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Pierre-Étienne Du Ponceau : un juriste aux multiples talents

Le grand public ignore le plus souvent le rôle que joua le droit français dans la formation du droit des États-Unis d’Amérique. Pourtant c’est un Rétais, Pierre-Étienne Du Ponceau, sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères des États-Unis d’Amérique, qui est à l’origine de cette influence.
Personnage hors du commun que ce Pierre-Émile Du Ponceau(1)! Né le 3 juin 1760 à Saint-Martin de Ré, il mène à bien, pratiquement seul, de bonnes études. Doué pour les langues, il profite de la présence des marchands et soldats anglais stationnés dans le port de Saint- Martin pour acquérir une parfaite connaissance de la langue anglaise. À 15 ans, Du Ponceau quitte l’île de Ré pour Saint-Jean d’Angély, où il entre au collège des bénédictins. Un an plus tard on le retrouve à Paris, où sa maîtrise de l’anglais lui fait immédiatement obtenir un poste d’interprète. Une rencontre déterminante pour son avenir aura alors lieu avec le baron von Steuben, qui l’engage comme secrétaire et, en 1777, l’emmène aux États-Unis où durant trois ans il sera son aide de camp, combattant à ses côtés pour l’indépendance américaine.
En 1781, Du Ponceau devenu citoyen américain, se lie d’amitié avec Robert R. Livingston, ministre des Affaires étrangères et l’assiste bientôt en tant que sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Il a 21 ans. Pierre-Étienne, connu désormais sous le nom de Peter Stephen Du Ponceau, amènera l’Angleterre à reconnaître l’indépendance de ses colonies américaines. Faisant partie des négociateurs de cette indépendance, il recevra en remerciements le Master’s of Arts des mains de Washington, dont l’arrière-arrière-arrière-grand-père n’est autre que Nicolas Martiau, un Rétais !
Des talents diversifiés
À partir de 1783, il étudie le droit, est admis au barreau de Philadelphie et devient attorney en 1785. Brillant avocat, il refuse la fonction suprême de Chief judge (Premier juge) pour se consacrer à une clientèle privée qui participera à la constitution de l’immense fortune qu’il laissera à sa mort. Il contribue à la littérature juridique, traduit le Code de commerce français suivi du Code pénal français et son Exposé sur la Constitution des Etats-Unis d’Amérique reste son ouvrage le plus connu. Parallèlement il ne cesse de s’intéresser à la philologie ainsi qu’à la philosophie de l’histoire. Président de la Société philosophique américaine de 1827 à sa mort, il fit paraître plusieurs études relatives aux langues amérindiennes dont, en 1838, le Mémoire sur le système grammatical des langues de quelques nations indiennes de l’Amérique du Nord pour lequel il reçut le prix Volney(2). La même année, il publia une dissertation sur la nature et le caractère du système d’écriture des Chinois.
Membre de plus de quarante sociétés littéraires et scientifiques en Europe et en Amérique, correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1837, Peter Stephen Du Ponceau laissera, à son décès le 1er avril 1844, le souvenir d’un grand lettré.
Catherine Bréjat
(1) Nous utilisons ici la graphie américaine du nom de Du Ponceau que l’on trouve en France sous la forme Duponceau.
(2) Prix Volney : prix décerné par l’Institut de France, sur proposition de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, à propos d’un travail de philologie comparée.
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