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Les exploitants d’Uniré engagés dans des démarches environnementales
Les Vignerons de l’île de Ré n’ont pas attendu la démarche HVE (Haute valeur environnementale) pour améliorer leurs pratiques culturales, avec notamment la mise en place innovante, à partir de 2011, de la méthode de la confusion sexuelle, alternative à l’utilisation de produits chimiques. Maraîchers et vignerons oeuvrent désormais tous pour qu’à horizon 2027 – voire 2025 – la coopérative Uniré soit labellisée HVE 3. Christelle Couty, responsable qualité, qui les accompagne, nous explique ce que recouvre cette certification.
La certification environnementale niveau 3, référentiel émanant du Ministère de l’Agriculture, est fondée sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l’irrigation. La démarche HVE a une approche globale, elle concerne tous les produits, mais aussi la production et toute l’exploitation.
La certification HVE 3 : objectif 100 % des exploitants Uniré en 2025
« Ce sont les Maisons de Cognac et le BNIC (interprofession du Cognac) qui exigent que tous nos viticulteurs obtiennent la double certification HVE 3 et référentiel de viticulture durable, soit le CEC (Certification Environnementale Cognac). Par ailleurs, les clients des pommes de terre AOP, GMS et particuliers, souhaitent aussi que nos maraichers soient HVE 3, niveau le plus abouti. Nous avons commencé en 2018 à envisager que tous nos adhérents s’y mettent et leur avons dispensé une information complète en 2019, en trois sessions, afin que tous commencent par faire un autodiagnostic de leur exploitation, avec la Chambre d’Agriculture. Le BNIC a donné comme échéance 2030. Pour qu’Uniré soit certifié HVE 3, il faut que tous les exploitants adhérents de la Coopérative soient au préalable certifiés » explique Christelle Couty.
« La HVE 3 est une approche cartographique de l’exploitation, déclinée sur quatre thèmes, il faut avoir dix points à chacune des quatre grilles d’évaluation. »
Premier thème, la biodiversité est étudiée au travers d’une cartographie de l’exploitation et des différentes parcelles : haies, arbres, murets, bordures tampon, embardement, etc, tout est relevé et traduit en équivalences, pour aboutir à une notation des infrastructures en agroécologie.
« La maîtrise phytosanitaire, second thème, se mesure notamment à travers un IFT (Indice de fréquence de traitement), critère sur lequel nos adhérents sont en deçà du seuil régional, mais est aussi examiné si l’exploitant diminue ses doses à chaque passage. On rentre pour chaque exploitant, dans un logiciel, toutes les informations de son cahier de cultures ce qui permet d’avoir la cartographie de chaque exploitation. S’ils sont engagés en Agriculture biologique, cela peut rapporter des points. De plus nos adhérents utilisent des méthodes alternatives, comme la confusion sexuelle, tout cela entre en compte. »
La fertilisation, troisième thème, est évaluée via le bilan azoté : « On calcule avec le logiciel leurs apports en azote. L’idée pour chaque exploitant est de bien analyser les besoins de la plante pour éviter de trop mettre de produit. Il existe un seuil à ne pas dépasser. »
L’irrigation, quatrième thème, « concerne assez peu les viticulteurs de l’île de Ré, qui contrairement à ceux du Sud-Est de la France, n’irriguent pas. Ce qui est évalué est l’apport d’eau en pommes de terre. Les maraîchers irriguent en avril/mai, donc avant l’été. Avant la période d’étiage, on n’épuise donc pas la nappe phréatique, et le produit ne nécessite pas beaucoup d’eau. Ce module est donc relativement facilement atteint pour nos exploitants. »
Certification Environnementale Cognac : pulvérisateurs confinés et aires de lavage
Le BNIC (Bureau national interprofessionnel du Cognac) a aussi fait son propre référentiel viticulture durable ou Certification Cognac, qui comporte deux spécificités. Tout d’abord, l’exploitant doit être équipé d’un pulvérisateur confiné avec panneaux récupérateurs, équipés de buses anti-dérives, évitant 90 % d’entre elles. « Ceci a été le point de blocage pour beaucoup d’exploitants, car nécessitant un investissement important de 40 à 45 K€, rentable seulement au-delà de 12 hectares exploités. Aujourd’hui dix exploitants sur trente-six apporteurs actifs à la Coopérative en sont équipés, l’objectif est que dans deux ans 68 % de la surface concernée en bénéficie. Uniré souhaite faire appel à un prestataire ayant l’agrément, afin que les exploitants de 4 ou même 7 ha puissent louer un pulvérisateur confiné. »
Seconde spécificité demandée par l’interprofession du Cognac : que les effluents phytosanitaires de fonds de cuve et eaux de lavage des machines à vendanger soient collectés et retraités. Les quatre aires de lavage installées au frais de la Coopérative – celle de La Couarde fonctionne depuis juillet dernier, celle d’Ars- Saint-Clément est en passe d’être opérationnelle en ce mois de février 2022, elle seront suivies de celles de Sainte-Marie (mars 2022) puis du Bois-Plage (septembre 2022) – et qui représentent un investissement conséquent de près d’un million d’€, permettent de répondre pleinement à cette exigence.
Evidemment les maraîchers ne sont concernés que par la HVE 3.
HVE 3 versus AB
Aujourd’hui Uniré compte cinq exploitations viticoles et maraîchères en HVE 3 et CEC, ainsi que deux maraîchers en HVE 3, ce qui au 5 janvier 2022 représentait 38 % des exploitants de pomme de terre et 30 % des vignerons (ayant la double certification). En 2022, cinq autres exploitations les rejoindront, en mars et novembre, l’objectif étant que 100 % des exploitations Uniré soient certifiées d’ici à 2025, afin qu’à son tour Uniré obtienne la certification.
L’accompagnement de la Coopérative auprès des ses adhérents est précieux, notamment pour le traitement des données et l’élaboration du dossier administratif, la démarche collective (les certifications sont demandées pour plusieurs exploitations en même temps) permet d’optimiser les coûts.
Face aux ardents défenseurs du Bio ou aux écologistes qui dénigrent parfois la démarche HVE, qui ne serait pas aussi poussée que celle de l’Agriculture Biologique, Christelle Couty explique : « Il ne s’agit pas du tout de la même approche, les deux sont complémentaires. La HVE concerne toute l’exploitation, l’AB concerne le produit. Cette dernière interdit l’utilisation de certains intrants, en HVE on doit limiter le plus possible la fréquence des traitements. En HVE aussi on prône des méthodes alternatives. Et on établit un bilan azoté, alors qu’en AB on ne doit pas dépasser un nombre d’unités d’azote à l’hectare et on utilise du soufre, du cuivre, des produits naturels fongiques. En AB on ne leur demande pas de collecter leurs effluents. Quelqu’un qui est en AB n’est pas en HVE, c’est complémentaire. »
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