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Adieu l’artiste
«Il est parti d’une longue maladie», c’est par ce communiqué laconique que bon nombre d’entre nous avons appris la disparition du producteur et animateur de radio Jean-Louis Foulquier, créateur du festival des Francofolies de La Rochelle, décédé mardi 10 décembre 2013 à l’âge de 70 ans.
Né le 24 juin 1943 à La Rochelle, Jean-Louis Foulquier, fasciné par Léo Ferré, monte à Paris en 1965 pour réaliser sa vocation, devenir chanteur. Mais à défaut d’être chanteur, en animant sur France Inter, « Studio de nuit », « Saltimbanque », « Y a d’la chanson dans l’air », « Pollen », « les Copains d’abord », des émissions consacrées à la chanson française, il deviendra l’interlocuteur privilégié des artistes.
Vingt ans plus tard, du 10 au 14 juillet 1985, il réalise un rêve d’enfance en fondant dans sa ville natale les Francofolies. Un label qui deviendra célèbre dans le monde francophone.
Après deux infarctus, il décide de ralentir son rythme de vie pour se consacrer à des activités artistiques moins stressantes. Ainsi, en 2004, il tire sa révérence au terme de la 20e édition des Francofolies, et en 2008, après quarante-trois ans de collaboration, sur France Inter, ses fidèles auditeurs se retrouvent orphelins d’une voix qui leur était si familière. Jean-Louis Foulquier consacre désormais les dernières années de sa vie au cinéma (Les Mots pour le dire, le Démon de l’île), au petit écran, au théâtre (l’Histoire merveilleuse de Marco Polo, La Première Gorgée de bière) et beaucoup à la peinture.
La peinture, « ma reconversion »
Interviewé il y a de cela trois ou quatre ans, Jean-Louis Foulquier aimait à rappeler : « Je suis né à La Rochelle, mais j’ai été élevé dans cette île de Ré dont je connais tous les recoins. C’est surtout sur ce bout de terre que je me retrouve, dans ma maison de Rivedoux, point de départ de parties de pêches nocturnes avec son ami Néné, de parties de pétanque avec mes amis Rivedousais, une terre chargée de souvenirs, avec entre autres « ma petite madeleine à moi », le goût inimitable des asperges sauvages que me préparait ma grand’mère ».
Au début des années 2000, se remettant d’une intervention chirurgicale, Jean-Louis Foulquier, ne parvenant pas à trouver le sommeil feuillette un catalogue du peintre vendéen Chaissac surnommé « le Picasso du Bocage ». De là resurgissent des souvenirs vieux de 50 ans, et notamment celui de cette visite avec son père à ce peintre qui provoque en lui ce désir de peindre.
Et il peint, avec boulimie, mais n’en dit rien à personne. C’est son ami, le peintre Richard Texier qui un jour découvre son hobby caché. « J’ai regardé ses toiles, je ne lui ai rien dit, mais lors d’une interview à la radio, en sa présence, j’ai déclaré « Jean-Louis est peintre, mais il ne le sait pas ! ». Il faisait une peinture inspirée de l’art brut, une peinture urbaine, Jean-Louis était un homme des villes. Et comme je ne voulais pas que les choses en restent là, je l’ai poussé à peindre en lui faisant cadeau de châssis avec cet ordre : « maintenant, peins » ».
Ami de longue date et rivedousais comme lui au début des années 2000, Patrick Glineur, propriétaire de la galerie du même nom à Saint-Martin-de-Ré, n’ignorait pas que son ami peignait mais Jean-Louis Foulquier se refusait toujours à montrer ses toiles jusqu’au jour où lors d’un dîner, il y consentit. « Il nous a montré, avec Martine, on a aimé. Restait maintenant à le décider à exposer. Ce ne fut pas chose facile, mais en juillet 2007, Jean-Louis Foulquier révélait pour la toute première fois sa peinture au grand public. Il avait un trac phénoménal, et pourtant il avait autour de lui le miel du monde, avec même des annonces répétées de son exposition sur France Inter. Ce fut un énorme succès. En août 2009, la galerie l’honorait à nouveau, mais déjà sa peinture commençait à devenir un peu trop stéréotypée. On lui a conseillé de faire une pause de deux trois ans pour mieux rebondir après. Mais ce n’était pas dans ses intentions. Il est alors parti voir la concurrence, chez Promen’Arts, c’est de bonne guerre, et cela ne nous a pas empêché de rester amis ».
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