Un début de campagne houleux à Saint-Clément
La campagne pour les élections municipales de 2026 a été lancée à Saint-Clément des Baleines lors du Conseil municipal du 25 juin, lorsque trois adjoints ont annoncé vouloir présenter une liste concurrente à celle de la maire Lina Besnier.

La vie politique à Saint-Clémentdes- Baleines n’a jamais été aussi tendue que lors de ces derniers jours, avec pour point d’orgue un Conseil municipal exceptionnel et particulièrement houleux convoqué le 3 juillet par la maire Lina Besnier.
Tout a débuté une semaine auparavant, lors du Conseil municipal du 25 juin. Pendant le tour de table des élus, Christophe Penot, 3e adjoint en charge de la communication, des nouvelles technologies, de l’environnement, du patrimoine et de la culture, a pris la parole en son nom mais aussi en celui de Laurence Plaire, 2e adjointe, et Gildas Jacquot, 4e adjoint, afin d’éclaircir la situation suite « aux informations qui circulent dans la commune autour des futures élections. » Suite à des désaccords avec Lina Besnier « qui durent depuis plusieurs mois » selon lui, et qui « touchent essentiellement des questions de considération et de gestion du personnel, le partage d’information au sein du Conseil et des prises de décisions pas ou très peu concertées », Christophe Penot a expliqué que Laurence Plaire, Gildas Jacquot et lui-même se sont sentis « trahis » par rapport à leur « engagement initial au sein de la Commune », et qu’en conséquence ils ont tous les trois « refusé d’être sur la liste de Lina Besnier pour les élections de mars 2026 ». « Et il est vrai aussi que nous travaillons sur la création d’une liste d’alternance », a-t-il conclu.
La maire Lina Besnier a immédiatement réagi en réfutant tout problème avec le personnel, et lui a répondu avec invective. « Cela fait des mois que je ne vous vois plus en mairie, que vous ne venez qu’aux réunions d’adjoints. Vous travaillez dans votre coin, je ne sais pas ce que vous faites ». Des débats sur le travail et l’implication de chacun s’en sont suivis, et la question de leur démission a été posée par Lina Besnier. « Quand un adjoint fait une liste contre un maire, il démissionne, c’est une question d’honnêteté par rapport au maire et par rapport aux Villageois », a-t-elle clamé. Chacun leur tour, Christophe Penot, Gildas Jacquot et Laurence Plaire ont affirmé leur volonté de rester en poste. « C’est un mandat qui m’a été confié, je ne démissionnerai pas », a dit Christophe Penot. « Nous continuerons, comme nous le faisons depuis cinq ans, de suivre les dossiers et de faire avancer au mieux les choses dans le village. »
Retrait des délégations
La riposte a rapidement eu lieu. Dès le lendemain, Lina Besnier décidait le retrait des délégations aux trois adjoints et convoquait un nouveau Conseil municipal le 3 juillet, qui fit salle comble. Des chaises ont dû être rajoutées afin d’accueillir les soixantedix personnes venues assister à un conseil qui s’annonçait conflictuel. Et effectivement, le débat a fait rage pendant une heure et demi, d’abord entre les élus, puis avec la participation du public.
Lors de ce Conseil, Lina Besnier a ouvert les délibérations en expliquant sa décision. « Donner une délégation à un adjoint, c’est un acte de confiance de la part du maire. Une fois que les adjoints décident de faire une liste contre le maire, évidemment la confiance est rompue, et à ce moment-là je peux tout à fait leur retirer leurs délégations. » Une décision qu’elle dit avoir prise « en concertation avec six maires » à qui elle a demandé conseil. « Peut-on savoir quels maires font ingérence dans la politique de notre commune ? », a demandé Christophe Penot. « J’ai le droit de demander conseil à des maires », a répondu Lina Besnier. « Je ne vois pas comment on aurait pu réussir à faire des Conseils municipaux avec trois élus de l’opposition qui auraient conservé leurs délégations. Je le répète : quand un maire donne une délégation, c’est par confiance. A partir du moment où vous faites une liste, il n’y a plus de confiance, c’est le ba-ba de la politique. »
Selon le Code des collectivités publiques, a expliqué Lina Besnier, « lorsqu’un maire retire des délégations qu’il avait données à un adjoint, le Conseil municipal doit se prononcer sur le maintien ou non de l’élu dans ses fonctions d’adjoint ». La maire a donc fait procéder au vote par le Conseil, après avoir néanmoins précisé ne pas souhaiter elle-même y participer et que, après en avoir discuté avec certains élus, il aurait été décidé, en amont du conseil, de ne pas voter le retrait des adjoints de leurs fonctions.
Appel à la sérénité
Le maintien de Christophe Penot, Laurence Plaire et Gildas Jacquot à leurs postes d’adjoints a par conséquent été acté, même sans délégation. « Doivent-ils arrêter de travailler ? », a questionné la conseillère Marion Silhol. « On aura une discussion lundi pour voir comment cela va se passer », a répondu Lina Besnier. « On nous enlève notre capacité d’agir », a réagi Christophe Penot, « et normalement la conséquence devrait être le retrait du poste d’adjoint. » « À moins que le maire soit en minorité et incapable de faire voter ce retrait ? », a-t-il questionné. « Alors qu’est-ce qu’on fait ? On continue à travailler ? », a-t-il insisté. « On verra comment ça va se passer », a répété Lina Besnier. « Vous n’aurez plus la signature, mais vous pourrez très bien continuer à travailler si vous le souhaitez, comme n’importe quel autre élu. »
Marion Silhol s’est dit « étonnée » que Lina Besnier « n’accepte pas l’idée que les maires adjoints puissent continuer à travailler comme ils le font intensément depuis de nombreuses années. » « On a tous la preuve du travail énorme qu’ils font », a-t-elle dit en s’adressant directement à la maire. « Je reconnais aussi le travail énorme que tu fais, mais je crois que sans tes trois adjoints tu ne pourras pas pendant neuf mois maintenir le travail qui est fait dans la commune. » Et de conclure : « Je souhaite que ces neuf mois se passent dans la sérénité. En tout cas, nous, on en est capables. »
« Mon engagement restera intacte » a déclaré Laurence Plaire. « Je continuerai, tant qu’on m’en laissera la possibilité, de m’occuper de l’école, de nos aînés, je continuerai à être présente pour nos commerçants, à être sur le marché. Je redis que je ne compte pas démissionner de ma fonction d’adjoint, et je continuerai jusqu’à la fin de mon mandat à m’occuper des délégations que j’avais… même sans délégation. »
En fin de séance, les deux anciens élus Bruno Vega et Brigitte Vrignaud, démissionnaires il y a deux ans et présents dans le public, ont pris la parole pour défendre les trois adjoints démis de leurs délégations. « Ce qu’on reprochait déjà il y a deux ans se retrouve sur la table et amplifié », a tonné Bruno Vega en apostrophant Lina Besnier. « Je ne remets pas en cause le travail que tu as fait pour les Villageois, mais je reproche la méthode ». « J’ai les élus avec moi, j’ai les services avec moi », a répondu Lina Besnier. « Quand on est maire, il faut gérer de l’humain, il faut prendre des décisions, il faut savoir trancher, et quand ça ne va pas il faut savoir le dire. »
Les débats ont tourné au règlement de compte et ont duré encore une demiheure. Les prochains mois risquent d’être mouvementés à Saint-Clémentdes- Baleines.

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