- Loisirs
- Lieu de vie et d'animation artistique et culturelle
La Java des Baleines à la croisée des chemins
L’aventure de La Java des Baleines a réellement débuté en février 2018, lorsque que François Pécheux, Jonathan Odet, Ronan Brient, Frédéric Inyzant et Emmanuel Journel (dit « Mouche ») se sont réunis autour d’un projet de guinguette, dans le Nord de l’île de Ré.
L’idée trottait dans la tête de certains d’entre eux depuis quelque temps, tout comme dans celle de Marie Journel (dite « Marie La Bohème »), directrice artistique d’Ophidie Circus.
Amoureux de l’île de Ré, déjà expérimentés dans la création de guinguettes avec La Guinguette effervescente La Javelle à Paris pour les uns, La Guinguette de Tours sur Loire pour les autres, la bande de copains voulait faire bouger le Nord de l’île de Ré comme l’explique « Mouche » impliqué dès le départ dans le projet grâce à Marie, elle même absente de l’île au moment où le projet se lance : « Ré se désosse de sa vie et de ses jeunes, nous voulions redonner un sens culturel intéressant à un village loin de tout ».
Une programmation artistique et culturelle ambitieuse
Après s’être mis d’accord sur un projet les cinq hommes ont déposé un dossier auprès de toutes les Mairies du Nord de l’île. Seule la Commune de Saint- Clément des Baleines répond favorablement pour accueillir la guinguette La Java des Baleines sur le terre-plein du Moulin Rouge, qui traditionnellement héberge les chapiteaux de cirque… La SARL ÔPS (3ème oeil grec) étant constituée par quatre des compères d’origine, elle contractualise avec la Mairie pour un bail d’un montant de 8000 € pour la saison. La Java des Baleines peut monter son élégant chapiteau blanc et bordeaux et démarrer son activité dès mars 2018.
Dès la première année, le succès est au rendez-vous, le public venant de tout le Nord de l’île grâce à une programmation culturelle, artistique et d’animations de qualité. La guinguette de Tours, actionnaire dans ÔPS via sa société Kwanti, absorbe la dette, l’équilibre financier voire les bénéfices devant être trouvés d’ici à cinq ans.
Pour cette seconde année qui s’est achevée en septembre 2019, la créativité de Jonathan, directeur artistique et culturel, a permis de créer une offre qualitative et attractive. L’association Label Oyat, dont le bureau n’est constitué que de Rétais, a été créée afin de promouvoir la création artistique locale et pouvoir prétendre à des subventions. Cette année, trois résidences artistiques ont ainsi été organisées, dont l’une avec Ophidie Circus qui a proposé deux soirées cabaret et une autre avec un artiste belge, Bérenger Michet.
Ainsi Label Oyat gère la partie artistique et La Java des Baleines met à disposition le lieu, techniquement et culturellement. Une vraie fonction de programmatrice musicale, confiée à Aurélie Bérard – la femme de Jonathan – a été créée en cette seconde année, ainsi que celle de coordinatrice générale tenue par Bérénice Quéret.
Un lieu de vie festif
Au-delà des spectacles, La Java des Baleines est un lieu de vie festif, proposant moult activités en journée et en soirée : dix ateliers de Pilates, de yoga, de relaxation, d’arts plastiques, d’écriture poétique… ou encore de théâtre ont été proposés, aux enfants et adultes mélangés, ainsi que dix stages de cirque organisés par Ophidie Circus auxquels ont participé soixante-dix enfants, un bon début.
Le parc de jeux en bois géants, entièrement clos pour sécuriser les enfants et rassurer les parents, a été fréquenté par environ cinq mille enfants sur toute la saison.
Côté spectacles, le bilan est édifiant, avec trente-deux concerts, six spectacles de théâtre et arts de la rue, quatorze spectacles pour les enfants animés par l’idole des jeunes Rétais et vacanciers, Donin accompagné de sa troupe, douze scènes ouvertes avec une petite dizaine de musiciens/artistes à chaque fois et deux initiations de danse lindy-hop.
La Java s’intègre pleinement au territoire en créant des partenariats avec des animations culturelles locales phares, telle Jazz au Phare pour sa soirée d’ouverture, Donin pour ses spectacles enfants ou encore l’association Café Blanc pour un concert de musique hindie…
Le marché « La Java des artistes », a réuni une vingtaine d’artistes locaux de toutes disciplines artistiques : photo, peintre, sculpture, gravure… Elle a aussi accueilli des institutions et associations locales : l’école de la Couarde pour son spectacle de fin d’année, l’association de danse hip-hop Contem’plum, Ré-astronomie pour les 70 ans de la Mission Apollo, l’Apporte-bonheur pour son Marché du bonheur et son marché du troc, des brocantes…
Des projets ont été organisés avec les habitants : huit interventions histoires locales, une bibliothèque participative, des tournois de palets, de pétanque… Si l’avant-saison est très calme sur le Nord de l’île, la fréquentation journalière a cette année oscillé entre cent personnes par jour en basse saison à mille personnes par jour au coeur de l’été, avec quelques pics entre mille et deux mille personnes.
Pérenniser un projet enthousiaste
Si La Java des Baleines ne sait pas de quoi demain sera fait en cette année d’élections municipales (à Saint- Clément le maire sortant, Gilles Duval, ne se représente pas), elle ne manque ni d’idées ni d’enthousiasme. Elle aimerait en troisième année – qui ne démarrera au mieux que fin mai, et encore si la nouvelle équipe d’élus issue des urnes accepte de mettre La Java à l’ordre du jour de son premier Conseil municipal – créer une liaison forte entre le site de La Java et le centre du village, « parent pauvre de l’île de Ré », afin de proposer de vraies activités aux enfants, adolescents et grand public en allant vers le village.
« L’idée est de créer des liaisons artistiques et culturelles entre deux mondes, de proposer des choses que l’on n’a pas déjà vues ailleurs, notre objectif n’est pas de gagner de l’argent, il faut juste ne pas en perdre à terme. Nous sommes suspendus aux résultats des Municipales, nous savons que si Lina Besnier est élue nous pourrons travailler en toute intelligence avec la mairie, pour cela nous avons besoin de pérenniser nos activités avec un bail de type 3-6-9 ans, qui nous permettrait de créer des réseaux eau et électricité pérennes, un parc de jeux à l’année pour les enfants. Nous avons pas mal d’opposants, qui nous attribuent des nuisances sonores ne venant pas toujours – loin s’en faut – de La Java mais d’évènements privés dans les marais, ou de jeunes qui festoient la nuit dans le village. Ceci dit, nous sommes très souples, adaptables et réactifs, nous pouvons revisiter notre programmation musicale pour qu’elle soit moins gênante pour les riverains, la vie festive a un prix moral à payer, dont nous sommes prêts à tenir compte. Evidemment sans dénaturer notre projet artistique et culturel » explique « Mouche », régisseur tout à la fois de La Java des Baleines et d’Ophidie Circus. « Nous aimerions continuer d’être un moteur de base pour les associations qui veulent créer, et par exemple relancer le marché des peintres… Aussi nous avons en tête un spectacle qui créerait un lien entre différentes associations rétaises, nous voulons travailler avec les associations environnementales et notre ambition serait de rayonner sur l’île autour de plusieurs sites rassembleurs. Nous voulons apporter de la vie et redonner un sens culturel intéressant à des villages isolés. Notre projet d’origine était de refaire vivre le port des Portes-en-Ré, nous aimerions aussi pourquoi pas monter une petite guinguette aux Portes… Nous avons en vue un très beau site au Goisil à La Couarde, mais qui ne serait pas disponible avant deux ou trois ans, c’est un rêve pour nous. Si nous ne trouvons pas de site pour nous accueillir en 2020, alors nous irons tenter l’aventure ailleurs, je suis assez attiré par exemple par Les Sables d’Olonne ».
On l’a bien compris, La Java des Baleines veut donner à l’île de Ré un visage plus festif et animé, dans le respect d’un cahier des charges artistique et culturel créatif de qualité, et dans les règles de l’art de l’identité sociale, associative et environnementale rétaises. L’île a la chance de bénéficier de l’expertise et des compétences d’une équipe intelligente, amoureuse de l’île de Ré, qui a des projets plein la tête et dont la recherche du profit n’est en aucun cas le but – certaines guinguettes ont malheureusement pris des tournures plus commerciales dénaturant par la même occasion leur projet culturel initial – il serait dommage de ne pas l’accueillir de façon pérenne sur un site adapté.
Souvent les élus se plaignent du dépeuplement de leur village, voilà un vrai projet de vie, de nature à dynamiser durablement la commune qui l’accueillera. Avis aux futurs maires et équipes municipales !
La Java des Baleine côté écologique
Un impact environnemental très faible : un espace de tri et un compost en lien avec le jardin d’un villageois, travail avec les artisans locaux et recyclage pour le mobilier, les décors, les jeux…, mutualisation des commandes avec des commerçants locaux, beaucoup de produits achetés en circuits courts, installation temporaire grâce au chapiteau qui permet de ne laisser aucune trace, système de filtration de l’eau par micro spiral, arrêt des flyers pour la communication générale, pas d’affichage sauvage…
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