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- Portrait Stéphanie Aubin
Une battante à la conquête de l’île de Ré
Arrivée dans l’île peu de temps avant la pandémie, Stéphanie Aubin, qui possède une énergie relationnelle fédératrice, ne s’est pas laissée engluer par le confinement. Elle a su redémarrer très vite et trouver sa place dans la société rétaise.

Née à Albi, Stéphanie Aubin y vivra jusqu’à ses 20 ans. Elle y entamera des études qu’elle prolongera à Toulouse, puis à Paris. Très tôt, elle éprouve un profond intérêt pour l’histoire et le dessin et mettra tout en oeuvre pour atteindre les buts qu’elle se fixe dans ces deux disciplines. Elle obtiendra une licence d’histoire qu’elle complètera par une licence des sciences de l’éducation car elle souhaite enseigner.
Dès son arrivée à Paris, elle trouve un poste de professeur des écoles dans les Hauts de Seine. Un département difficile, mais attachant du point de vue de l’enseignement. Un divorce et 20 ans plus tard, elle rencontre son nouveau compagnon qui lui fait découvrir l’île de Ré. Premier choc pour cette jeune femme qui ne connaissait que la Méditerranée : l’Océan qui ne cesse de bouger. Héritier d’une maison familiale au Bois-Plage, celui-ci finit par convaincre Stéphanie de quitter Paris, qu’elle adore, même si elle est tombée amoureuse de l’île, et de s’y installer définitivement. Le couple demande sa mutation, mais il n’est pas simple de quitter un département qui manque d’enseignants. Après avoir attendu leur mutation des années durant, ils décident de tout plaquer juste avant la pandémie et de partir à l’aventure, convaincus qu’avec leur bagage et leur dynamisme ils finiront par trouver un emploi qui leur permette de vivre.
Afin de redémarrer rapidement sur le plan du travail, Stéphanie accepte un poste d’AESH à l’école élémentaire de Rivedoux- Plage, où elle a la chance extraordinaire de rencontrer Elisabeth Jouanny, une directrice d’école très ouverte entourée d’une équipe formidable, qui la laisseront développer des initiatives. L’expérience sera passionnante. Elle restera quatre ans dans cet établissement et aura la grande joie d’accompagner la classe de CM2 durant cinq jours aux Jeux Paralympiques.
La création de l’Atelier Riv’Art
Parallèlement à l’enseignement qu’elle dispensait dans les Hauts de Seine, Stéphanie avait commencé à suivre un cursus à l’Ecole du Louvre et donnait des cours le soir à Issy-les-Moulineaux. Elle va reprendre cette activité de cours du soir, le mercredi. Puis, développera des stages pour enfants et enfin pour adultes. Les cours sont suivis et appréciés, leur fréquentation est régulière à tel point que Stéphanie, d’un naturel dynamique, abandonne son statut de contractuelle pour se lancer totalement dans la création de l’Atelier Riv’art 17 et devenir auto-entrepreneur.
C’est dans ce cadre qu’elle mènera à bien trois projets avec l’école de Rivedoux- Plage. Le premier concerne un diaporama réalisé par la classe de CM2 à son retour des Jeux Paralympiques. Le deuxième, conçu pour la célébration du 8 mai 1945, s’intitule « Les arts au service de la mémoire » et le troisième est une fresque de la biodiversité qui s’étale depuis peu sur les murs de l’école maternelle. A la suite de plusieurs séances de travail menées en classe sur l’art pariétal et l’étude de l’environnement naturel, les enfants ont réalisé leurs dessins et le plan maquette. Aidés de Stéphanie et de certains parents, ils ont reproduit leurs créations, des fleurs, des insectes observés dans la cour d’école ainsi que des arbres et des animaux, sur les murs. Le résultat, époustouflant, transforme le lieu en une galerie à ciel ouvert et les enfants sont ravis. Le prochain projet, qu’elle entreprendra avec des élèves un peu plus âgés, abordera le monde marin et sur le plan artistique se rapprochera du Street Art.
Un socle de solides convictions transmises par sa famille
Stéphanie traverse la vie avec la volonté de réussir. Elle croit en elle et trace son chemin vers les buts, qu’elle s’est fixés. C’est dû à son tempérament mais aussi à son éducation, et au sens civique que lui ont inculqué les femmes de sa famille. Le droit de vote des femmes lui paraît essentiel. Issue d’une famille d’Argentins ayant émigré en Espagne, puis en France, la grand-mère de Stéphanie disait à ses petites filles : « Si vous saviez comme il est important d’avoir le droit de parler ». Face à une dictature, la liberté est effectivement de pouvoir s’exprimer, et pour Stéphanie le droit de vote est une avancée notoire dans l’émancipation de la femme. C’est l’une des raisons qui l’ont amenée, à travers son association Harp, et avec le soutien de la mairie, à célébrer, les 12 et 13 avril derniers, le 80e anniversaire de l’obtention de ce droit ! Elle a également été influencée par son grand-père, réfugié espagnol qui rejoint à 16 ans les résistants du sud de l’Aveyron, et se verra remettre plus tard la Légion d’Honneur. Il est à l’origine de ses études d’histoire entreprises afin de mieux comprendre le passé.
Une vision sensible des paysages rétais
Au milieu de cette effervescence, Stéphanie a su se préserver du temps pour son activité d’artiste. Elle s’est mise à peindre à l’acrylique en autodidacte, il y a cinq ans et retranscrit sur ses toiles la lumière mouvante des bleus marins. Son inspiration est liée à l’observation de la nature et de l’océan, cette découverte dont elle ne se lasse pas. Elle dit d’ ailleurs de son travail « Je peins principalement des toiles figuratives dans lesquelles les couleurs et le mouvement sont au centre de mon travail. » Elle travaille sur différents formats souvent avec la technique du couteau créant des oeuvres expressives et chaleureuses.
A l’avenir, elle continuera à tout mener de front, c’est dans sa nature : les projets qu’elle imagine pour les écoles et qu’elle espère bien pouvoir présenter aux autres communes de l’île, les expositions avec les adhérents de l’association Harp et les invités de celle-ci, l’éventuelle présentation d’artistes lors des journées du patrimoine… Mais elle sait où elle va et donne toujours du sens à son action. Elle valorise la transversalité alliant art, partage et engagement, et son approche de l’art pour réfléchir ensemble notamment sur l’environnement est suffisamment intéressante pour que l’on fasse un bout de chemin avec elle.

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