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Mon beau sapin, roi des plages, que j’aime ton recyclage !
À Noël ils scintillent, majestueux dans nos salons, puis soudain on les déshabille, pour au plus vite s’en débarrasser. L’éphémère conifère est pourtant très utile pour consolider les dunes du littoral.
C’est la traditionnelle corvée de début d’année. La magie des fêtes est finie, il faut lui enlever ses guirlandes et ses boules, balayer les dernières aiguilles, le traîner hors de chez soi, l’enfourner dans le coffre de sa voiture… Triste destin du sapin trop souvent encore voué à finir dans la benne d’une déchetterie.
Depuis dix ans, les collectivités se mobilisent pour lui offrir une seconde vie bien plus opportune que l’incinération… Dans la majorité des grandes agglomérations, les habitants sont invités à déposer leur sapin sur le trottoir à des dates précises (c’est l’option choisie par exemple, par la ville de Dijon qui lançait le dispositif pour la première fois en janvier). À Paris, ce sont 174 points de collecte qui permettent de procéder actuellement au recyclage de près de 100 000 arbres, qui serviront une fois broyés, comme dans les autres zones urbaines, de compost, de paillage dans les espaces verts ou de combustibles pour chaudières à bois.
Sur le littoral atlantique, le dépôt des branchages sur les dunes est l’héritage d’une technique anti-érosion ancienne. Pour autant l’idée de combiner le périssable symbole avec une opération en faveur de l’environnement est quant à elle plus récente.
Longtemps ce sont des oyats que les écoliers de l’île plantaient en rempart aux balades du sable, poussé par le vent en direction de l’intérieur des terres. Depuis cinq ans, l’association Dunes Attitudes procède en partenariat avec L’Office national des forêts au ramassage des sapins de l’île. Sensibles aux enjeux de la préservation de l’environnement (davantage sans doute sur un site tel que le nôtre), les Rétais jouent le jeu au point que les résultats probants obtenus inspirent nos voisins mais aussi une étude pour exporter le procédé à Miami en Floride.
L’île de Ré imitée
Au pays basque, à Arcachon, Nantes ou Brest, la vertueuse pratique trouve chaque année un peu plus d’adeptes. Sur la Côte d’opale aussi l’expérience vient d’être tentée avec l’espoir de voir le coupe-vent de résineux résister aux assauts de la Mer du Nord.
Chez nous la méthode des pièges accroche-sable disposés dans “les dents creuses” formées par les mouvements de marée, a permis de gagner « 60 à 120 cm de hauteur selon les plages » attestait Philippe Pouvesle, technicien forestier de l’ONF qui orchestre l’opération chaque hiver en soutien aux bénévoles de Dunes attitudes.
Dimanche 10 février, Gérard Juin, le président de l’association, était présent au petit matin pour la phase finale sur la plage du Petit Sergent au Bois (seule commune de l’île qui n’a pas pris l’eau au passage de Xynthia, en février 2010 grâce à la digue naturelle que forme son cordon dunaire). Il expliquait : « Les côtes sont toujours un peu plus grignotées, fragilisées par l’urbanisation, le piétinement et les tempêtes hivernales. Les branchages qui viennent combler les trous agissent comme un filet que le sable recouvre très rapidement ».
Découpés et regroupés en petits tas, les boules d’aiguilles des sapins récoltés dans les différentes communes jusqu’à mi-janvier ont été disposées jusqu’au « Pas de la batterie » vers La Couarde sur les zones de fragilité détectées par l’ONF.
Point d’intervention cette année au Nord de l’île comme ce fut le cas l’hiver dernier via la participation active de l’Association pour la valorisation des sites de Saint-Clément (AVSCB). Le cordon dunaire est dorénavant suffisamment protégé, ce qui n’a pas empêché les membres de prêter main forte à leurs amis du Bois.
Marie-Victoire Vergnaud
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