Où en est l’EHPAD de Saint-Martin ?
Manifestation des organisations syndicales, mobilisation de la population et des élus, réunions « au sommet » et interpellation ministérielle, « sauvetage » de l’Unité Alzheimer et d’une partie des lits de l’EHPAD, le feuilleton de la maison de retraite n’est pas terminé. Où se situe la vérité, entre déclarations et intentions réelles ?
Mercredi 15 mai, la directrice de l’hôpital recevait avec son staff la direction de l’Agence régionale de santé, le président de la CdC, Lionel Quillet, le maire de Saint-Martin, Patrice Déchelette, le vice-président du Département Jean- Claude Godineau et la conseillère départementale de l’île, Véronique Richez-Lerouge, ainsi que l’attaché parlementaire du député Olivier Falorni.
Une responsable locale de l’EHPAD nommée
En apparence, les choses avanceraient, puisqu’une cadre affectée à plein temps et sur place à la direction de l’EHPAD est arrivée. L’hôpital a aussi remercié le maire de Loix de ses propositions de deux logements dans sa commune, que les personnes pressenties ont décliné. Sur les programmes de logements de Saint- Martin, Le Bois-Plage et Sainte-Marie, trois logements sur chacun seront fléchés pour le personnel de l’EHPAD, en accord avec l’Etat et le bailleur social, si les conditions (de revenus notamment) sont remplies.
Aujourd’hui l’EHPAD accueillerait 89 résidents, Unité protégée comprise, très loin donc de sa capacité de 160, de l’objectif annoncé cet hiver de 136 et du nombre de résidents accueillis qui s’élevait encore il n’y a pas longtemps à 112. Pour pouvoir accueillir 136 résidents, la direction de l’hôpital devrait recruter dix aides-soignants et c’est là que le bât blesse, alors qu’il y a des demandes d’admission à l’EHPAD en attente et que cette liste devrait inexorablement s’allonger.
Le Département opposé à une prime d’insularité
La direction de l’hôpital a réaffirmé, comme elle l’avait fait cet hiver, que compte tenu du marché concurrentiel de l’emploi, un seul moyen pourrait permettre ce recrutement : une dotation supplémentaire accordée par le Département au titre du principe de l’insularité. L’ARS a confirmé que rien ne l’interdit dans la Loi, avec beaucoup de « jurisprudences » dans les grandes villes et zones frontalières.
Une telle dotation complémentaire permettrait de verser des primes au personnel travaillant sur l’île de Ré, qui vient souvent de loin. Lionel Quillet a rappelé que cette notion d’insularité avait été reconnue par l’Education Nationale, qui a signé une convention d’insularité avec les dix communes et la CdC de l’île deRé. Et que l’écotaxe payée au pont de Ré est aussi une spécificité insulaire…
Si le vice-président du Département n’a pas pris la parole, la conseillère départementale se serait déclarée, pour sa part, totalement opposée à une prime d’insularité, au titre de l’ « équité départementale », argument qui avait déjà été avancé par l’autre conseiller départemental de l’île de Ré, Patrice Raffarin, qui a longtemps hésité à signer pour sa commune la convention d’insularité proposée par le DASEN et l’a finalement fait à contre-coeur, en solidarité avec les autres communes rétaises. Ce qui fait bondir le président de la CdC, qui leur rappelle qu’étant les conseillers départementaux de l’île de Ré, pour un mandat sur le canton de l’île de Ré, ils devraient avant tout avoir à coeur de défendre leur territoire insulaire. « Si le prétexte avancé est l’équité financière départementale, alors pour ma part je revendique l’équité d’accès pour les Rétais à un EHPAD public, le seul existant sur l’île. Si on ne peut plus vieillir sur l’île de Ré, alors il n’y a plus d’équité. », argumente- t – i l . Il va écrire à nouveau dans ce sens au préfet et à la présidente du Département.
Une volonté réelle de sauver l’EHPAD ?
Outre la nomination d’une responsable sur place, l’autre bonne nouvelle est venue de la proposition de la direction de l’hôpital de former sur place à Saint-Martin, en coordination avec France Travail, des habitants de l’île de Ré (donc logés sur place) au métier d’aide-soignant. Les Communes de l’île de Ré, les CCAS, la CdC vont évidemment communiquer autour de cette démarche de formation.
C’est un travail titanesque qui attend la nouvelle responsable de l’EHPAD, pour réimpulser dynamisme et attractivité à un EHPAD « marqué au fer rouge » et « grillé » dans la profession. Sans recrutement et sans une politique des ressources humaines motivante, il ne sera guère possible de sauver la seule maison de retraite publique de l’île de Ré. Aurat- elle la volonté et la détermination nécessaires ? L’avenir le dira, on peut toutefois légitimement s’interroger sur le degré de motivation, du côté de La Rochelle, de sauver l’EHPAD rétais, dans un contexte financier très tendu, tant pour le groupement hospitalier que pour le Département.
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