Qu’en est-il de l’isolement social des séniors dans l’île ?
Les chiffres relatifs à l’isolement social des séniors en France se sont aggravés ces dernières années. La situation dans l’île de Ré se révèle moins dramatique que sur le continent grâce au travail en profondeur des associations et des CCAS*.
Les Petits Frères des Pauvres, a fait réaliser une étude, parue en avril 2025, sur l’aggravation de l’isolement social des seniors en France. Cette étude montre que le nombre des seniors en situation de « mort sociale » a beaucoup augmenté. En 2017, l’isolement social frappait 300 000 personnes, 530 000 quatre ans plus tard et 750 000 aujourd’hui. Cela représente une augmentation de 150% en huit ans et de 4% des plus de 60 ans, au nombre de 18 millions, n’ayant aucun contact avec leur famille, leurs amis, leurs voisins ou des associations.
Ces chiffres donnent une vision nationale qui ne tient pas compte des particularismes locaux. Nous avons voulu savoir ce qu’il en était sur l’île de Ré en nous informant auprès des acteurs sociaux, mairies et CCAS, maisons de retraites, résidences seniors et diverses associations.
La situation dans l’île de Ré
Etienne Caillaud, 1er adjoint à la mairie d’Ars, estime que le mode de vie des résidents secondaires les isole plus, l’âge venant, que les Rétais qui, installés depuis toujours, sont à proximité de leurs familles, de leurs amis de longue date et bien sûr de leur famille. Ces résidents secondaires, que l’on rencontre le plus souvent du côté du quartier Grignon, et qui ne vivent complètement dans l’île qu’à partir de la retraite, sont moins entourés et ne partagent pas de souvenirs d’enfance. La famille est éloignée et ne peut se déplacer facilement. Dans les trois communes du nord de l’île, plus rurales que le sud et avec une population moindre, la préoccupation de l’autre semble une constante. D’ailleurs, Isabelle Gorry, en charge du CCAS de Saint-Clément, remarque que si l’isolement existe également dans les petites communes, il est plus facile à débusquer.
De son côté, plus au sud, à Sainte- Marie, Isabelle Ronté, 1ère adjointe à la mairie, fait à peu près le même constat qu’Etienne Caillaud et considère qu’il y a deux sortes de populations dans la commune : celle qui est présente en permanence, participe à toutes les festivités, dont la famille est proche et l’école le ciment de base. Et, d’autre part, les habitants des résidences secondaires, souvent des couples, qui ne vivent complètement et définitivement dans l’île qu’à partir de la retraite. On constate des situations dramatiques lorsque l’un des deux membres du couple décède ou se retrouve victime d’une maladie neuro-dégénérative telle Alzheimer. Il n’y alors personne de proche sur qui s’appuyer, la famille étant généralement éloignée et les amis rares. A La Couarde, Peggy Luton, 3e adjointe en charge entre autres du CCAS, remarque que le voisinage est attentif à l’isolement des personnes âgées ainsi que les médecins qui lorsque nécessaire l’alertent. Des référents par quartier sont instaurés pour renforcer le dispositif et elle n’a pas constaté d’aggravation notoire de l’isolement social des séniors couardais.
Les maisons de retraite et résidences séniors
Lorsqu’ils ne sont plus en état physique ou psychique de rester chez eux, certains séniors sont hébergés en maison de retraite, ou EHPAD. Les responsables de l’EHPAD de Saint-Martin qui accueillent dans leur structure des seniors de 60 à 101, n’ont pas remarqué une aggravation sensible de l’isolement de leurs patients depuis la période du Covid. Ils estiment que sur les 94 résidents actuels, les deux tiers reçoivent des visites régulières. Seuls deux patients ne reçoivent aucune visite de qui que ce soit.
Quant aux Jardins d’Arcadie, la résidence séniors du Bois-Plage, leur directrice Justine Desvilles, à la tête de l’établissement depuis 2023, met en place toutes les activités possibles pour assurer un lien social à ses résidents en dehors des visites qu’ils reçoivent de leurs familles, la fréquence étant déterminée par leurs lieux de résidence et leurs horaires de travail. Mais aucun cas totalement isolé comme il en existe à l’EHPAD.
La tranche d’âge des 90 résidents allant de 61 ans à 97 ans, les plus jeunes impulsent une certaine dynamique aux plus âgés sur laquelle Justine Desvilles greffe des animations qui sortent de l’ordinaire. Le renforcement du lien social ne doit pas avoir lieu, selon elle, uniquement à l’intérieur de l’établissement. Des sorties sont proposées régulièrement aux locataires des Jardins d’Arcadie, dont elle souhaite qu’ils deviennent un lieu de rencontre et de passage pour tout le monde.
Le rôle essentiel des associations
Tout d’abord qu’en est-il de la population rétaise ? Elle est vieillissante. Le Diagnostic territorial effectué par la CdC en 2023 indique que la population âgée de 60 ans et plus représente 44% de la totalité des Rétais et l’on constate une hausse de près de 120 séniors supplémentaires chaque année entre 2013 et 2019. C’est un élément qui impacte le travail de tous les acteurs se préoccupant de personnes âgées.
Avec l’âge, les relations sociales diminuent et la pauvreté, également croissante, est un facteur d’aggravation de cette solitude. Mais dans l’île, les élus, membres des CCAS et les associations veillent au grain. Leurs membres sont pour une bonne part des Rétais de longue date qui connaissent bien les habitants de leur village et s’informent en permanence de ce qui peut leur arriver. Les CCAS établissent, avec l’accord des personnes concernées, des listes des séniors fragiles ou isolés. Leur capacité de réaction en fait, avec les associations, le premier maillon de la chaîne à repérer les situations préoccupantes et à y réagir. Car ce qui fait la différence dans l’île, c’est un tissu associatif dense. Environ 250 associations, dont beaucoup s’occupent des personnes âgées, sont très actives et jouent un rôle déterminant pour le maintien du lien social des séniors.
Difficile de les citer toutes, mais on ne peut passer sous silence l’excellent travail dans ce domaine des adhérents au collectif Ré-Unissons parmi lesquels Ré-Clé-Ré et le Secours Catholique qui effectue de nombreuses visites à domicile.
La lutte contre l’isolement social nécessite un grand nombre d’intervenants mettant en place des dynamiques collectives et complémentaires pour reconstruire ou préserver des liens sociaux. La grande force de l’île réside dans ses associations qui réussissent à garder le contact et se battent pour empêcher l’île de devenir un mouroir.
* CCAS : Centre communal d’action sociale.
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