Bilan de saison
NORD DE L’ÎLE DE RÉ
Soulagement pour certains, déception pour d’autres
Dans le nord de l’île comme sur tout le territoire rétais, les conditions météo lors du lancement de saison ont fait craindre le pire aux professionnels du tourisme. Dans la majorité des cas, le reste de la saison a largement rattrapé ces débuts balbutiants, notamment grâce à une clientèle étrangère en augmentation.
Les trombes d’eau des mois d’avril et mai ne sont aujourd’hui plus qu’un lointain souvenir dans le nord de l’île de Ré. Les professionnels qui ont bien voulu nous répondre en ce début novembre l’ont fait pour la plupart le sourire aux lèvres. À commencer par ceux du secteur de l’hébergement. Les campings qui auraient pu souffrir plus que les autres des conditions météo sont tous ravis de leur saison. Le camping Les Baleines à Saint-Clément par exemple, spécialisé dans les emplacements nus avec seulement 24 locatifs sur 173 emplacements, a affiché complet très rapidement. « Jusqu’au mois de juin bien sûr ça été très compliqué à cause de la météo », explique Élise Marot, l’adjointe de direction. « Mais contrairement au reste de la Charente- Maritime d’où nous avons des retours pas terribles concernant le mois de juillet, pour nous ça a bien repris dès le début des vacances. On a affiché complet de début juillet à fin août et on a vite rattrapé notre retard. On a même eu cent départs le jour de la fermeture le 21 septembre ! »
« Plus de peur que de mal »
« Plus de peur que de mal », c’est ainsi que Marina Ducharme résume la situation. La directrice de l’hôtel Le Sénéchal à Ars-en-Ré dit avoir craint le pire au printemps. « Ça se termine bien, mais c’est vrai qu’au début, entre la météo et les élections, on a eu bien peur. Surtout que depuis quelques années, il y a de moins en moins de réservations et beaucoup plus de dernières minutes. Un phénomène qui s’est confirmé cette année : en attendant le résultat des élections et que le temps s’améliore, les gens ne faisaient rien. Ça été stressant et difficile à gérer. Mais finalement les clients sont venus, et même le mois de juin a bien marché sur les week-ends. Dès le 10 juillet on a eu du monde régulièrement. La Toussaint a bien marché la deuxième semaine, pas la première, mais nous avons des réservations jusqu’au 11 novembre. Au final, c’est une bonne saison, » conclut Marina Ducharme.
Les étrangers au rendez-vous
Même bilan aux Portes-Ré. Le Concept, seul hôtel de la commune, a affiché complet tout l’été, tout comme le camping Le Phare, dédié uniquement à des locatifs haut de gamme. Tous parlent de la place prépondérante qu’a prise la clientèle étrangère. « Ça a été un peu dur à lancer début juillet, mais les Anglais sont arrivés et nous ont bien aidé à rattraper la saison » explique Morgane Lejeune, la responsable de l’hébergement au camping Le Phare. « Je dirais qu’on a eu à peu près 70 % de clients étrangers sur l’été, alors qu’on est habituellement plus sur du 50/50. » Un pourcentage également en hausse au camping Les Baleines, selon Élise Marot. « En 2024, on est à 50 % de clientèle étrangère, alors que l’année dernière on était à 40%. On l’a senti dès janvier sur les réservations, avec notamment les Allemands qui viennent en famille. »
Si la tendance est au beau fixe dans l’hébergement, certains établissements ont néanmoins dû opérer quelques modifications pour s’adapter à une demande en constante évolution. C’est le cas de l’hôtel Le Clocher à Ars, qui, afin d’inciter la clientèle à réserver malgré une météo incertaine, a fini par revoir ses conditions générales de vente. « C’est la première fois en quatorze ans que ça m’arrive », détaille Charline Duval, gérante de l’établissement. « Après un mauvais mois d’avril et face aux incertitudes côté météo, j’ai décidé d’assouplir les conditions d’annulation. Au final, la saison n’est pas mauvaise, mais ça a démarré très tardivement et on a eu du mal ensuite à récupérer ce qu’on n’a pas fait au printemps. Nous sommes un des rares hôtels familiaux de l’île et nous n’avons pas la force de frappe des gros groupes d’hôtellerie. »
Côté restauration en revanche, Le Clocher a très bien tourné, tout comme La Villa à Saint-Clément-des-Baleines, dont Charline Duval est également co-gérante. « Au Clocher comme à La Villa, on a moins souffert que d’autres restaurateurs », estime-t-elle. « On a une clientèle fidèle de locaux et de résidents secondaires. Les saisons se raccourcissent clairement, tout s’est joué sur la deuxième quinzaine de juillet et le mois d’août. Le début du mois de septembre a été correct et la Toussaint a très bien marché. Oui, globalement on est content. » Même son de cloche chez d’autres incontournables du nord de l’île, Le Café du Phare à Saint- Clément ou encore Le Commerce à Ars. Là encore, la présence en hausse des étrangers s‘est faite sentir. « On a eu encore plus d’étrangers que l’année dernière, oui. Des Anglais, Allemands, Belges, Hollandais », estime Christophe, le directeur du Commerce. « Nous avons besoin de tout le monde, mais heureusement qu’ils étaient là ! Au final nous n’avons pas été trop impacté par la météo et c’est une saison plutôt bonne, » complète-t-il.
Les loueurs de vélo, plus sensibles à la météo, semblent quant à eux avoir vécu une saison plus compliquée. Si Beach Bikes à Loix affirme avoir réalisé une très bonne saison, ce n’est pas le cas de Cyclo Loix ou encore de Christophe Dessables, gérant de deux magasins Cycland à Arsen- Ré. Ce dernier déplore une saison très mitigée. « En avril, juin et septembre, j’ai fait les pires trois mois de mes dix années d’activité », dit-il. « Heureusement, ce n’est pas non plus la pire saison que j’ai connue, grâce au mois d’août qui a été excellent. »
Aurélie Bérard
INTERVIEW – BRUNO ETIEMBRE
Croisières Interîles en légère progression
Les bateaux reliant Saint-Martin de Ré à l’île d’Aix, en passant par Fort Boyard et pour certains d’entre eux par le port de La Rochelle, sont en activité de début avril au 25 septembre. Le directeur commercial Bruno Etiembre nous commente la saison.
Au départ de Saint-Martin de Ré, les Croisières interîles ont connu une saison légèrement meilleure que celle de 2023, mais en dents de scie. L’avant saison n’a pas été terrible, hormis le pont de l’Ascension qui regroupait cette année deux jours fériés et a bien dopé l’avant-saison. Juillet a mis du temps à démarrer, nous avons fait un très beau mois d’août et septembre a été un peu moins bon que la moyenne, du fait de la météo.
La fréquentation étrangère est globalement remontée, notamment les Allemands, Belges et Espagnols, pour retrouver son niveau d’avant- Covid, soit environ 15 % de la fréquentation totale.
Nous nous sommes fait la réflexion collective, avec d’autres sites et activités de loisirs, que si durant les années Covid et celes qui ont suivi la fréquentation en juillet avait explosé, on retrouve désormais celle d’avant 2018/2019 ; la fréquentation faible de ce mois de juillet 2024 rejoint celle de ces années-là, et on a plus d’étrangers.
La navette maritime île de Ré-La Rochelle a légèrement progressé en fréquentation (+ 1%) et en chiffre d’affaires (+ 4 %), elle s’inscrit de plus en plus dans le paysage. »
Propos recueillis par Nathalie Vauchez
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