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Violences intrafamiliales : le département en 1re ligne

© Catherine Bréjat
Publié le 21/07/2020

Jeudi 16 juillet avait lieu, à la Préfecture de La Rochelle, la signature d’une convention concernant la création d’une cellule dédiée à la prise en charge des victimes de violences intraconjugales. La Charente-Maritime, innovant dans ce domaine, met tout en oeuvre pour tenter de faire disparaître ce fléau.

A la suite du Grenelle contre les violence conjugales, tenu en décembre dernier, et à la demande du ministère de l’Intérieur, la création d’une cellule dédiée à la prise en charge des victimes de violences conjugales a été décidée. Cette cellule à compétence départementale, agissant sous la présidence du Préfet, se réunira mensuellement. Elle a pour but de trouver des solutions rapides et de donner des moyens pour mieux lutter contre ces violences.

La cellule est composée de toutes les instances qui à un moment ou un autre interviennent dans les cas de violences intraconjugales : les associations Centre d’Information sur les Droits des Femmes (CIDF), Famille-Aide aux Victimes de Charente-Maritime, Association Enquête et Médiation (AEM) ainsi que les Parquets des Tribunaux Judiciaires de La Rochelle et de Saintes, l’Agence Régionale de Santé, le Groupement de la Gendarmerie Nationale, la Direction Départementale de la Santé Publique et le Service Pénitentiaire Insertion et Probation de Charente Maritime.

Un « suivi renforcé » des auteurs des violences

Laure Trotin, sous-préfète de Saint- Jean d’Angély, présidait cette réunion de signature de la convention et de présentation de la nouvelle cellule. Les travaux de la cellule mettront l’accent sur le suivi des auteurs de violences. Nicolas Septe, Procureur de Saintes, expliqua comment la ville de Saintes avait mis en oeuvre « le suivi renforcé », c’est-à-dire l’accompagnement des conjoints poursuivis pour violence afin d’essayer d’éviter toute récidive. Ce suivi donne aussi le temps de découvrir les raisons qui tissent la toile de fond habituelle des violences conjugales : l’alcoolisme, l’addiction aux stupéfiants, les difficultés professionnelles. Des dispositifs ont été mis en place qui prennent en charge les problèmes de l’auteur des faits. Ce « suivi renforcé » est une véritable nouveauté et les premiers tests réalisés sur plus d’une dizaine de personnes sont concluants. La cellule aura également pour rôle de faire le point sur tout ce qui existe, de veiller à l’amélioration des dispositifs d’aide aux victimes et de proposer des évolutions dans un souci d’amélioration de leur prise en charge. Celles-ci seront reçues désormais à l’hôpital où l’intégralité de leurs préjudices sera évaluée et le dépôt de plainte pourra se faire à l’hôpital.

Des faits de violence en très forte augmentation, une parole qui se libère

Les faits de violence sont en augmentation constante. Le Colonel Bruno Makary, Commandant du Groupement de Gendarmerie, cita deux chiffres significatifs : les faits recensés étaient de 400 pour le premier semestre 2019 en Charente-Maritime. Ils sont de 700 pour la même période en 2020. Les effectifs de la police et de la gendarmerie ont poursuivi des formations, se spécialisant afin de pouvoir mieux répondre aux situations de violences qu’ils rencontrent. On assiste ainsi à une professionnalisation de la prise de plainte et une meilleure prise en charge des victimes qui sont suivies quotidiennement par téléphone.

Enfin des actions transversales assurant une meilleure coordination de tous les services et permettant une grande réactivité complètent et soutiennent ces nouvelles mesures. Il faut réaliser qu’une victime de violences conjugales est balayée par une onde de choc qui touche une centaine de personnes. Les dégâts considérables nécessitent un gros travail de la part de tous les services et, dans la mouvance du Grenelle de décembre dernier, la parole des femmes s’est libérée : on enregistre 30 % d’augmentation des plaintes déposées.

Très mobilisée, la Charente-Maritime se situe dans le peloton de têtes des actions départementales dans ce domaine et veut faire disparaître ce fléau moyenâgeux.

Catherine Bréjat

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