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Naufrage du Boréal

Cela faisait quarante ans qu’il trônait fièrement dans le port de Saint-Martin. En route vers l’Angleterre où son propriétaire avait décidé de l’offrir à d’anciens coéquipiers, le mythique 2 mâts a tiré sa révérence.
Entre instinct et destin, François de La Rocque n’a jamais choisi, convaincu que les deux forment un couple inséparable. Lorsqu’il prend possession du Boréal en 1979, la complicité avec ce bateau atypique est évidente, les épousailles avec le voilier de caractère immédiates. Dès lors, l’homme de nature ne cessera d’alterner les aventures entre son exploitation de fruits, légumes et fleurs de saison « Le jardin du Boréal » et les caprices des océans toujours défiés sur son ketch du même nom. Sur terre, la vie est bohème aux côtés de « Jaja » l’amie de toujours. Le fusilier marin qui s’illustra pendant la Seconde Guerre mondiale à l’occasion du débarquement sur l’île d’Oléron, construit son identité de femme en même temps que son second bateau dans les champs de poireaux de François. En mer, là encore les épisodes folkloriques s’enchaînent, de dérives en tempêtes bravées, dignement fêtées le soir autour du poêle à bois.
Histoires intimes, voyage ultime
Des anecdotes, François en a des tonnes, au moins autant que la charge de son bateau qui en pesait 24. Comme en 1984, quand après 12 jours de navigation il aperçoit enfin l’île de Madère et son phare signalé sur la pointe Est de la carte hydrographique de 1848 qui lui tient lieu de guide. Il y a bien quelques petits points noirs autour de ce repère, petites tâches sans doute laissées par le temps. Il l’apprendra à ses dépens : on ne badine pas avec la minutie de ces précieux documents…C’est un imposant rocher que le Boréal affronte de plein fouet, dont le colosse, mélange de grillage soudé et de béton marin ne fait heureusement qu’une bouchée. Ainsi, en quarante années, cinq transats et trois expéditions de neuf mois à chaque fois, le navire écrira sa légende autant qu’il tricotera la vie de son heureux propriétaire. Rien ne semblait annoncer qu’une voie d’eau signerait la fin de ses folles pérégrinations, coulant à pic par le fond. Au large de Concarneau, il reste sous 200 mètres d’eau, le témoin d’une amitié elle aussi sans faille. Et si les objets avaient une âme ?
Marie-Victoire Vergnaud
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