Rhapsôidia, un concert qui s’inspire de rencontres avec les Rétais

Ré à la Hune : En quoi avait consisté cette résidence en juin 2022 ?

Kristof Hiriart : L’essence de ce projet Rhapsôidia était de partir à la découverte des territoires et des gens. C’est dans ce but que nous avons réalisé plusieurs résidences partout en France, dont une sur l’île de Ré en 2022. A chaque fois, les musiciens sont allés rencontrer des groupes de personnes pour échanger et jouer devant eux. On a rencontré des gens très différents, dans des endroits absolument pas dédiés, comme un service technique, une menuiserie, une banque, une poste, etc. Et à chaque fois, on prenait des notes pour collecter toutes sortes d’informations, qu’elles soient musicales, sociales, affectives, ou même politiques parfois. Ensuite, avec Jérémie Ternoy avec qui je co-dirige cet orchestre, on a transformé ces informations et on en a fait de la matière pour écrire un nouveau répertoire, Rhapsôidia.

Pourquoi ce nom ?

Comme un rhapsode, l’orchestre raconte une épopée fantastique. Plus précisément, il restitue son odyssée à travers tous ces territoires. Le projet repose sur un processus d’écriture original, en plusieurs étapes. L’épopée se construit, se raconte et l’objet final, Rhapsôidia, restitue. Musicalement parlant, l’orchestre est composé de douze musiciens, et nous venons tous d’univers très différents. Je dirais que Rhapsôidia est une musique avec une consonance jazz et contemporaine très forte, mais on y entend aussi des sources plus traditionnelles ou classiques. Et comme c’est électrique, elle prend parfois des consonances rock ! En tout cas, c’est une musique de création qui se distingue par sa liberté de jeu.

Ce spectacle a-t-il une visée sociétale ? Est-il conçu comme la photographie d’une époque ?

Oui on peut dire ça. Les textes font écho à ce que vivent tous ces gens que nous avons rencontrés, et il y en a eu des centaines ! Ils parlent de pouvoir, de mémoire, de souvenirs, de goût, ou encore d’urbanisme. Des sujets abordés lors de ces rencontres et qui font notre société d‘aujourd’hui. Et, en plus, à chaque représentation je fais un effort d’adaptation des textes pour coller au mieux aux enjeux des territoires. Notre rêve le plus ultime, c’est que chaque personne que nous avons croisée puisse se dire : « Tiens ! Là ils parlent de moi ! ». La rencontre, c’est vraiment l’essence de notre compagnie. On veut être au contact du public.

On sait que très peu de gens considèrent la culture de leur domaine. Mais la culture est dans chacun de nous et appartient à chacun de nous, il est important d’en remettre partout où il n’y en a pas.