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Un été rétais avec Dan Franck

Ré à la Hune a rencontré l’auteur Dan Franck en ce mois de juillet sur le port d’Ars-en-Ré.
Ré à la Hune : Dan Franck, vous passez une partie de votre temps sur l’île de Ré, comment ce fait-il que l’on n’entend jamais parler de vous dans les sphères locales ?
Dan Franck : J’ai découvert l’île en 1980, c’est Marion, ma femme, qui est de souche rochelaise qui m’a fait découvrir l’endroit. C’est ici que j’ai corrigé mon premier roman, Les Calendes Grecques enfin, le premier écrit en mon nom. Mais je suis quelqu’un de plutôt discret. Je ne fais pas de signature en librairie et les amis que je fréquente ici respectent ma discrétion.
Que faites-vous de vos journées rétaises ?
Quand je suis ici, je profite de la lumière, du vent et de la mer, j’aime marcher le long de la côte. Au bord de la mer, le temps change vite, d’un instant à l’autre, on passe du ciel bleu aux nuages, le temps est irrégulier et c’est cette irrégularité que je recherche, elle me stimule, j’aime changer de lieu pour écrire. À l’île de Ré, je me sens bien, je lis beaucoup, je travaille, oui je travaille bien ici !
Vous avez écrit une vingtaine de scénarios pour des séries télévisées (Les hommes de l’ombre, Carlos, Marseille…) près de vingt-cinq romans, des biographies, des récits historiques, sans compter la soixantaine d’ouvrages écrits en tant que nègre ou vos partenariats avec Jean Vautrin et Enki Bilal, vous êtes un auteur très prolifique, comment êtesvous venu à l’écriture ?
Je crois que j’ai toujours écrit. Lorsque j’écrivais pour d’autres (il fallait bien vivre !), je partageais mon temps en deux, le matin pour mon travail rémunéré et l’après-midi pour l’écriture personnelle, c’est à ce moment là que je peux laisser libre cours à mon imagination.
Vous avez obtenu le prix du premier roman pour Les calendes grecques et quelques années plus tard (en 1991) , vous obtenez le prix Renaudot pour La Séparation, qu’est-ce que cela fait de recevoir un tel prix ?
C’est un prix qui aide à vivre et surtout une belle reconnaissance mais cela ne procure pas une plus grande assurance qu’avant. Après le Renaudot, la page blanche est toujours aussi vide et c’est à moi de la remplir.
Vous préférez écrire les romans ou les scénarios ?
Il s’agit de deux gymnastiques vraiment différentes. Le scénario comporte des cadres et des codes et un travail avec le metteur en scène. Le roman est plus libre, c’est tout un monde, c’est long à écrire, c’est instable, un peu comme sur une patinoire, on passe, on repasse sans que rien ne se fasse et puis, à un moment, on finit par voir la trace qui se dessine.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
J’ai toujours vécu de ma plume, c’est un vrai privilège, j’ai parfaitement conscience de ma chance.
L’île de Ré, pour vous, c’est… ?
Un très bel endroit, très inspirant. Un peu « propret » un peu à droite à mon goût ! C’est aussi une île qui abrite beaucoup d’artistes, l’art est une source d’opposition, il n’est pas normé. C’est pourquoi j’aime les artistes, ils ont un pied dans le monde réel, un autre à la frontière. J’apprécie énormément Étienne et Bernard Frigière, ce ne sont pas des icônes, juste des hommes.
Le vol de la Joconde paru en mars 2019, met en scène les intellectuels du XXème siècle, dont Pablo Picasso et Apollinaire, tous deux accusés de recel de tableaux. Vous avez beaucoup écrit sur le milieu artistique de cette période. C’est un peu nostalgique ?
Non, je ne suis pas nostalgique ! Mais j’ai beaucoup étudié la vie des artistes de cette époque. Le temps des bohèmes, c’est près de quinze ans de recherche et de travail. Le XXème siècle est une époque marquante à cause l’engagement des artistes contre la guerre d’Espagne et contre la seconde guerre mondiale. De plus, il y avait entre eux une réelle solidarité à l’époque du Bateau Lavoir, une entraide spontanée et toute naturelle envers les étrangers qui fait cruellement défaut dans la société d’aujourd’hui, regardez les milliers de migrants qu’on ne sait pas accueillir et qu’on refoule arbitrairement, un gâchis pour l’humanité.
Le dernier roman de Dan Franck, publié en février 2019 chez Grasset :
Le Vol de la Joconde a été écrit ici à Ars, sur une idée suggérée par son ami Samuel Benchetrit.
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