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Nolwenn Guedeau, une jeune femme talentueuse
A l’initiative de l’association Harp1, Nolwenn Guedeau, une enfant du pays, participe pour la première fois à une exposition de ses toiles, à Rivedoux-Plage. Rencontre avec une jeune femme étonnante.

Après des études secondaires dans l’île et à La Rochelle, Nolwenn Guedeau a mené de front une licence d’Histoire de l’Art à Poitiers avec des études d’archéologie à Tübingen, en Allemagne. Elle terminera son doctorat d’archéologie à Bonn, également en Allemagne puisqu’elle bénéficiait d’un financement allemand. L’archéologie l’avait toujours attirée. Il se trouve que le premier cours qu’elle suit, en débutant ses études à Poitiers, traite d’archéologie orientale. Emballée par le potentiel qu’elle découvre à ce cours, elle décide de se consacrer totalement à l’archéologie orientale.
La découverte du Moyen Orient
Lors de sa première mission en Irak, en 2017, elle se rendra dans la région du Kurdistan, au nord du pays, ce qui lui permettra de découvrir à la fois une civilisation héritée de Sumer, qui ne fera que renforcer son intérêt pour le Proche et le Moyen Orient, et les Kurdes, un groupe ethnique iranien dont la langue a des origines et une cuisine persanes. Elle appréciera la musique classique, l’art que la religion n’a pas réussi à totalement museler, une nourriture qu’elle qualifie de « merveilleuse » et une population pour qui l’hospitalité n’est pas un vain mot et avec qui elle réussit à avoir des contacts, même si les femmes ne sont pas nombreuses dans les rues. Cependant, l’année 2017 est marquée en Irak par la lutte contre l’Etat Islamique et de graves troubles interviennent durant le séjour de Nolwenn, qui l’obligent à fuir le pays dans un taxi mini-bus, sans les encadrements sécuritaires habituellement réservés aux chercheurs empruntant l’unique route existante et que des milliers d’autres personnes voulaient également utiliser. Elle accomplit un grand périple, passant par la Turquie jusqu’à l’aéroport international de Diyarbakir à partir duquel elle rejoindra l’Europe. Périple dangereux et formateur : en un seul voyage, elle aura été confrontée à tous les dangers que l’on rencontre dans un pays où règne la guérilla alors que l’on est une fragile jeune femme de 21 ans !
Nolwenn sortira mûrie de cette expérience, toujours aussi enthousiaste à propos des merveilles que renferment ces pays et de l’accueil des populations. Elle continuera d’effectuer chaque année des missions à risques du fait des situations géopolitiques compliquées en Arabie Saoudite, Liban, Oman, Jordanie, Egypte, Azerbaïdjan, Turkménistan, etc. En 2021, elle est nommée associée de recherches à l’université de Bonn et accède enfin à une rémunération décente !
Un univers délicat et stylé
Face à cette jeune femme parcourant le monde dans des conditions difficiles qui semblent laisser peu de temps aux loisirs, l’exposition ayant eu lieu à Rivedoux- Plage dévoile un univers délicat, sensible et très personnel. Ce qu’elle peint, à l’acrylique, ne ressemble à rien d’autre exposé dans l’île actuellement : pas de mer d’huile, pas de bateaux de plaisance et encore moins de soleils couchant, mais un monde raffiné de femmes élégantes, vêtues sobrement, aux bijoux discrets remplissant admirablement leur rôle de contrepoint. L’ambiance est très Bloomsbury2 et on s’attend à voir Virginia Woolf servir le thé. Trois portraits de femmes ressortaient particulièrement en raison de leur regard pénétrant. Un phénomène de moindre envergure mais néanmoins présent dans les autres toiles. Tout passe par les yeux. Cette jeune femme autodidacte, qui pour ses portraits s’en tient aux conseils donnés par son père pour utiliser la lumière, possède une palette personnelle où le noir est important mais toujours accompagné d’ocre, de roux flamboyant virant au terre de sienne ou d’un violet liturgique. C’est au moment où l’on se dit qu’il ne manque plus qu’une musique de fond pour donner vie à cette réunion d’intellectuelles que Nolwenn avoue qu’elle a toujours fait de la musique. Elle écrit des textes qu’elle met en musique sur un petit clavier qui ne la quitte pas puis les chante et fait le mixage ellemême. Depuis maintenant un peu plus d’une année, elle publie ses créations via un diffuseur sur des plateformes de musique telles Deezer, Spotify, Apple Music… A part quelques leçons de piano étant enfant, elle n’a suivi aucune formation, ni de cours d’harmonie ou de composition. Et ça marche !
Cette jeune femme d’une grande sensibilité artistique et à qui tout réussit est à un tournant de sa vie. Elle a envie d’un grand jardin où elle élèvera des enfants. Ce qui est incompatible avec son mode de vie actuel. Elle se donne une année encore pour atteindre l’âge fatidique de 30 ans et décider de son orientation future. Comme elle l’exprime très clairement « J’ai beaucoup de cordes à mon arc, mais je ne sais pas encore comment combiner le tout pour obtenir mon jardin ». D’ici là, elle repart une année en Arabie Saoudite qui « n’est pas son endroit préféré sur cette terre ! »
1 : Association Les Horizons Artistiques de Rivedoux-Plage
2 : Bloomsbury Group, groupe réunissant des artistes, universitaires et intellectuels en majorité britanniques dont Virginia Woolf et ses proches faisaient partie (premières années du XXe siècle jusqu’au début de la 2e Guerre mondiale).
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