Régis Léau joue la survie de son élevage
Après un hiver durant lequel il a d’abord envisagé de vendre son activité, Régis Léau a décidé de ne pas assurer cet été l’activité de balades à dos d’ânes en culotte au parc de La Barbette. Un crève-coeur pour lui et tous les habitués... Mais n’ayant décidément pas les deux pieds dans le même sabot, il a lancé son savon au lait de ses ânesses.

Trois raisons à l’arrêt au moins pour cette année des balades à dos d’ânes : une période de vacances estivales raccourcie depuis quelques années, des réactions injustifiées de certaines personnes qui trop souvent lui expliquent ce qu’il doit faire pour prendre soin de ses ânes (il n’y a pourtant pas plus attentionné que Régis avec ses ânes, qui sont toute sa vie) et «goutte d’eau» qui fait déborder le vase, les animations sur le parc de La Barbette (Les Martinelles, bals, etc.) qui ont été trop rapprochées du circuit des ânes (quand elles étaient sur l’ancien terrain de tennis, cela allait bien). Résultat : dès les préparatifs de ces animations et pendant leur déroulement, les ânes prennent peur, refusent d’avancer ou s’emballent, avec des risques de chutes et une responsabilité trop lourde pour Régis… Du coup, il n’a plus que treize ânes sur dix-neuf (les plus adaptables et fiables) pouvant assurer le circuit, ce qui ne lui permet pas de répondre à la demande, et rallonge la file d’attente, alors même qu’il emploie quatre salariés pour cette activité, dont l’un dédié à la sécurité ! Il s’est même résigné à fermer quatre jours l’été passé.
Le maire de Saint-Martin lui a bien proposé de s’installer en face du parking Vauban, toujours à La Barbette, mais « il n’y a pas d’arbres, pas d’eau, pas de parcours possible à cet endroit », explique un Régis dépité, qui a vu son chiffre d’affaires sur les balades fondre de 35 %, l’été dernier. Les commerçants martinais réclament des animations au maire, qui a par ailleurs été contraint de les déplacer vers le parcours des ânes, le sol de l’ancien terrain de tennis étant irrégulier et source d’accidents potentiels. Tout cela Régis peut le comprendre, il n’en déplore pas moins que ce soit son activité qui en pâtisse.
Une institution sur l’île de Ré et bien au-delà
L’élevage de baudets du Poitou, débuté par le père de Régis en 1985, puis les balades à dos d’âne à La Barbette, qui ont toujours eu lieu autour du minigolf où il y a des arbres et de l’eau, sont pourtant une institution sur l’île de Ré et nombreux sont d’ailleurs ceux qui profitent de l’image des baudets du Poitou de la famille Léau, parfois de façon déloyale…
Les animations qui nuisent à la tranquillité des ânes, animaux très conditionnés, ne sont que la goutte d’eau. Le rétrécissement depuis quelques années de la période des vacances scolaires sur neuf semaines, réduisant d’autant l’activité, l’augmentation en parallèle des charges salariales, ont induit un « effet ciseau » sur la rentabilité déjà fragile. Régis est aussi quelque peu lassé de la « pression du public » et notamment des « amis des animaux » qui savent mieux que lui comment bien s’occuper de ses ânes !
Concernant les balades à dos d’âne, Régis n’a pas eu le temps de se retourner cette année, ayant été informé en janvier des animations de l’été, mais il réfléchit à une alternative pour les prochaines années.
Fabrication d’un savon 100 % artisanal
Anticipant toutefois pour assurer la pérennité de son entreprise, il a suivi une formation cet hiver à Nature & Limousin, dont il est sorti major de sa promotion, fait construire en février dernier son laboratoire à l’Asinerie de l’île de Ré (au Bois-Plage) et s’est lancé depuis quelques semaines dans la production d’un savon.
Régis saponifie à froid, sur la base d’une seule recette à l’huile d’olive, beurre de karité, huile de coco, lait bio d’ânesse (ses ânesses de l’île de Ré), huile de tournesol, huile de ricin et hydroxyde de sodium. Recette validée, bien entendu, par une toxicologue, docteur en pharmacie et déposée sur le CPNP, portail européen des cosmétiques, avec un N° d’enregistrement communiqué à la DGCCRF. Fabriqués en pains, les savons sont ensuite découpés sur une « guitare » puis emballés dans un authentique packaging en carton, simple, joliment illustré et pédagogique, dessiné par Arno Raposo et Izaka… Ils reposent ensuite cinq semaines. A raison de vingt savons par pain, Régis en fabrique actuellement une centaine par jour, il devra à terme monter à deux cent quarante savons par jour pour pouvoir vivre de cette fabrication totalement artisanale, 100 % faite à la main.
L’un des avantages de cette nouvelle activité est de permettre à Régis de travailler à l’année, avec une clientèle plus large et pas seulement touristique.
« En choisissant ce savon, vous participez à la sauvegarde d’une race menacée de disparition : l’emblématique baudet du Poitou », mentionne Régis au dos de son packaging. « Je ne veux faire de concurrence à personne, je joue juste la survie de mon entreprise. », explique un Régis décidément bien résilient depuis toutes ces années de galère. Les savons de Régis, vendus 6,80 € TTC la pièce, sont à retrouver progressivement dans différents magasins de l’île de Ré et sur RV à l’Asinerie de l’île de Ré (contact sur www.ane-en-culotte.com).



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