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Quelques clichés de Ré durant la Grande Guerre
Dès l’ordre de mobilisation générale, le quotidien des Rétais va s’adapter aux exigences de la situation.
A plus de 750 kilomètres du front et des tranchées, l’île de Ré est éloignée des sinistres théâtres d’opérations militaires. Il n’en reste pas moins que la douleur, la crainte, l’angoisse se ressentent au quotidien. Au moment où éclate le premier conflit mondial, le territoire insulaire est peuplé d’un peu moins de 12 000 habitants. Une population essentiellement agricole qui va subir le traumatisme perçu sur l’ensemble de l’Hexagone. Assurer les récoltes est une nécessité impérative, et dans toutes les communes, des élans d’entraide et de solidarité, apparaissent aussitôt. Les femmes redoublent d’efforts, les enfants participent aux travaux des champs, les « anciens » sont, également, présents.
Un témoin vivant de la vie pendant la guerre
Le 15 janvier 1915, sort le premier numéro du « Soldat Rétais », un périodique bimensuel, édité à Saint-Martin. A l’entête de la « une » du journal, figurent les mots prononcés par Emile Loubet, Président de la République : « Haut les coeurs et vive la France ! ». Bien entendu, ce sont les nouvelles venues du front qui sont privilégiées. Des lettres de Poilus sont diffusées. On donne le nom des soldats tombés au champ d’honneur, celui des blessés, des permissionnaires, commune par commune. En dehors des informations concernant directement le conflit, plusieurs renseignements sont donnés sur l’état des travaux agricoles, sur les vendanges, sur les récoltes dans les marais salants… On communique la liste des reçus au certificat d’études primaires. Le journal est vite devenu un lien entre les habitants.
L’île de Ré, spectacle du conflit
Les confidences des permissionnaires sur la vie dans les tranchées ne sont pas les seuls témoins de cette douloureuse période. Les Rétais prennent rapidement conscience des désastres causés. Durant la période des hostilités, l’hôpital de Saint-Martin a reçu plusieurs centaines de blessés originaires de toute la France. Deux orphelinats de guerre (l’un pour les garçons, l’autre pour les filles) ont été créés par l’abbé Lartigue, dans le but d’héberger et de former les jeunes à un métier. Dès le début du conflit, la Citadelle de Saint-Martin a été choisie par l’Autorité militaire comme lieu d’internement pour les prisonniers de guerre. Les 14 et 15 septembre 1914, trois contingents représentant, en tout, 540 hommes, dont certains gravement blessés, ont rejoint l’île. Selon les sources, ces derniers ont été traités avec humanité. Tous les soins nécessaires leur ont été prodigués. Le « Soldat Rétais » nous confie : « Les autorités municipales de l’île ont invité la population à donner de vieux vêtements aux malheureux qui manquaient de tout » (n° 1 du 15 janvier 1915). Certains prisonniers allemands ont été employés par les habitants pour travailler dans les champs. Dans les semaines qui suivirent l’arrivée des détenus, plus de 300 d’entre eux ont quitté l’île pour prendre la destination du Maroc. Les trajets en bateaux se sont multipliés tout au long de ces quatre années. Pour embarquer, les prisonniers empruntaient le même chemin que celui foulé par les bagnards. La population venait assister aux différents départs. 69 allemands sont décédés au cours de leur détention. Une stèle en granit a été érigée à leur mémoire, dans le cimetière de Saint-Martin. Un siècle après l’Armistice, une question, aujourd’hui, revient régulièrement dans les commentaires : commémoration de la Victoire ou de celle de la Paix ? En observant les réactions de chacun, il semble bien que les esprits pacifistes aient pris le pas sur les comportements belliqueux. L’île de Ré célèbre le centenaire de la fin d’un cauchemar collectif. Un hommage authentique à des hommes et des femmes qui s’étaient jurés, à l’époque, que cette terrible épreuve serait bien la « Der des Der »… Sur l’île, les pertes humaines sont à la dimension du triste bilan national. 421 noms de soldats figurent sur les dix monuments aux morts érigés sur le territoire rétais. Le souvenir persiste, deux rues portent le nom « du 11 Novembre » (à Ars et à Sainte-Marie). Il existe un « Square du 11 novembre », à La Flotte, une « Place du 11 Novembre » à Saint-Martin, ainsi que le « Quai Clémenceau », baptisé suite à la venue officielle du Président du Conseil, le 16 août 1919. Le 123ème régiment d’infanterie, basé à La Rochelle, avant la déclaration de la guerre, dont deux de ses compagnies ont été stationnées au sein de la Caserne, a également donné son nom à une rue de la capitale rétaise. Pour finir, on repère le « Cours des Poilus » à La Couarde.
Jacques Buisson
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