Une modernisation sans rupture avec l’esprit artisanal
Ré est une terre généreuse qui voit pratiquement chaque été la naissance d’une nouvelle marque de confitures. Cela fait bientôt 50 ans que Les Confitures du Clocher perdurent et sont le modèle d’une transition réussie entre le modèle artisanal familial et une entreprise moderne restant attachée aux valeurs de l’île.

Tout a commencé en 1974 à Arsen- Ré, avec les fraises de Claude Heraudeau. Elles étaient succulentes, approvisionnaient les tables gastronomiques locales et firent connaître l’agriculteur pour qui en fait elles n’étaient qu’un entre-deux cultures, la pomme de terre et la vigne. Et puis un jour, en 1992, à la suite de fortes chaleurs, il y eut un très gros apport de fruits à écouler et c’est à ce moment-là que Françoise, épouse de Claude, eut l’idée de réaliser des confitures de fraise au chaudron dans sa cuisine !
Une histoire de famille
Passionnée, reconnue pour son savoirfaire artisanal, sa connaissance des plantes et une dialectique imparable, Françoise aborda le domaine des confitures avec sa créativité habituelle et une approche centrée sur la qualité et le respect des saveurs naturelles des fruits. Surtout elle ne s’endormit pas sur ses lauriers. La mara des bois, fruit de ses premières confitures, avait été très bien accueillie, la suivante, du melon au pineau, le sera également car Françoise va consacrer tout son temps libre à se former, à commencer à se professionnaliser et parallèlement à faire connaître son produit. Elle le fait goûter aux amis, aux clients qui font de bons retours, distribue ses pots lors d’événements tel Mardi Gras. Rapidement, elle développe la gamme qui propose bientôt une quinzaine de confitures, puis elle diversifie avec gelées, pâtes de fruits, sirops et confitures aromatisés au miel ou au thé. Le mode de production, et c’est toujours le cas aujourd’hui, repose sur une sélection rigoureuse des fruits (sucre, maturité, origine) et un refus total de produits chimiques ou de conservateur.
En 2011, Bertrand Heraudeau, le plus jeune fils, rejoint la société en tant que confiturier. Son arrivée initie un tournant stratégique vers plus de professionnalisme. Il est vrai que cela fait des années que Françoise le prépare à cette relève. Après un CAP en pâtisserie obtenu au bout de deux ans, il entreprend de passer un BTM (Brevet Technique des Métiers) également d’une durée de deux ans et travaille une année au Délice Rhétais aux Portes en Ré, avant de rejoindre Les Confitures du Clocher. Il va mettre à peu près deux ans à s’approprier les produits, les prendre en main et faire en sorte que le laboratoire, jusque-là domaine exclusif de Françoise, fonctionne à sa manière. Période passionnante sans aucun doute pour le jeune homme mais pas forcément facile. Les parents, qui n’ont pas démérité, ont du mal à accepter les transformations et les nouveautés qu’il introduit, mais finiront par accepter et lui laisser totalement les rennes de l’entreprise lorsqu’ils partiront en retraite en 2019.
L’une des entreprises les plus primées de la région
Dès 2013, Les Confitures du Clocher obtiennent pour la première fois une médaille d’or du Concours Général Agricole pour une confiture 100% fruit abricot. Ce n’est pas rien une médaille du Concours Général Agricole, c’est une récompense nationale et qui signifie que le pot d’abricot des Confitures du Clocher l’a emporté devant quatre cents à cinq cents autres pots d’abricot ! Sous l’impulsion de Bertrand, d’autres médailles suivront très rapidement dont celle du SIAL Innovation en 2014 pour les Herbier et Ré O Tea, deux produits au concept différent et à la texture nouvelle. Dix ans plus tard, la société fait partie des dix entreprises les plus primées de la région avec cinquante médailles engrangées, dont les deux dernières, en 2025, sont d’argent et octroyées par le Concours Général Agricole pour des confitures d’agrumes et d’orange ! Bertrand sera également élu « Meilleur confiturier de France 2018 » et diplômé « Artisan Gourmand de Charente Maritime » en 2021.
A chacun son métier
Ces concours lui permettent de faire le point, de se remettre en question si nécessaire. Pour obtenir ce genre de résultat, « il ne faut pas faire de l’approximatif », comme le dit Bertrand, qui remercie sa formation en pâtisserie de « lui avoir enseigné la cohésion des goûts. » Le temps consacré à la recherche et à la fabrication est d’ailleurs sacré. Personne, pas même le téléphone, ne peuvent déranger Bertrand lorsqu’il travaille dans le laboratoire. En plus de la conception, chaque produit est réétudié et réévalué tous les deux ans afin d’apprécier son évolution.
La plus grande partie de l’activité de Bertrand étant consacrée à la fabrication et à la recherche, il s’est appuyé sur un associé, Aubry Guillon, pour la mise en place d’un marketing structuré repositionnant la marque et afin d’élargir la distribution sans aller trop loin. Les Confitures du Clocher ont décidé de travailler à longueur d’année en étant présentes dans les moyennes et grandes surfaces. C’est Aubry, spécialiste de la grande distribution qui s’est chargé d’élargir le réseau. En dix ans, le chiffre d’affaires a augmenté de 50%, sans pour autant recruter de personnel ; ils sont quatre pour faire tourner cette affaire et le resteront. Ils souhaitent se développer consolidant au fur et à mesure une expansion qui aura permis que la marque prenne son envol sans trahir l’esprit original.
Ce type de modernisation sans rupture avec les racines artisanales est finalement récurrent dans l’île, mais chaque cas reste singulier.

Lire aussi
-
Économie
Charente-Maritime : un nouvel agenda en ligne
Le Département lance un agenda numérique dédié aux sorties, loisirs et événements, accessible à tous depuis le site internet : la.charente-maritime.fr/lagenda
-
Économie
« En mer, la sécurité c’est nous, la prudence c’est vous ! »
Dans le cadre de la campagne annuelle Sécurité en mer, plusieurs opérations sont menées tout au long de l’été. Le 24 juillet dernier, la presse était conviée à l’une d’elles.
-
Économie
La Chocolatière, de mère en fille
Vendredi 4 juillet, Christine Ouvrard et sa fille Cécile Graça ont fêté avec leurs clients et amis les 35 ans de l’artisan chocolatier de La Flotte, «Maison fondée en 1990», comme on peut le lire sur la devanture.
Je souhaite réagir à cet article