Un été avec les écogardes plein de surprises

Ce vendredi 2 août, Soraya et Adrien, tous deux écogardes de l’île de Ré, avaient donné rendez-vous à une dizaine de personnes sur le parking de la plage de Couny, dans les bois du Lizay. « On va très peu parler », annonce Soraya aux participants, tout en leur distribuant des masques destinés à… leur bander les yeux ! « En vous privant de la vue, nous allons faire travailler tous les autres sens et vous inciter à ressentir la forêt différemment. »

Accrochée à une corde, la troupe s’élance à la queue leu-leu, d’abord à l’assaut de la dune. Les premières peurs face à l’inconnu passées, et rassurés par la voix et les gestes de leurs deux guides, les participants retrouvent peu à peu confiance. La file indienne pénètre alors dans les bois et se laisse aller à l’odeur des pins, le bruit du ressac ou celui des aiguilles de pin craquant à chaque pas. En silence, chacun progresse, oreilles et mains tendues vers l’invisible, dans l’attente d’un son, d’une odeur ou d’un tronc à effleurer sur son passage.

« Les yeux fermés, tout a plus d’importance »

« C’est étrange cette sensation sous les pieds », tente de nous décrire Marie, venue de La Flotte pour participer à cette expérience. « C’est un peu perturbant de ne pas voir mais on ressent beaucoup plus les éléments de la nature, notamment le sol. Je sens chaque branche sur laquelle je marche, ou quand il y a du sable ou de la mousse. J’entends beaucoup le vent et la mer aussi. Quand on marche les yeux ouverts on n’est pas du tout attentif à tout ça ! Et là, les yeux fermés, tout a plus d’importance je trouve. »

Pendant 1h30 Soraya et Adrien ont ainsi laissé les participants savourer ce qu’offre la forêt. « C’est une visite qu’on fait en général une fois par an, dans différentes communes et dans différents lieux, afin que les gens puissent découvrir la nature avec d’autres sens que la vue », explique Soraya Lajili, écogarde en charge de l’éducation à l’environnement. « Souvent on est très focalisé sur ce qu’on voit et on entend moins, on n’utilise pas le toucher non plus. Et c’est dommage. Cela permet aussi aux gens de se rendre compte de l’espace et comment il est organisé. Ils prennent conscience de leur corps dans la nature ».

Quand l’heure d’enlever les bandeaux sonne enfin, Soraya en profite pour faire découvrir la tortule, une mousse particulière aux sous-bois rétais qu’une des participantes avait prise, les yeux bandés, pour des algues spongieuses sous ses pieds. « Regardez, quand on l’arrose, la mousse s’ouvre, elle grossit et redevient verte. Vous pouvez toucher, sentez comme elle est douce. » Avec les écogardes de l’île de ré, la tortule, comme les balades dans les bois, se découvrent avec tous les sens !