Patrick Salez propose un scénario pour le parc éolien

L’élu minoritaire flottais et communautaire est l’un des rares acteurs du territoire, avec l’association Ré Avenir, à se prononcer favorablement à un projet éolien au large de nos côtes. Ainsi a-t-il rendu un avis sur le site de la CNDP intitulé « Un scénario audacieux pour le climat, raisonnable dans son impact local, sous conditions économiques ».
Nous vous livrons sa proposition et son analyse.
« L’opportunité globale de l’éolien off-shore est évidente »
« Les scénarios RTE 2050 et la feuille de route du Président Macron nous ont montré qu’une trajectoire de mix énergétique nucléaire-renouvelable faisant une large place à l’éolien off- shore était la plus réaliste et la moins coûteuse pour répondre à l’urgence climatique et à l’augmentation de la consommation électrique. L’Espace Sud-Atlantique et l’île de Ré doivent apporter leur part à cette trajectoire, par esprit de solidarité et en songeant aux dégâts récurrents et aux risques croissants dus aux submersions et à l’érosion marines. »
« Un scénario raisonnable et technologiquement évolutif »
« Je propose un parc posé d’une puissance d’1 GW, étendu sur une superficie de 100 à 120 km2. Il sera localisé à l’Ouest de la macrozone de 743 m2, au large de la limite des 20 milles nau- tiques (environ 37 km) et en deçà de la ligne des 70 m de profondeur des fonds marins. Il se situera à la fois en dehors de la zone d’action autorisée de la petite pêche côtière (80% de la flottille locale), du Parc Naturel Marin et de la zone Natura 2000 Habitats. Son impact visuel à une telle distance des côtes sera limité. Ce scénario, élaboré lors de la réunion du 14 janvier, a été repris par la CNDP en tant que scénario n°3 mais corrigé en plaçant le parc à la même latitude que la macrozone. La prise en compte par l’opérateur des principales avancées technologiques est garantie par le «permis à caractéristiques variables» de la procédure.
L’impact lumineux sera nul puisque le plan d’action gouvernemental issu de la loi «climat et résilience» généralise l’orientation des signaux lumineux vers le ciel. Concernant les risques de pollution sonore, un plan de bridage (avec mise à l’arrêt éventuelle) est également prévu par le plan d’action en cas de dépassement des seuils autorisés. Le parc sera entièrement recyclable, le plan d’action portant une telle exigence à 95% et les avancées technologiques garantissant un recyclage à 100% à l’horizon 2024. Le démantèlement sera à la charge de l’opérateur, l’Etat s’y étant engagé. »
« Un scénario à impact local limité et forte acceptabilité sociale »
« Ce scénario, situant le parc hors de la zone de pêche artisanale, est acceptable par les Comités régional et départemental des pêches mais ne satisfera pas les pêcheurs ligériens actifs dans cette zone. Il semble cependant naturel de privilégier les professionnels issus de notre Façade Sud-Atlantique. Pour les poissons et crustacés, les effets ont principalement lieu durant les travaux de construction : il faudra réduire la durée d’assemblage sur place et phaser les travaux en fonction du cycle biologique des espèces. Les effets positifs (récif et réserve) induits par l’artificialisation dureront, eux, pendant toute l’exploitation. Ce parc répond aux exigences des plaisanciers car situé de 10 à 12 milles des côtes, laissant un libre passage entre les installations et le profil côtier. L’opérateur mettra en place un balisage de qualité.
Le parc éolien se situant hors du Parc Naturel Marin et de la zone Natura 2000 Habitats, la plupart des revendications des associations environnementales sont satisfaites. Des atteintes à la biodiversité marine restent possibles (les études locales manquent à ce sujet) mais je fais confiance à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) qui donnera un «avis conforme» et à l’Autorité Environnementale pour imposer quelques conditions relatives à la séquence ERC (Eviter, Réduire, Compenser). Concernant l’avifaune, les risques de collision identifiés dans la zone sont faibles en hiver et un peu plus élevés en été. La LPO reconnaît un manque de connaissances sur les déplacements des oiseaux dans les couloirs de migration et le chiffrage de mortalité est impossible à réaliser hors expérience réelle en zone d’implantation. L’opérateur adaptera le positionnement et l’écartement des éoliennes aux trajectoires de migration et s’engagera à mettre les pales à l’arrêt durant les périodes de migration. Des technologies sophistiquées de réduction des risques, telles que systèmes de détection et effaroucheurs, seront utilisées.
Ce scénario est donc porteur d’une forte acceptabilité sociale à laquelle l’Etat devrait être sensible. »
« Un scénario soumis à des conditions économiques »
« Les choix relatifs aux coûts ne peuvent pas être laissés à la seule appréciation des stratégies industrielles et financières des consortiums privés mais relèvent au contraire de la maîtrise publique. La question se pose, pour notre scénario plus éloigné des côtes qu’initialement envisagé, de la répartition des surcoûts entre Etat, opérateur et consommateurs. Il faudra analyser les effets du parc sur la facture énergétique des ménages et s’assurer que ceux-ci n’accentuent pas la précarité énergétique. Ma première condition est donc que le surcoût de ce parc n’entraîne pas d’augmentation du prix pour les consommateurs. Signalons que ce scénario diminuera les externalités négatives en termes de coûts et de délais de recours juridique, du fait de sa meilleure acceptabilité sociale. Ma seconde condition concerne la répartition des taxes acquittées par le parc en zone ZEE (au-delà des 12 milles nautiques), revue chaque année dans la loi budgétaire. Elles devront largement bénéficier aux professionnels de la pêche pour leur permettre de financer des campagnes de repeuplement et leur assurer d’éventuelles compensations financières. Les collectivités territoriales devront en bénéficier également pour faciliter l’intégration du parc dans leurs projets de territoire.
NB : Je ne me prononce pas ici sur la localisation et les caractéristiques précises d’un second parc. Il n’est pas prévu de CNDP pour celui-ci mais il est nécessaire qu’une concertation publique spécifique soit mise en œuvre et c’est lors de celle-ci que je me prononcerai. »
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