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Marine de Missolz, met la Cité au coeur de ses projets
Amoureuse de l’île de Ré, Marine de Missolz s’y pose définitivement le moment venu pour y créer sa compagnie La Mer écrite et faire ce qu’elle aime le plus au monde : étudier l’humain.
Fille d’un couple d’artistes, enfant, elle passait ses vacances et souvent une partie de l’année dans l’île. Elle se sentait en phase avec le lieu « qui possède un pouvoir mystérieux dépassant la simple beauté du paysage ». A 18 ans, tout en continuant ses études, Marine fait des saisons au Café du Phare, endroit qu’elle adore parce qu’elle y rencontre toutes sortes de gens. Elle aime réunir les gens, casser les cloisons qui les isolent et véritablement communiquer et faire avec eux. C’est la ligne directrice de ses différentes activités depuis toujours.
Après des études de philosophie et de lettres modernes, ainsi que deux années au conservatoire de Nantes et à l’école du TNB à Rennes, elle va, à compter de 2009 et pendant une dizaine d’années, pratiquer son métier de comédienne et de metteur en scène dans des cadres variés allant de petites compagnies à des scènes nationales. Dix années fructueuses durant lesquelles elle a travaillé, entre autres, avec Stanislas Nordey, participé aux voyages de Kadmos organisés par le festival d’Avignon ainsi qu’à Crêpetown, un projet du festival Voyage à Nantes en 2012. En tant que comédienne, elle a joué, entre autres, dans Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, dans une adaptation et une mise en scène de Julien Gosselin, le nouveau directeur du Théâtre de l’Odéon.
Installation définitive dans l’île de Ré
Marine aura alors un désir d’enfant et ressentira la nécessité de se poser. Elle aura la chance, en 2017, de trouver à acheter une maison à un prix raisonnable, les vendeurs, qui se séparent de leur bien dans le cadre d’une succession ayant décidé de vendre à un jeune qui implanterait une activité dans l’île. Cet achat est un moment-clé de son histoire, sans lequel elle ne serait pas là, aujourd’hui, pour développer ses projets personnels et ceux spécifiques au territoire. Elle commencera par s’informer, humer l’air de cet ancien canton nord, rencontrer les élus pour apprécier les lieux où il est opportun d’apporter du théâtre. En 2019, elle créait la compagnie La Mer Écrite, association constituée d’amateurs, cependant « les projets, l’investissement de chacun, les répétitions sont engagées avec un tel professionnalisme que l’on se dit souvent que la limite est mince entre amateur et professionnel » comme le souligne Jean-Christophe Brard, un autre personnage de théâtre que Marine a aidé à voler de ses propres ailes.
Les axes de développement de sa compagnie de théâtre
S’inspirant de ses rencontres, Marine reprendra une tradition interrompue depuis cinquante ans, le théâtre de Mardi Gras, pour lequel l’association Ars en fête lui a commandé, encore cette année, une pièce. Elle a ranimé sans trop de mal les flammes de l’événement car il y a à Ars un véritable public amoureux du théâtre, encore plus quand il y a des racines et du sens.
Pour la première fois dans son parcours, elle va s’intéresser aux enfants de manière factuelle. Elle propose des cours tous les mercredis après-midi ainsi que des stages de théâtre pendant les vacances scolaires et c’est avec la participation des enfants fréquentant son enseignement qu’elle écrit le texte de la condamnation de Monsieur Mardi-Gras qui lui sera lu avant de le brûler. Côté école, elle dispense des cours comme c’est le cas par exemple dans toutes les classes de l’école de Rivedoux. Un projet similaire est à l’étude pour la commune de La Flotte. Elle souhaite sensibiliser les enfants à la matière du théâtre, mais également les engager dans une démarche civique. Les paramètres gratifiants du théâtre ne sont pas les mêmes que dans la société. La différence et la singularité ne son pas considérées de la même manière au théâtre, où elles représentent une force alors que dans la société elles sont perçues comme une tare. C’est cette force que Marine veut faire fructifier et cela doit se traduire dans le regard que les enfants et les adultes portent les uns sur les autres. Ce qui fait la richesse, c’est justement la diversité et elle veut inculquer cette « différence joyeuse » et transmettre les valeurs qui l’accompagnent. L’humain est sa passion et elle trouve que les rencontres humaines sont particulièrement fortes dans cette île. Son inspiration n’est jamais préconçue mais inspirée par la singularité des êtres qu’elle rencontre. Elle considère que le théâtre est un art, mais aussi un artisanat qui s’attache à travailler l’humain. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle se qualifie : « Je suis un artisan qui travaille l’humain ».
Un répertoire à dominante contemporaine
Son installation à Ré l’a amenée à ne pas rester enfermée dans le style qui était le sien jusqu’alors. Elle pratique un éclectisme total avec cependant une nécessité du présent : de nombreux textes sont issus du répertoire contemporain comme par exemple Rien ne blesse, pièce de Falk Richter montée l’année dernière. Les grands classiques ne sont pas oubliés pour autant et l’on a droit à de grandes tirades classiques, à Feydeau et même à Shakespeare !
En 2021, naissent Les Petites Bamboches du Canton Nord un dispositif soutenu par la mairie d’Ars et la CdC dont la 11e édition s’est déroulée à Ars le 1er novembre dernier. Des soirées que Marine souhaite festives et populaires et qui proposent un concert, puis un spectacle suivi d’un dancefloor animé par un DJ sur fond de musique résolument moderne. Ces Bamboches sont prévues en rotation sur les communes d’Ars, des Portes, de Saint- Clément et de Loix dans le but de créer du lien entre les habitants du nord de l’île. Pas aussi facile à réaliser qu’il le paraît : l’ex-canton nord n’est sans doute pas encore prêt à se laisser fédérer.
Marine a la tête pleine de projets qu’elle finira certainement par réaliser tant sa pugnacité à faire vivre le nord de l’île est prégnante ! Elle souhaiterait, par exemple, faire venir des artistes en résidence et bénéficier ainsi de nouvelles approches esthétiques ou bien encore envisager la création d’une école de théâtre ouverte à tous. Elle a déjà beaucoup fait en cinq ans, nul doute qu’elle ne poursuive son chemin.
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