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Louis et Claudette Gaucher : une vie dédiée au village !
Louis et Claudette Gaucher ont été pendant une trentaine d’années l’âme de l’école de la Noue. En tant qu’instituteurs, ils ont vu se succéder dans leurs salles de classe des dizaines d’enfants au cours de leur carrière. Mais bien plus que ça, le couple a aussi été moteur dans la vie associative du village et dans l’ouverture de ses habitants au monde extérieur, notamment avec son implication dans l’Amicale laïque des Chardons Bleus. Portrait d’une vie au coeur de la Noue.

Les années 50 à la Noue
C’est en 1950 que Louis Gaucher arrive à la Noue, qui compte alors 450 âmes. Sa femme, Claudette, le rejoint quelques mois plus tard, et c’est en tant que jeunes mariés qu’ils deviennent les deux instituteurs du village, qui aspire à reprendre une vie normale après la guerre.
Très vite, le couple s’intègre dans la vie du village, et notamment dans sa vie festive ! Louis et Claudette Gaucher font participer l’école aux Cavalcades de La Rochelle, en construisant, avec l’aide de tout le village, des chars toujours plus extravagants, et les costumes qui vont avec. Pendant des semaines, la Noue résonne alors des coups des marteaux et des bruits des machines à coudre, jusqu’à souvent tard dans la nuit.
Le jour J, c’était une véritable expédition qui prenait la route. Costumes et accessoires étaient acheminés à la Rochelle dans le camion aux asperges, et le char, démonté pour pouvoir être transporté par le bac, était remonté arrivé à bon port. Rebelote en sens inverse pour rentrer à la Noue une fois les festivités terminées. Pour faire plaisir aux plus anciens qui ne se déplaçaient plus, la parade était reproduite dans le village. Le cortège partait de Sainte Marie pour arriver à la Noue, sur la place du Casino, aujourd’hui place des Tilleuls. Et la fête, cette fois-ci, durait jusqu’à tard dans la nuit …
Les Chardons Bleus
Dans l’île de Ré d’après-guerre, la connaissance du monde restait encore limitée, les priorités étant, on le comprend, dans un quotidien à reconstruire. Malgré tout, les habitants du village étaient demandeurs d’ouverture culturelle. C’est dans ce contexte et à partir d’une simple fête scolaire que l’envie d’une structure plus pérenne et aux actions plus larges que la Coopérative de l’école est née. Le 28 février 1959, le foyer culturel laïque des Chardons Bleus voit le jour, sous l’égide de son président Marcel Bouyer. Les années suivantes voient éclore de nombreuses activités éducatives et de loisirs, offertes aux enfants comme à leurs familles, grâce à une solide équipe de parents d’élèves. Claudette Gaucher se souvient notamment des nombreux voyages scolaires qu’elle a pu organiser avec son mari, et qui ont offert aux enfants l’occasion de découvrir l’Espagne, la Suisse, ou encore l’Italie.
C’est dans ces récits que l’on ne peut qu’apprécier la mémoire de Claudette Gaucher, qui se souvient jusqu’au nom de l’enfant ayant été malade à Venise et dont elle a pris grand soin le temps qu’il puisse à nouveau se déplacer, mais surtout qui lui a permis de rester une semaine de plus au soleil, en laissant le bus repartir vers l’île de Ré sans eux.
Les colonies de vacances
Avec le développement du tourisme sur l’île de Ré, les familles de la Noue voyaient leurs étés de plus en plus occupés. Et les enfants, une fois l’année scolaire terminée, se retrouvaient bien souvent désoeuvrés. L’idée germe alors dans les têtes de Louis et Claudette Gaucher d’organiser des colonies de vacances. Mais voilà : le couple part alors de zéro ! Après plusieurs mois de recherche, un partenariat fût convenu avec les Éclaireurs de France de Corrèze : le président de l’Amicale mettait à disposition des Éclaireurs sa clairière située aux Turpines, en échange d’une petite propriété à Combressol. Départ donc pour la Corrèze !
En 1967, la colonie de vacances change d’endroit et s’installe à Bars, en Dordogne, où elle est logée dans les locaux scolaires et la salle des fêtes du village, et ce, tous les étés jusque dans les années 80. Pendant ce temps, l’Amicale laïque se rêve d’un endroit bien à elle, où les enfants n’auraient pas à installer leur matériel tous les étés. C’est donc dans le Lot que l’association acquiert une propriété, entièrement couverte de ronces, pour y installer sa colonie de vacances rêvée. Mais la lourdeur des travaux finit par venir à bout de la motivation des bénévoles, et la propriété est revendue en 1985. Pas pour rien toutefois : l’argent est réinvesti directement dans un studio à Saint-Lary, dans les Pyrénées, où les membres de l’association peuvent en famille découvrir les joies de la montagne, été comme hiver. Et jusqu’à aujourd’hui encore !
Camping et activités
C’est au départ pour assurer un équilibre financier suffisant afin de permettre à tous les enfants de participer aux colonies de vacances à Combressol que l’association a l’idée ambitieuse d’ouvrir un terrain de camping sur l’île de Ré. C’est comme cela que le camping des Chardons Bleus, route de la Flotte, a été créé, jusqu’à devenir aujourd’hui le complexe de vacances que tout le monde connaît. Géré par des bénévoles, secondés au fil de son expansion par des salariés, le camping a été confié en gérance en 2015 au groupe Huttopia.
En 1982, l’ouverture du nouveau groupe scolaire fait bouger les lignes, et le foyer laïque de la Noue fusionne avec l’Amicale laïque de Sainte Marie, pour devenir l’Amicale laïque des Chardons Bleus, que nous connaissons tous encore aujourd’hui. Au fil des ans, les Chardons Bleus ont continué à se développer en parallèle de la gestion du camping et des colonies de vacances, en proposant toujours plus d’activités pour les enfants et les parents : danse, couture, voyages, sports en tous genres, … Claudette Gaucher, férue de découverte, voyage alors dans le monde entier pour s’initier aux danses folkloriques de nombreux pays, qu’elle revient ensuite apprendre aux adhérents de l’association. L’Amicale laïque a même conçu, plusieurs années de suite, des spectacles qui étaient joués devant les touristes et les Maritais à la belle saison. Aujourd’hui, l’association propose une dizaine d’ateliers, et Claudette Gaucher continue, d’ailleurs, de participer à certains d’entre eux !
Retrouvailles et hommage
Lundi 30 juin, Claudette Gaucher a pu retrouver quelques-uns de ses anciens élèves le temps d’une conférence-hommage qui lui été dédiée, ainsi qu’à son mari, disparu en 2016. Et si la phrase la plus prononcée dans l’assemblée était certainement « Alors, qu’est-ce que tu deviens depuis le temps ? », le plaisir de se retrouver était bien visible sur les visages de la soixantaine de personnes présentes. Au milieu du groupe, Claudette Gaucher, bon pied bon oeil du haut de ses 94 printemps, n’a pas boudé son plaisir elle non plus, ravie de se rappeler les dizaines d’anecdotes qu’elle a accumulées au cours de sa vie bien remplie passée près de l’école de la Noue.



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