Sous les pavés, des tensions
A Saint-Martin le quotidien ne coule pas toujours de source. Faux débats ou vrais sujets ?
Là une sculpture sur le port, ailleurs des arbres non replantés… Peu en chaut aux estivants, s’arrêtant parfois devant la silhouette calcinée du restaurant La Marine avant de reprendre leur déambulation tranquille. Mais autant de sujets de discussion pour les Martinais et de questions à gérer pour la municipalité.
L’ours de la polémique
Il fait le bonheur des touristes, ravis de faire un selfie devant l’oeuvre du sculpteur animalier Michel Bassompierre. Campé sur les hauteurs des remparts du côté de l’aire de carénage, l’ours plantureux est au centre d’un débat houleux, tout comme l’autre sculpture posée devant la galerie PromenArts, dont tout est parti.
Rappelons qu’à l’origine, cette exposition hors les murs était prévue sur le port. Le Département ayant refusé, elle a été retardée et finalement installée sur le territoire communal, avec l’autorisation de M. le Maire. « Nous avons refusé car aucune autorisation n’avait été demandée. C’est même la Mairie qui nous a informés de cette exposition », s’insurge la Conseillère départementale Véronique Richez-Lerouge. « Toute occupation du domaine public exige une autorisation », rappelle-t-elle fermement, ajoutant que puisque PromenArts est une entreprise, il aurait fallu de plus « faire un appel d’offres » car « une autre galerie aurait très bien pu se porter candidate ». Bon d’accord, mais l’exposition ayant finalement été installée sur le territoire communal, tout va bien ? Non car ces deux sculptures sont, au moins pour partie, toujours sur le territoire portuaire. D’où une lettre d’astreinte exigeant leur retrait sous un délai d’un mois, sous peine d’amende de 100 /m² et par jour, à dater du 1er juillet. Sera-t-elle appliquée ? « Oui j’y veillerai », affirme Véronique Richez- Lerouge, s’interrogeant par ailleurs sur la nature de cette polémique.
Qu’en pense le Maire de Saint-Martin Patrice Déchelette ? « Je le reconnais, je me suis trompé de cinq mètres mais franchement ! », s’exclame l’élu avant de soupirer. L’amende ? « Alors là j’ai clairement dit à Patrick Poireau (fondateur des galeries PromenArts) de me l’amener s’il la reçoit ! ». Le sujet est loin d’être clos, même si notre nounours n’en a cure…
Des arbres sinon…
Par courrier de l’avocat de l’association Vauban Fortifications représentée par sa Présidente Lucette Noviel, le Maire de Saint-Martin a reçu une mise en demeure de « replanter place de la République cinq arbres d’au moins 5 mètres de haut dans un délai d’un mois ». « Rien de moins ! », nous expose-t-il.
Il est vrai que l’abattage de deux arbres place de la République il y a deux ans avait ému nombre de Martinais. « Oui deux ont été abattus car ils étaient malades », affirme Patrice Déchelette, nous montrant des photos des souches. « Les trois autres, ce n’était pas sous mon mandat », précise-t-il avant de laisser libre cours à son exaspération. « Voilà une association qui demande des subventions pour fonctionner, nous accusant par ailleurs de ne pas faire notre travail sur la gestion du patrimoine, ce qui est faux, et elle que fait-elle pour les fortifications ! », s’insurge M. le Maire. « Au temps d’Yvonne Berriau, Présidente de l’association alors nommée Amis des Fortifications, il y avait des opérations de débroussaillage le dimanche matin », raconte l’élu. « Je m’en rappelle, j’y participais et j’étais alors Conseiller municipal ». « Aujourd’hui plus rien, à part des animations payantes au chapeau », conclut-il.
Mais alors ces arbres, seront-ils replantés ? « Oui », affirme Patrice Déchelette. Mais l’opération devra attendre la réalisation d’un projet qui lui est cher : la renaissance d’un kiosque à musique place de la République. « Nous travaillons depuis deux ans avec le cabinet Philippe Villeneuve sur un diagnostic complet des fortifications mais aussi sur ce projet », expliquet- il, nous montrant des documents signés. « Nous avons l’autorisation pour le kiosque, sous réserve de la reconfiguration de la place ». La question des arbres sera donc de la partie.
Interrogée, Mme Lucette Noviel balaie ces arguments d’un revers de voix. « Oui il y a eu mise en demeure », confirmet- elle, « la place de la République est un site boisé classé. On ne peut abattre des arbres sans permission et dans tous les cas il doit y avoir replantation. Résultat, il y a eu aussi dépose de pavés anciens avant de bétonner pour faire des places de parking », énonce-t-elle. Sur la réponse du Maire sur la reconfiguration de la place, Mme Noviel la considère « à côté de la plaque » et elle entend poursuivre l’action.
Du port aux hauteurs de Saint-Martin, voilà donc où nous en sommes. Dans son bureau, M. le Maire préfère conclure sur une note positive. Tant annoncés, les travaux de La Poudrière*, autre élément patrimonial, sont enfin à l’horizon pour un budget de 450 000 €, sur lequel la municipalité recevra 92 K€ du Département et 177 K€ de la DRAC. Une aide que l’élu espère voir se renforcer avec la souscription lancée avec la Fondation du Patrimoine, dont la convention a été signée il y a quelques jours. « Nous l’avons déjà fait une fois, pour le musée », rappelle Patrice Déchelette. En attendant, l’ouverture des plis des entreprises ayant répondu à l’appel de marché public seront ouverts cette semaine.
*Lire notre article du 6 juillet 2023 : www.realahune.fr/les-fortifications-vaubanhonorees/
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