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D’une île à l’autre…Thomas Berti chausse ses bottes de 7 lieues entre Ré et Tromelin
Ce jeune Rétais a été recruté comme agent de l’Environnement pour contribuer à la préservation de la biodiversité dans l’océan Indien.
Au sein des îles Éparses, au nord de La Réunion, se trouve Tromelin. Ce confetti perdu constitue le plus petit territoire de France (à peine un kilomètre carré) et ne comporte aucune population permanente. Préservé de toute conquête humaine, ce récif corallien est un point d’observation privilégié du patrimoine maritime, au coeur des enjeux de la planète. Pour y accéder, Thomas a été convoyé par le « Marion Dufresne », navire propriété des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises). Une fois au large, le bateau est contraint de passer le relai à un hélicoptère embarqué, tant accoster y est compliqué. Ajoutons à cette présentation l’occurrence d’un climat hostile (forte salinité, vents violents, passage régulier de cyclones, recouvrement possible de l’île par les vagues pendant les houles cycloniques, etc.).
L’annonce à laquelle a répondu Thomas faisait valoir la capacité à s’adapter à la vie en zone isolée, et c’est au terme d’une batterie de tests qu’il a été sélectionné. Des examens médicaux et psychologiques comparables à ceux opérés pour intégrer des milieux confinés (sous-marin, navette spatiale), ouvrant la voie à un contrat d’un an pour deux fois trois mois sur site, entre Tromelin et Saint-Pierre ou siègent les bureaux administratifs des TAAF. Ils sont quatre à avoir investi pour la relève ce banc de sable presque nu : un chef de mission, un infirmier, un agent technique et Thomas en charge du suivi, de la protection et de la restauration de la biodiversité.
Motivation, endurance et mental en prérequis…
« Les deux jours de notre arrivée seront consacrés à la passation de poste avec les personnes actuellement en mission sur Tromelin (vérifier l’état de la piste, des bâtiments, poser éventuellement un nouveau générateur…). Psychologiquement, c’est extrêmement dur. Que je sois malade, blessé ou qu’un proche meurt, personne ne viendra me chercher. J’ai ouvertement demandé à mon entourage de ne pas m’annoncer de mauvaises nouvelles, l’isolement géographique des Terres Australes et Antarctiques Françaises rend impossible toute évacuation sanitaire rapide ».
Après deux semaines de formation à La Réunion, la rencontre avec ses homologues puis 22 heures de navigation, Thomas est enfin en poste ! Sa mission : étudier les espèces endémiques, celles indigènes arrivées naturellement par le fait de l’évolution climatique ou des courants marins… répertorier les colonies abondantes d’oiseaux marins protégés. « Fous masqués », « Fous à pieds rouges », « Gygis blanches », « Sternes fuligineuses », « Noddis à bec grêle », « Puffins du pacifique » y ont élu domicile, encouragés par l’absence de prédateurs. Reste encore à préserver la ponte des tortues marines, éradiquer d’éventuelles espèces exotiques envahissantes et être attentif au piétinement, eu égard à la fragilité des plantes malmenées par les vents (« Il y a très peu d’endroits sur l’île où il est possible de se déplacer librement sans risquer de modifier l’écosystème »).
Une passion née sur Ré : devenir responsable d’une réserve naturelle comme « Lilleau des Niges » aux Portes
« J’ai passé toute ma primaire sur l’île de Ré à La Couarde. Après, j’ai intégré Fénelon à La Rochelle pour passer classiquement et logiquement un Bac S. Ensuite j’ai suivi une formation en licence de Bio puis un Master en écologie à Perpignan ».
« C’est vraiment grâce à la LPO locale et l’environnement de l’île de Ré que je me suis formé à inventorier les oiseaux grâce à la vue, aux chants. J’ai appris à les baguer et aussi à observer les espèces marines. Une telle diversité m’a permis de faire mes armes très jeune, d’avancer dans ma passion sur une telle piste de jeu. Je suis infiniment reconnaissant à cette équipe qui a accompagné mon enthousiasme. Quand j’en parle à d’autres ornithologues, ils sont à l’écoute, même si le parallèle est léger par rapport à ce que je vais vivre. Mon expérience de terrain, avec plusieurs missions bénévoles et un service civique sur Ré, a sans doute été déterminante. Cela m’a conduit à construire une analyse dont je n’aurais pu me passer pour accéder à mes diplômes. »
« Mon poste est un peu particulier, le chef de mission, le technicien et l’infirmière travaillent en interdépendance, tandis que je suis le garant du respect de la vie sur ce site et de sa particularité, y compris auprès de mes collègues. Nous ne devons pas déranger la faune, ne pas casser la flore, veiller à ce que nous n’interférions pas dans sa vie dans la globalité… Nous venons tous de branches différentes et nos rapports s’adressent à des dirigeants différents des TAAF dont le code du travail est unique ».
« En moins de 48 heures, une quarantaine de personnes a débarqué sur l’île pour gérer la relève et d’un seul coup nous voici en autonomie totale ! J’ai conscience de vivre une aventure vraiment inédite ».
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