Une levée de boucliers
Dans un courrier co-signé, daté du 15 février, et adressé à la Ministre du Tourisme, Sylvia Pinel, ainsi qu’aux parlementaires de toute la région et au Président de l’Assemblée des Départements de France, les Présidents des Conseils généraux et des Comités départementaux de tourisme de Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne réagissent vivement au projet de confier à la région le rôle de chef de file en matière de tourisme (voir l’article consacré aux réformes territoriales).
« Cette disposition, si elle se confirmait, serait synonyme de régression pour cette activité essentielle au développement économique et à l’équilibre de nos territoires, qu’ils soient littoraux, urbains ou ruraux. En effet, depuis la mise en oeuvre des premières lois de décentralisation, dès 1982, ce sont les Conseils généraux qui, en Poitou-Charentes, ont insufflé une dynamique d’investissements structurants à partir desquels le tourisme a connu une expansion sans précédent, lui conférant un rôle moteur sur tout l’espace régional ». Parmi les actions menées, ils citent les réseaux routiers, itinéraires cyclables, soutien massif et ciblé aux professionnels, aux communes et aux communautés de communes.
Confier à la Région le leadership « stopperait de facto cette capacité d’initiative des Départements ». Car « le tourisme est une activité si vaste et si complexe que chaque échelle territoriale peut et doit y trouver sa place. Le même projet de loi prévoit ainsi que les futures intercommunalités auraient la promotion du tourisme parmi leurs compétences obligatoires ». «
Aussi, considérant que le tourisme est un élément fondamental des politiques de solidarités territoriales et sociales et un levier d’aménagement, nous demandons que l’article 2 du projet de loi soit modifié, de sorte que :
1/ le tourisme soit conçu comme une compétence pleinement partagée, sans prééminence d’une échelle de collectivité sur une autre ;
2/ le chef de file ne soit pas imposé par la loi, mais discuté selon chaque réalité territoriale, dans le cadre du « pacte de gouvernance territoriale ».
Stéphane Villain et Olivier Amblard, Président et Directeur de Charente- Maritime Tourisme, rappellent que la Charente-Maritime pèse 85 % de l’économie touristique de Poitou- Charentes, et que ce serait une hérésie que de prétendre la piloter depuis Poitiers, loin des spécificités locales. D’autant qu’un énorme travail de référencement, de labellisation, d’accompagnement des professionnels est fait au quotidien par les équipes départementales, que la Région serait incapable de prendre en charge, selon eux.
Enfin, ils mettent en avant le problème majeur de « gouvernance territoriale » que cela sous-tend et de l’arbitrage qui pourrait être fait au niveau régional entre les départements et territoires, arbitrage qui pourrait pénaliser certains territoires (paradoxalement vu de la Région, le poids de la Charente- Maritime pourrait devenir un handicap, en focalisant les aides et accompagnements sur les autres départements moins bien lotis au plan touristique…).
La Commission tourisme de l’Association des Maires des grandes villes de France – qui ont récemment rencontré Sylvia Pinel – souhaite, elle, que l’on dissocie « la dimension aménagement du territoire » du tourisme qui peut justifier l’échelon régional de compétence, de « la dimension opérationnelle des politiques touristiques (commercialisation, promotion, positionnement marketing…) » qui doit être proche des territoires, des clientèles touristiques et des professionnels.
L’avenir des Comités départementaux se joue donc dans ce projet de loi, qui bouleverse les équilibres et pourrait se traduire par des pertes de compétences, donc de pouvoir mais aussi d’effectifs importantes dans les Départements.
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