Et si le cheval nous apprenait le savoir-être ?

Le poney qui murmure à l’oreille des enfants… on pourrait ainsi résumer la rencontre entre les élèves de CE2, CM1 et CM2 de l’école de Saint- Clément et le gentil Popeye, qui a aussi de nombreux fans du côté des résidents de l’EHPAD d’Ars. Les enfants étaient déjà venus à l’écurie mais cette fois, c’est Véronique Vigouroux qui s’est déplacée. Au programme, une séance de travail autour d’un thème essentiel : le consentement.

Présentations de rigueur

Dans la cour de l’école, Véronique commence par quelques explications : Popeye est un être à part entière, gentil mais pas un jouet et comme lors de toute première rencontre, il faut se présenter. Ce que font les enfants, avançant un à un vers le poney, la main tendue. On se regarde, on se renifle, on communique. « Seule une petite fille est restée à l’écart », raconte Véronique. Pour une raison toute simple, elle a peur, une peur qu’elle parviendra à vaincre en s’approchant mètre par mètre, jusqu’à faire comme ses petits camarades. Jolie victoire dont Popeye a le secret.

Viennent ensuite les questions de sécurité mais aussi d’intimité. Car oui, chez le cheval aussi, il faut éviter certains gestes et s’adapter à sa nature. Du cheval à l’humain, les enfants peuvent alors échanger sur leurs propres limites. Apprentissage du respect et de l’acceptation de l’Autre, un vrai sujet de société…

L’effet miroir

La relation entre homme et cheval remonte à la nuit des temps et si elle est aussi puissante, c’est sans aucun doute grâce aux qualités de cette animal singulier, à la fois très intelligent mais aussi particulièrement sensible et empathique, de récentes études ayant d’ailleurs montré ses capacités de décryptage de notre communication non verbale (langage corporel et expressions faciales). Ce que, reconnaissons-le, la plupart des humains ne savent pas faire. D’une franchise instinctive et tel un miroir, le cheval nous renvoie sans jugement ce que nous sommes et ressentons. Alors oui, il a beaucoup à nous apprendre… sur nous-mêmes.

Comprendre et gérer ses émotions

Peur, colère, joie, qui ne l’a pas expérimentée pour soi ou chez l’autre ? Nos ressentis intérieurs se diffusent à l’extérieur et face à un cheval, impossible de tricher. « Alors il faut prendre le temps de se nettoyer », souligne Véronique. La colère ? Il la ressent et nous la renvoie, idem pour la peur mais aussi pour le calme et la sérénité. Toutes ces émotions définissant son attitude à notre égard, il nous appartient donc de les reconnaître et de les maîtriser lorsqu’elles sont négatives. Une vraie leçon de sociabilité enrichie d’une opportunité de grandir et « à travers le cheval, on peut aller très loin avec les enfants », souligne Véronique, estimant qu’on doit apprendre à devenir des êtres humains comme on doit aussi apprendre à lire, écrire ou compter. « C’était formidable comme moment d’échange ! », se réjouit-elle, évoquant leur avoir raconté sa visite au centre pénitentiaire de Saint-Martin et la réflexion d’un détenu sur la nécessité de prendre soin des enfants. « C’était beau de les voir saisis et profondément touchés », conclut Véronique.

Le 27 mai prochain, les enfants reprendront le chemin de l’écurie. Ils assisteront à l’entraînement avant une découverte des métiers autour du cheval. « Nous reviendrons sur la question du consentement et des émotions avant une présentation avec Royal Vati et Prophets Pride », explique Véronique, annonçant aussi une demande de l’enseignante des Portes avec les élèves de la grande section de maternelle. Et elle entend bien ne pas s’arrêter là et proposer à toutes les école de l’île ce projet riche de sens, centré sur l’attention à l’autre et le respect des différences, puisque le cheval nous apprend que « ce que je fais aux autres, je le fais à moi-même ».

Traduit à hauteur d’enfant, cela donne le célèbre Un pour Tous, Tous pour Un propre à l’esprit chevaleresque. « Ils ont adoré et vont l’inscrire dans leur classe, c’est génial ! », conclut Véronique. Génial en effet et fort à propos aujourd’hui. Alors à quand des leçons d’humanité données par les enfants aux adultes ?