Une saison touristique estivale 2020 inespérée, des incertitudes fortes
Charentes Tourisme a publié ce 31 août une analyse de suivi de la fréquentation touristique dans les Charentes appuyée par les données issues du dispositif Flux Vision déployé par Orange
Ces données sont exprimées sur une base 100 représentant des volumes de nuitées dans les Charentes (marchandes/non marchandes) de clientèles françaises et internationales jusqu’au 21 août. Ces contenus sont complétés par une étude de conjoncture réalisée auprès de 446 professionnels du tourisme des Charentes répondants (sur 1800 interrogés).
L’impact du Covid sur la filière touristique des Charentes extrêmement fort depuis le début de l’année s’est atténué au fil de la saison estivale, à partir de juillet sans contre balancer les pertes des mois précédents : les mois perdus (avril à juin) ne seront jamais rattrapés.
Des nuitées touristiques stables sur la saison estivale
Les Nuitées touristiques totales entre le 1er janvier et le 21 août ont diminué de -25% par rapport à 2019 sur la même période. Après un mois de juin décevant, la baisse a été de -5% en juillet 2020, encore en deçà des fréquentations totales (France et internationale) par rapport à juillet 2019, tandis que le mois d’août (1er au 21) a enregistré +5% par rapport à 2019.
81% des professionnels interrogés se montrent satisfaits de leur activité en août 2020 et sur la période estivale 2020 les nuitées touristiques globales (France/étrangers) sont stables par rapport à 2019.
Pour la clientèle française, la destination progresse de 10% par rapport à 2019 et les professionnels ont relevé l’impact médiatique de l’annonce de l’opération « Bons Infiniment Charentes » à 100 euros comme levier positif sur leur activité. Les clientèles françaises sont de proximité, mais viennent aussi d’île de France et du Pays de la Loire. Un net redémarrage de la fréquentation française a été constaté dès juillet 2020, avec une augmentation des nuitées touristiques françaises de +5% à l’échelle des Charentes par rapport à juillet 2019, de +10% en août.
Même si elles ont été soutenues par certains marchés européens : Belgique, Pays-Bas, Allemagne, les clientèles étrangères ont fortement diminué en cette saison estivale 2020, versus 2019 : -30% (juillet -30% et août -25%)
On observe de fortes disparités entre nationalités : la clientèle belge est plus importante en 2020 qu’en 2019 (+15% en Charente-Maritime), tandis que les clientèles néerlandaise et allemande ont baissé de -10 à -15%. Le retour progressif des Britanniques observé depuis la levée de la quatorzaine le 6 juillet et la réouverture de lignes aériennes, avec un niveau encore faible (-40 % en juillet), s’est tari avec le retour à la quatorzaine annoncée le 14 août (-45%).
Des disparités selon les territoires
Les professionnels des territoires intérieurs sont ceux qui affichent des résultats en termes de fréquentation française les plus positifs : 62% déclarent une fréquentation en hausse contre 45% pour ceux du littoral ou de l’insulaire. 76% des hébergeurs des Charentes déclarent un taux d’occupation au ¾ ou complet en août (81% pour le littoral et 64% pour la zone intérieure). Cela atteint plus de 85% chez les hôteliers contre 56% pour les hôteliers de plein air. Sur les zones insulaires (Ré et Oléron), 84% des hébergeurs affichent un taux d’occupation complet au aux ¾ plein, contre 81% pour le littoral et 64% pour la zone intérieure.
Les activités de plein air privilégiées
Les professionnels ont constaté une bonne fréquentation des activités sportives et de loisirs et des activités de plein air (vélo, canoé, batellerie, randonnée, découverte de la nature…) qui s’explique aisément par moins de contraintes liées au respect des gestes barrière pour des activités dans des espaces extérieurs, mais également par une météo favorable.
Perspectives
Une incertitude sur les réservations à venir concerne l’après saison. 29% déclarent des réservations à venir stable ou en hausse pour le mois de septembre et 23% pour les vacances de la Toussaint. 75% des professionnels du tourisme indiquent que la pratique des réservations d’ultra dernière minute est en hausse.
Les principales préoccupations des acteurs de la filière touristique portent sur l’instabilité liée à la crise sanitaire, qui engendre au jour le jour de nouvelles mesures auxquelles il faut s’adapter très vite. Les professionnels sont particulièrement inquiets pour la reprise des activités de groupe (très impactée, coup de frein sur les clientèles scolaires non reportables et séniors) et du tourisme d’affaires, dont les tendances sont déjà très mauvaises depuis le début de la crise, notamment à cause de l’interdiction des évènements de plus de 5000 personnes, prolongée au 30 octobre.
4 questions à Stéphane Villain
Ré à la Hune : Globalement, que va donner l’ensemble de la saison touristique ?
Stéphane Villain : Selon tous les grands sites que nous avons rencontrés dernièrement : Zoo de la Palmyre, Paléosite, Aquarium de La Rochelle, Phare des Baleines, Train des Mouettes, Abbaye de Fontdouce… on sera sur l’ensemble de la saison à 70% d’une année normale, grâce à une très bonne saison estivale. Le tourisme pèse habituellement pour 1,8 milliard d’€ en Charente- Maritime, on sera donc cette année autour de 1,2 milliard d’€.
Est-ce une surprise ? C’est quasi inespéré. Qui aurait cru cela en pleine crise du Covid, en plein confinement ? Oui, l’été a été bon et même très bon. Le Covid n’a pas été trop agressif sur notre territoire, l’opération « Bons Plans » a généré de très fortes retombées médiatiques, enfin 9 millions de Français qui d’habitude partent à l’étranger sont restés dans l’hexagone. Le Tour de France va permettre de prolonger en beauté la saison.
Comment s’est comportée la consommation ? Elle a été au rendez-vous, les vacanciers ont plus consommé que d’habitude, on a eu une belle clientèle CSP+, qui a plus consommé. Quant aux 95 000 résidents secondaires, ils sont de plus en plus souvent présents dans l’année : il y a 10 ans ils étaient là en moyenne 80 jours par an, l’an passé ils ont été là 100 jours, on devrait passer cette année 2020 à 110 jours. Ceux qui étaient là pendant le confinement sont restés en juin…
Etes-vous malgré tout inquiet pour la suite ? J’ai un léger sourire en cette fin août. Je suis content de cette saison et les « Bons d’achat » ont fait un carton. Mais les professionnels vont devoir rembourser leur PGE (Prêt garantis par l’Etat) et on ne rattrapera pas les 3 mois d’avant-saison perdus…
Propos recueillis par Nathalie Vauchez
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