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Les sauniers de l’île de Ré se tournent vers un label de commerce équitable
Une année 2021 record en termes de chiffre d’affaires, un début de saison 2022 exceptionnel, des équipes soudées, l’horizon s’est bien éclairci pour la Coopérative des Sauniers de l’île de Ré, même si plane toujours la menace des sels industriels. Donner de la visibilité aux méthodes ancestrales et vertueuses de récolte du sel de l’île de Ré et valoriser les produits sont les enjeux majeurs d’un métier de coeur.
A la suite de l’assemblée générale qui s’est tenue à huis clos au mois de juin, en présence du député, du président de la CdC et de la conseillère départementale, le président de la Coopérative des Sauniers, Nicolas Bécaud et le président de l’APSIR (Association des producteurs de sel de l’île de Ré) Louis Merlin, accompagnés de la saunière adhérente Michèle Jean-Bart, ont reçu Ré à la Hune dans les marais d’Ars-en-Ré*.
Une année 2021 exceptionnelle
Une nouvelle équipe a été élue en 2021 au conseil d’administration, Nicolas Bécaud succédant à Loïc Abisset à la présidence, un nouveau directeur Denis Pinoit a remplacé Dorothée Kendall, trois nouveaux adhérents ont rejoint la Coopérative et « les équipes ont tenu bon, tous les services ont relevé les défis et fait preuve d’une forte implication ». « 2021 a été une année exceptionnelle en termes commerciaux », explique d’emblée le président élu en 2021, « le contexte du Covid nous a permis de développer fortement nos ventes, notamment en grande distribution. 2522 tonnes de gros sel, 120 tonnes de fleur de sel, ce qui aboutit à un chiffre d’affaires de 4,37 M€ en augmentation de près de 20 % par rapport à l’année 2020. »
Les volumes vendus ont été un peu supérieurs à la récolte 2020, la politique de gestion de stock, tant pour le gros sel que pour la fleur de sel, vise à conserver trois ans au minimum de roulement, afin de pouvoir faire face à la succession éventuelle de trois mauvaises saisons et en lisser les conséquences pour les sauniers adhérents.
Parmi les facteurs expliquant cette forte progression figure le contrat en MDD (marque distributeur) avec LIDL, qui a impacté en année pleine les volumes de vente.
Valoriser les produits et se différencier
« Il nous faut maintenant garder nos volumes mais en valorisant davantage nos produits, afin d’augmenter nos marges. Nous allons chercher des marchés à forte valeur ajoutée, ceux du sel fin et de la fleur de sel, y compris à destination de l’agroalimentaire. Grâce à notre nouvelle ligne de transformation, nous pouvons calibrer la grosseur du grain de sel et ajuster son taux d’humidité, afin de livrer du sel sur-mesure, adapté aux besoins des industriels. ».
La marque « Les Sauniers de l’île de Ré » se répartit aujourd’hui notamment à 35 % entre le gros sel, 35 % la fleur de sel, 15 % le sel fin, 7 % le gros sel avec aromates.
« On peut aujourd’hui faire vivre un foyer avec le sel, ce qui n’a pas toujours été le cas. Depuis les années 1995, de nouveaux adhérents ont repris des exploitations, pallié le départ à la retraite des anciens, nous enregistrons une ou deux installations chaque année, il nous faut assurer un roulement continu d’exploitation, qui accompagne aussi le changement de génération. Les anciens du métier forment au moins pendant un an les nouveaux, qui s’impliquent aussi dans la coopérative », nous expliquent nos interlocuteurs.
IGP, label bio… et commerce équitable
Parmi les « dossiers » non encore aboutis, sur lesquel s l ’APSIR, présidée par Louis Merlin, est en première ligne et représente aussi les sauniers indépendants, figurent bien sûr l’IGP en cours d’instruction à la commission européenne concernée, après que le dossier ait été validé en France par l’INAO. La notion de densité de la fleur de sel a été introduite, la prochaine étape concerne la procédure européenne d’opposition.
« Concernant le label bio, une coordination étroite existe entre les producteurs de Ré, Guérande et Noirmoutier, avec des actions de communication et lobbying soutenues, dossier appuyé par la CdC, le Département, la Région, des députés, sénateurs et eurodéputés. Nous voulons un sel bio exigeant ou pas de sel bio, le danger étant que des sels industriels obtiennent aussi ce label, s’il est trop inclusif » explique Louis Merlin.
Point de convergence des souhaits de diversification, de valorisation et de meilleure visibilité des spécificités de production du sel artisanal et des valeurs ancestrales du métier, la recherche d’une labellisation « commerce équitable » a été plébiscitée par les adhérents lors de l’assemblée générale.
« Nous avons rencontré plusieurs labels de commerce équitable, l’un deux, français, a retenu plus particulièrement notre attention. Un audit sera mené cet été auprès des sauniers et à la coopérative, nous cochons toutes les cases sociales, économiques, environnementales, notre modèle de culture du sel par de petits producteurs est très vertueux, le plus vertueux de France, avec évidemment ceux de Guérande et Noirmoutier, nous espérons obtenir ce label dès début 2023. Il nous permettra d’accroître notre visibilité, notre valeur ajoutée et d’envisager plus sereinement l’avenir. » concluent Nicolas Bécaud et Louis Merlin.
En attendant, l’exceptionnel début de saison a permis, grâce à un ensoleillement continu au printemps, une récolte équivalente à près de la moitié d’une saison moyenne. Les trois mois d’été vont venir abonder celle-ci, l’année devrait être un très bon cru. De quoi se préparer avec confiance aux nouveaux défis que devra relever le métier.
*Les 3503 aires saunantes en production se situent pour moitié à Ars (51 %), Loix-La Couarde (24 %)
et Saint-Clément-Les Portes (25 %) se partageant équitablement l’autre moitié.
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