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On les nomme visiteurs de prison, pourtant leur engagement n’a rien d’un loisir culturel !

La citadelle, au coeur des fortifications de Saint-Martin attire le regard des touristes, mais à l’exception de quelques bénévoles très motivés, elle ne se visite pas…
Il y a la famille et les proches, lorsqu’ils existent encore, les intervenants dans le cadre d’activités spécifiques, l’aumônerie, et restent les « visiteurs » pour maintenir tout au long de l’année le lien avec l’extérieur. Étonnamment, s’ils sont nombreux à se porter volontaires pour consacrer un moment régulier à l’écoute des pensionnaires de la citadelle de Saint-Martin, les demandes de visites sont loin de s’entasser sur le bureau de Thierry Broquelaire, Directeur du SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation). Répartis à peu près équitablement entre la citadelle et la caserne voisine, les 400 prisonniers de l’île purgent tous une longue peine. Un quart d’entre eux est en RCP (Réclusion Criminelle à Perpétuité), et la plupart ont déjà un parcours carcéral chargé. Thierry Broquelaire et son relai rétais Gondran Gourdon ont beau s’y atteler, la majorité des condamnés n’envisage même plus la sortie. Ils sont à peine une trentaine à bénéficier de leur droit de visite ! Pourtant cette volonté est un marqueur fort du degré de désir de réinsertion, au point que certains rares détenus avertis en jouent. Mais la subtilité du travail de l’équipe du SPIP, qui fait du « sur mesure » prend là tout son sens. En collaboration avec le personnel surveillant, les partenaires de l’insertion accompagnent chaque profil et nouent grâce aux visiteurs un maillage qui fait office d’indicateur. Ensemble, ils travaillent à limiter les effets désocialisant de l’incarcération, à maintenir un fil entre la société et les détenus qui croient encore une réinsertion possible.
À l’intérieur des murs
L’inquiétude… L’entrée dans un univers fermé, aux codes très stricts, régis par le Code de Procédure Pénale (décret n°85-836 du 6/08/85) ne se fait pas sans un parcours initiatique. Le statut de visiteur de prison est en effet assujetti à l’obtention d’un agrément, qui plus est temporaire (2 ans). Bien qu’il soit possible de proposer sa candidature dans le cadre d’une démarche personnelle, 12 des 15 visiteurs de la prison de Saint-Martin sont membres de l’ANVP (Association Nationale des Visiteurs de Prison). Les questions qui touchent à la sécurité et au milieu carcéral sont sensibles et méritent la concertation. Malgré les initiatives et les engagements forts, les personnes incarcérées sortent en plus mauvais état social, familial, financier et psychologique qu’à leur entrée. Faire place à un système réparateur, qui favorise une réinsertion durable et fasse baisser la récidive est au coeur de la mission des visiteurs dont l’action s’inscrit en complément du travail des services d’insertion pénitentiaire.
« En prison on ne travaille jamais seul » indique Thierry Broquelaire qui en est le Directeur départemental. Avec son équipe (ils sont 50), ils créent les outils nécessaires à une réelle individualisation des parcours. Gérer et rythmer le temps de détention par le maintien des liens familiaux, l’accès au droit et à la culture est leur objectif, la prévention du suicide leur priorité. C’est lui qui délivre les habilitations aux candidats, sur dossier et après entretiens. Une formation aux règles carcérales est dispensée à chacun. Son poste ? Une sorte de Directeur des ressources humaines comme on le connaît dans les entreprises. Il faut trouver la bonne personne à mettre en relation avec le bon intervenant.
Sur les pas de Denise, visiteuse depuis 8 ans
Traditionnellement à Saint-Martin, le profil des prisonniers varie selon qu’ils logent à la Citadelle ou à la Caserne. Côté Citadelle sont regroupés ceux qui ont les plus courtes peines (quoiqu’elles soient toutes supérieures à 5 ans), ceux qui sont aptes à travailler ou encore ceux qui ont une santé plus fragile. À la Caserne la tension monte d’un cran. Y sont présents tous les condamnés à perpétuité, ou à une peine supérieure à 15 ans, autant dire que le niveau de sécurité y est particulièrement renforcé ! Sur les 12 visiteurs adhérents à l’ANVP, seulement 3 pénètrent dans la Caserne, dont fait partie Denise qui s’y rend quasiment toutes les semaines depuis 2007. Cette retraitée de l’Éducation Nationale oeuvre activement pour la réinsertion qu’elle estime être avant tout un engagement citoyen. « Une prison qui fonctionne bien serait un indicateur d’une société apaisée » dit-elle. À ce titre et en tant que référente du centre de Saint- Martin, elle participe régulièrement à des ateliers de réflexion, comme la dernière table ronde le 17 novembre à l’occasion des Journées Nationales des Prisons, dont le thème était « La prison pour qui ? La prison pour quoi ? » Sur la route qui la mène au parloir, Denise fait abstraction de ses soucis personnels et se concentre sur sa mission. Elle ne va pas voir un prisonnier, elle va voir un être humain. Elle s’apprête à poser un regard sur une personne pour tenter de lui donner un horizon et l’aider à investir l’avenir, sans jugement. Qu’ils fassent des études ou qu’ils soient attendus, tous les leviers sont bons pour contribuer à tisser un lien avec l’extérieur. « Personne ne peut se mettre dans la peau d’un détenu, c’est tout simplement impossible » avoue Denise. Envoyer une carte postale de vacances ? Elle évite. Faire un cadeau à Noël ? C’est une tradition, néanmoins il pourrait mettre mal à l’aise celui qui ne pourra pas rendre l’attention. Elle opte pour des gourmandises, une pensée éphémère… Denise, maillon de la chaîne de la réinsertion, suit trois condamnés de la caserne, dont l’un depuis 2007. Le plus régulièrement possible, elle consacre une heure à accompagner moralement et matériellement, chacun d’entre eux vers un projet de sortie.
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