- Arts et Culture
- Loisirs
- Cie Les Tardigrades
Pour les copains, d’abord
Après Histoire d’une chanson, en 2023, Nadine Berland, de la compagnie Les Tardigrades, présentait fin novembre le nouveau spectacle de son atelier amateur, Les Pépites. Une aventure entre sniapoc pour qui l’âge ne fait rien à l’affaire, et l’amitié, tout.
![tradigrades](https://www.realahune.fr/wp-content/uploads/2024/12/tradigrades.png)
Samedi 23 novembre, 16h. La salle des associations de Rivedoux se remplit à grande vitesse. Les comédiens accueillent le public, sans cacher, pour certains, leur nervosité. La troupe, composée de sept acteurs et un musicien, a connu des aléas au cours de l’année. Nadine Berland le rappelle en introduction au spectacle : « Nous avons perdu des camarades en route, les plus fragiles, les plus âgés, alors nous leur dédions ce spectacle avec beaucoup d’émotions. » Il est resté les plus vaillants : des compagnons de route de longue date de Nadine, comme Evence ou Laurent, et des nouveaux venus, qui montent sur scène pour la première fois. Pendant un an, ils se sont retrouvés, un week-end par mois, pour le plaisir de jouer ensemble. D’exercice en exercice, et presque sans y penser, ils ont élaboré un tableau composite de scénettes à partir notamment de textes empruntés à Jacques Prévert. « C’est le fil rouge qui relie les générations », précise Nadine. Ses Contes, peu connus, offrent un éventail de situations cocasses, que les sept camarades interprètent avec gourmandise. C’est ainsi que l’on apprend la véritable histoire du Petit Poucet, et le rôle inattendu qui a joué… une autruche.
Rencontre de générations
L’atelier théâtre de Nadine existe depuis trois ans. Elle intervenait alors à l’EHPAD d’Ars. L’envie lui est venue de créer une troupe intergénérationnelle. Il y a quelques mois seulement, Joséphine, 99 ans, en faisait encore partie. C’est notamment à elle que Nadine pense, lorsqu’elle évoque les absents. Cependant, mardi après-midi, avec quatre autres résidents de l’EHPAD, Joséphine est venue assister au filage et partager le traditionnel goûter – auquel il n’est pas question de déroger. Les sniapoc cultivent le sens de l’accueil et de l’amitié. « Sans la bienveillance de Nadine, jamais je n’aurais pu faire ça », me confie Jean-François dont c’est le baptême du feu.
Dans « amateur », il y a « aimer »
Je rencontre la troupe quelques jours avant la représentation. Pendant une semaine, ils répètent dans la petite pièce attenante à la salle Robert Vergnaud, à Rivedoux. On est à mi-chemin du grand jour, et l’inquiétude se lit sur les visages, avec un peu de fatigue : l’échéance approche, on ne se sent pas prêt… C’est au tour de Cécile et de Lysiane de travailler leur scène, sur un texte dont Cécile est l’auteure, « Remède contre l’ennui ». Elles sont accompagnées par Laurent à la guitare. De temps en temps, Nadine bondit de sa chaise pour éclaircir une intention, donner le rythme d’un échange, orienter les déplacements dans l’espace. Les deux interprètes se plient volontiers à sa direction. Il faut dire que son enthousiasme est communicatif. Ses yeux clairs brillent d’un éclat passionné. Elle donne de sa personne, Nadine, et cela se ressent dans l’investissement des comédiens. Le théâtre amateur est une pratique exigeante, dont chacun veut se montrer digne. Pas question, pour autant, de se mettre en danger. On anticipe les trous de mémoire en gardant le texte à portée des yeux. La lecture aussi est un art. Et lorsque ce n’est pas possible, on invente un stratagème : un carton avec les répliques, intégré ingénieusement à la mise en scène.
Il s’agit avant tout de passer ensemble un bon moment, et cet « ensemble » n’exclut personne. Ainsi, le mari de Lysiane, Christian, souffre de déclin cognitif. Ils ont rejoint la troupe tous les deux en début d’année. « Depuis sa maladie, il est devenu comme mon ombre », raconte Lysiane. « Ici, Nadine nous a mis dans deux groupes différents. Cela nous fait du bien, à tous les deux. C’est comme une récréation. » S’il n’est pas en mesure de retenir un texte, ni même de le lire, Christian fera tout de même partie de la représentation, en introduction avec Nadine, qui lui murmurera les mots à l’oreille. Il y a de la place pour tous, chez les sniapoc.
Où tout finit… par un goûter
Samedi, le soir descend doucement sur la salle des associations et la soixantaine de spectateurs. Les sniapoc se livrent à leur douce folie, sur laquelle l’esprit poétique et loufoque de Prévert semble veiller. Lectures, scénettes, chansons, improvisation musicale déjantée se succèdent à un rythme soutenu, agencées avec simplicité et efficacité par Nadine. Au bout d’une petite heure, passée presque trop vite tant leur plaisir est visible et contagieux, toute la troupe se réunit pour entonner le chant final : « Les copains d’abord », évidemment. Mais on ne se quittera pas comme ça : un buffet de gâteaux faits maison est dressé sur la scène, et le public se mêle aux comédiens pour les féliciter. L’une d’entre eux s’éclipse discrètement, j’entends dire que la fête doit se poursuivre autour d’un dîner. Décidément, les sniapoc n’arrivent pas à se quitter ! Heureusement, deux représentations les attendent encore, en maisons de retraite, là où tout a commencé. Un juste retour des choses, pour Nadine. Espérons que l’an prochain encore, ils nous donneront le plaisir de les applaudir, et de goûter avec eux.
1 – Lisez ce mot dans un miroir…
Lire aussi
-
Loisirs
Je suis tous les dieux à La Maline
Le samedi 8 février ce spectacle de Marion Carriau invitera petits et grands dans un monde fantasmagorique où se mêlent mots, gestes et musique.
-
Loisirs
Grande première pour les féminines du FCR !
Le lundi 9 décembre a eu lieu à Saint-Martin de Ré le premier match des féminines du Football Club Réthais, face à la section loisir d’Andilly. Un rendez-vous d’histoire, aussi signe de bonne santé pour le ballon rond rétais.
-
Loisirs
En direct de Human Immobilier : le cap Horn, l’Éverest des océans
Le mythique cap Horn franchi, c’est désormais la remontée de l’Atlantique Sud, direction l’Équateur, pour le skipper rétais Antoine Cornic. Il sera alors temps de se concentrer sur la dernière ligne droite et l’arrivée aux Sables…
Je souhaite réagir à cet article