cétacés (10 à 12 000 morts sur les côtes du golfe de Gascogne), mettant en jeu leur survie, avec des causes dues dans 80 % des cas à certaines techniques et pratiques de pêche, les recours de plusieurs associations, dont Ré Nat, ont conduit à une ordonnance de référé ordonnant la fermeture spatiotemporelle de la pêche (française et espagnole) durant un mois, du 22 janvier au 20 février 2024, dans le golfe, pour les bateaux de plus de huit mètres pratiquant certains modes de pêche avec filets. Bien que le bilan officiel n’ait pas encore été communiqué, scientifiques et associations ont constaté une efficacité certaine de cette mesure : une cinquantaine de dauphins et trois marsouins communs se sont échoués sur les côtes de l’île de Ré cet hiver, contre environ 170 en 2023. Dans 80 % des cas, ils étaient particulièrement mutilés, peut-être en représailles à l’action des associations naturalistes. Cette mesure doit être renouvelée aux hivers 2025 et 2026, mais la résistance de la filière de la pêche s’organise. « Les résultats de cette mesure sont excellents, on attend les données officielles, mais l’Etat exerce des pressions effrayantes sur les protecteurs de la nature et sur les scientifiques. Heureusement, certains scientifiques deviennent militants et montent au créneau à nos côtés. Nous ne sommes pas très nombreux mais nous sommes déterminés, bien que les lobbies essaient de torpiller ces avancées. Nous travaillons aussi avec des instances nord-américaines pour proposer d’autres solutions. »
Ré Nature Environnement est membre du collectif NEMO qui combat activement les projets de champs éoliens marins, qui seraient particulièrement destructeurs pour les écosystèmes des pertuis charentais. Si le collectif a obtenu le déplacement du projet historique (version 4) en dehors du Parc naturel marin, celui reste à l’intérieur d’une zone Natura 2000. Et les nouveaux projets de l’Etat concerneraient désormais quatorze à vingt-quatre parcs de quatre-vingts éoliennes chacun, soient 1120 à 1920 éoliennes. « On est devant la Commission européenne qui doit se prononcer sur l’atteinte à la réglementation des zones Natura 2000. Si nécessaire, les associations iront devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, c’est un combat à six ou sept ans. Les dix maires et la CdC de l’île de Ré ont signé un courrier dénonçant ces projets, cent-dix-huit communes se sont aussi positionnées contre, le Département de Charente-Maritime devrait en faire de même. Nous déposerons les véritables contentieux quand les autorisations environnementales et administratives auront été délivrées en 2025/2026, peut-être 2027 », a précisé Dominique Chevillon, président de Ré Nat et tête de proue du collectif NEMO.
« Il n’y a que Ré Avenir pour reconnaître un effet récif aux éoliennes ! Cette même association qui a un jour débarqué et prôné l’installation d’une ferme solaire sur les hauts de Turpine, site qui a été nettoyé et renaturé sur 8 hectares, par la CdC avec la participation de Ré Nat et la LPO. Elle voudrait abattre des arbres pour créer une ferme solaire, tout cela pour céder à un effet de mode. Je m’élève fermement contre Ré Avenir, on ne détruit pas des milieux, en mer ou sur terre, pour implanter des énergies renouvelables. »
Outre ces deux combats forts, soutenue par ses presque trois cents adhérents (à 90 % des résidents permanents) et un réseau d’une soixantaine d’observateurs, Ré Nat joue un rôle prééminent de sentinelle de l’environnement rétais : « Il n’y a pas une taupinière qui ne bouge sans qu’on soit au courant, on a l’information et la pression d’observation des milieux, des écosystèmes, des biotopes, qui permet la protection. », a conclu Dominique Chevillon.
Une 3ème correspondante « Pelagis » sur l’île de Ré
Patricia Caillaud, adhérente de la première heure, formée par Greg Ziebacz et Jean-Roch Meslin, a suivi la formation en vue de l’obtention de la Carte verte du ministère de l’environnement et a déjà travaillé à l’accompagnement de la protection des phoques d’Ars. Elle rejoint le Réseau National d’Echouage Pelagis, dont elle devient la troisième correspondante sur l’île de Ré. Elle rentre aussi au Conseil d’administration de Ré Nature Environnement.
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