Fermeture du 120… bonne nouvelle, c’est pour mieux ouvrir « Léon Dit »
Le 120, un établissement mythique, ferme ses portes pour mieux les ré-ouvrir avec un concept original !
Le bar le 120, situé à Ars-en-Ré, est depuis ses débuts un lieu incontournable pour une partie de la population du nord de l’île, un des rares lieux aujourd’hui sur l’île à encore proposer une bonne partie de l’année des concerts mais surtout une ambiance chaleureuse, vivante et conviviale. Une rumeur a commencé à circuler avec l’automne, celle de la fermeture du 120…mais les « on dit » sont toujours à prendre avec des pincettes sur l’île…
En effet, c’est la fin du 120 sous la forme que nous avons pu apprécier jusqu’ici, mais c’est aussi le début d’une nouvelle aventure : « Léon Dit » Concept.
« Parce que, ici, c’est l’île de Ré et ça cause un peu tout le temps. Le nombre de fois où on a vendu, arrêté, monté un garage automobile, une station-service, divorcé… le nom nous a semblé évident » selon Gilles.
Un peu d’histoire
Gilles et Sophie, c’est une belle rencontre entre deux saisonniers des Portes dans les années 80. Assez vite, ils décident de s’installer sur l’île et d’ouvrir une brocante, à la Couarde d’abord, puis à Saint-Martin et enfin à Ars ou ils finissent par acheter en 1992 et poser leurs valises. La première boutique s’appelle « l’insolite » à l’emplacement de la galerie « Xinart » et assez vite cela devient le « Comme avant » à l’endroit que l’on connaît actuellement (en face du Super U).
En 2004, la brocante ne garde que l’esprit et la décoration pour devenir le « 20 », cave à vin, bar, resto, concerts… Une nouvelle aventure commence. En 2017, ils abandonnent la restauration et la partie « cave à vin » qui devient un magasin de location de vélos, c’est l’occasion de changer de nom et de devenir « Le 120 ». Les habitants du nord mais aussi les gens de passage et les jeunes en vacances auraient tellement d’histoires à raconter sur l’esprit du 120 et toutes les interactions que ce lieu a pu générer, un vrai bel espace de liberté, de rencontre et de culture disons le plutôt « alternatif ».
Une nouvelle histoire
« Léon Dit » concept store, sera avant tout un lieu d’exposition d’artistes avec de la peinture, de la sculpture, de la photo à l’intérieur et occasionnellement à l’extérieur. Il y aura aussi un salon de tatouage en partenariat avec Arnô Raposo, un espace boutique en attente de locataire, un peu de brocante et toujours un bar et des concerts occasionnels. La partie restauration, quant à elle, sera confiée en alternance à différents restaurateurs.
« Les galeries manquent de vie et d’entrain, de musique… donc ici on doit pouvoir se déplacer, boire un verre, rencontrer des gens, danser… Et il n’y a finalement pas tant d’endroits où l’on peut exposer simplement comme à Loix avec « Chevallier Gambette » », nous explique Sophie.
Le lieu sera ouvert six jours par semaine d’avril à la Toussaint (peut-être à Noël), mais seulement de 15h à 22h. Faudra- t-il compter sur la flexibilité de Gilles et Sophie ? Sophie répond avec son coeur :
« Bien sûr, quand l’ambiance sera bonne, nous tarderons un peu mais fermer plus tôt amènera aussi une autre clientèle. Nous souhaitons accentuer notre activité de journée, faire en sorte qu’il y ait toujours une vie, quelque chose d’intéressant. J’adore les jeunes mais on discute moins avec eux, on aimerait avoir davantage de 30/40 ans pour qu’il y ait plus d’interactions avec les gens et que cela redevienne plus convivial comme avant le Covid. Certains commencent à se plaindre que nous souhaitions fermer à 22h, je les comprends, l’île manque de lieux de nuit ».
La transition
Alors pourquoi avoir changé de concept, avons-nous envie de demander avant que Sophie ne réponde d’elle-même :
« On est de plus en plus embêtés avec les concerts, on manque de liberté. Dès 23h c’est tapage nocturne, on a eu une amende l’an passé. Il n’y a plus rien pour les jeunes, ou alors il faudrait que ce soit sans bruit et jusqu’à 23h, ce n’est pas possible, ils ne doivent pas avoir d’enfants ou de mémoire ces gens-là. Ici même quand on fait un seul concert par mois, quatre ou cinq plaintes ont plus de poids que les centaines de personnes qui s’amusent. Qui doit-on écouter ? L’île de Ré devient l’enfer pour faire des projets. On n’a quasiment jamais vu d’élus au 120, on n’a pas de soutien. On a l’impression d’être vu politiquement comme nuisibles et non pas considérés pour ce qu’on apporte au territoire. Certains nous voient comme un repaire mais l’habit ne fait pas le moine, ce sont des préjugés, on aimerait tellement que les gens qui parlent sans savoir viennent voir ce qui se passe ici mais beaucoup ont perdu le sens de la curiosité. Et pourtant le moindre lieu de vie est précieux à Ars. On devrait être soutenus ».
« On est du mauvais côté du périph » répond Gilles, sous-entendant que les commerces de ce côté de la route seraient moins considérés que ceux du centre bourg.
C’était mieux avant ?!
Ensemble, ils racontent les années 90 avec de la nostalgie, évoquant la dizaine de boîtes de nuit, les salles des fêtes qui proposaient de vraies animations comme celle de Saint- Clément-des-Baleines avec le Bal Bartel mais aussi des bars à concerts beaucoup plus libres et des feux sur la plage très souvent.
Sophie et Gilles concluent avec conviction : « Il y a de plus en plus de retraités d’année en année qui sont décideurs ou influents, maintenant on a peur dès qu’on organise quelque chose, l’évolution de l’île est très marquée. C’est dommage mais on continue de résister, j’aimerais que quelqu’un reprenne notre place mais il faut se battre tout le temps, c’est trop fatigant ! La simplicité serait de revendre ou de faire des lofts mais c’est aussi ce qui met l’île en péril. Faut-il que les gens soient réceptifs à ce genre de lieu pour qu’ils continuent d’exister ? ».
Rendez-vous donc à partir de début avril pour découvrir ce nouveau lieu et suivre son évolution. Espérons juste que les gens viendront découvrir et se faire une idée d’eux-mêmes avant de juger par les « ont dit » ou « Léon Dit ».
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