Un joli papillon qu’on ne voit qu’à Rivedoux-Plage

Depuis la découverte en 2014 d’une population de cette espèce rare, l’Azuré du Serpolet a fait l’objet d’une étude puis d’un plan de protection qui vient de débuter.

Bleu profond tacheté de noir et bordé d’un gris sombre, l’Azuré s’il est gracieux en vol se montre exigeant et volontiers ingrat dans sa première vie au sol. Tout d’abord il lui faut pour s’ébaudir un milieu sec et chaud, bien exposé mais aussi bien abrité. Les prairies herbeuses qui siéent à notre hôte ne suffisent à l’y retenir lui qui n’a l’appétit que de deux plantes : thym ou origan.

Ces garanties réunies ne sont cependant pas encore satisfaisantes pour favoriser l’écosystème de l’Azuré dont le cycle de vie est probablement le plus complexe et le plus intéressant de l’espèce. Après l’éclosion des oeufs pondus en été par les femelles, les chenilles tombées au sol se mettent en quête d’un lieu propice à un séjour d’hibernation tout confort. Les signaux chimiques qu’elles émettent alors attirent des fourmis spécifiques qui voient en ces larves encore très petites un congénère à protéger.

Rapportées à la nurserie de la fourmilière, La chenille change alors de régime alimentaire et devient carnivore, consommant les oeufs et le couvain de ses logeuses. Une impudence qu’elles compensent en partie en produisant des sécrétions sucrées particulièrement appréciées par la colonie. Durant dix mois, l’imposant squatteur est nourri bien au chaud dans la galerie avant de regagner l’entrée du tunnel pour y prendre son envol à partir de fin juin. C’est sur le site du Défend (à la sortie de Rivedoux en allant vers Sainte-Marie) où pousse l’origan en abondance, que de part et d’autre de la départementale deux petites populations d’individus (une centaine environ chacune) ont été identifiées par les écogardes lors des inventaires de la biodiversité initié par la Communauté de Communes.

Les écogardes attentifs

Le cycle de ce papillon, complexe, associant plusieurs espèces, fragilise considérablement son développement que la moindre modification du milieu herbacé peut impacter dramatiquement. L’Azuré a disparu des Pays-Bas en 1964, puis d’Angleterre en 1979. En Belgique il est en voie d’extinction et inscrit sur la Liste rouge nationale des espèces menacées en France. Consciente du fort enjeu lié à la préservation d’un papillon si rare sur notre territoire, la CdC poursuit son investissement avec l’édition d’une notice de Gestion conservatoire des milieux favorables à l’Azuré du serpolet, élaborée en partenariat avec la commune de Rivedoux.

Sur la station du Défend, Yvan Sionneau responsable des écogardes présentait mi-mars, à l’occasion du lancement de la première phase de travaux, les différentes étapes d’intervention prévues jusqu’en 2027.

Alors qu’une machine spécialement conçue pour les défrichages en douceur commençait son circuit derrière lui, Yvan expliquait l’importance de minimiser l’impact au sol pour préparer la terre à accueillir le précieux insecte sur la station du Défend. Pour répondre aux critères techniques de l’opération, c’est Environnement 41 dans le Loir et Cher qui a été sollicité. L’entreprise en génie écologique est l’une des rares à proposer des méthodes et du matériel adaptés aux milieux sensibles.

L’objectif : limiter les passages et ainsi ne pas risquer d’écraser les précieuses fourmilières ni contraindre la floraison d’origan. La débroussailleuse poids plume récupère les déchets végétaux qui sont ensuite exportés vers une plateforme de compostage et valorisés.

Quand on songe au nombre d’espèces qu’il reste à découvrir à celles qui disparaissent avant d’avoir été répertoriées on se dit que l’Azuré (qui comme les ânes culotte à Saint-Martin pourrait devenir emblématique de Rivedoux) a de l’avenir dans un ciel pur !

Marie-Victoire Vergnaud