L’Ile de Ré, terre d’énergie solaire?
Le développement du solaire sur l’île de Ré n’est pas si simple, même si la volonté politique s’est affirmée ces dernières années.

Si aucune donnée concernant le temps annuel moyen d’ensoleillement de l’Ile de Ré n’existe, il peut néanmoins être rapproché de celui de sa voisine La Rochelle, ville la plus ensoleillée de la façade atlantique avec 2 300h par an de moyenne. Pas de doute, l’énergie solaire a ici sa place. Alors où en est-on ?
Contexte légal général
Depuis 2020, la législation n’a fait qu’affirmer l’urgence de développer les énergies renouvelables et parmi elles l’énergie solaire : la loi Climat et Résilience d’août 2021, une circulaire interministérielle en décembre 2022 concernant les panneaux solaires, puis en mars 2023 une loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, et enfin une directive européenne, toujours en 2023, inscrivant 42% de ces énergies vertueuses dans le mix européen à l’horizon 2030.
Et ses effets dans l’île de Ré
A l’île de Ré (qui ne produit que 0,1% de son énergie), ces évolutions législatives et une prise de conscience écologique renforcée ont mobilisé les élus. En 2022, la modification simplifiée du PLUi* a assoupli les conditions d’installation de panneaux photovoltaïques dans le cadre extrêmement contraint de l’urbanisme insulaire, et plusieurs supports de sensibilisation ont été mis en place, avec pour exemple la création d’un cadastre solaire, le recensement des artisans compétents, l’intégration d’un conseiller dédié aux EnR* dans la récente Maison de l’Habitat, et un objectif : produire 23% de la consommation électrique du territoire grâce au solaire à l’horizon 2035.
Avant-Après
Afin de pouvoir mesurer son évolution sur le territoire, l’association Ré Avenir avait, en 2020, réalisé une enquête aux résultats révélateurs : seulement quinze dossiers de demandes déposés, recueillant un avis négatif de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) dans douze cas. A la suite de la modification du PLUi (entrée en vigueur en juillet 2023), supprimant notamment la contrainte d’encastrement des panneaux dans la toiture, l’association a jugé utile de produire une nouvelle étude sur l’année 2024. Ce qui nous amène en juillet de cette année côté résultats.
En progrès mais…
Depuis 2020, les demandes ont été multipliées par dix, passant de quinze à cent quarante dossiers et sur ceux-ci, quatre-vingts ont été autorisés conjointement par les communes et l’ABF. La progression est donc notable, à remettre toutefois en perspective avec la population insulaire, proche des 18 000 habitants. Restent près de soixante refus, les maires suivant dans la majorité des cas l’avis de l’ABF.
Une analyse plus fine des motivations de ces refus montre que « dans bien des cas, l’ABF tient peu compte des préconisations du PLUi », souligne Philippe Chatin, en charge de cette enquête au sein de Ré Avenir. A la lecture de certains avis, il relève parfois des contradictions avec ce dernier, ou encore des formulations imprécises pouvant créer une « incertitude chez le porteur du dossier », assorties de prescriptions pouvant mener celui-ci à abandonner son projet. Bref, « ça a du mal à prendre », conclut-il.
Quelles perspectives ?
Les quatre-vingts autorisations données en 2024 permettront une production énergétique d’environ 320 MWH*, soit « la consommation moyenne de vingt-cinq foyers rétais », souligne le rapport d’enquête, précisant qu’à ce rythme il faudra cent soixante ans pour atteindre l’objectif de 23% fixé par les pouvoirs publics insulaires. Considérant également le nombre important des résidences secondaires (2/3 des habitations), dont les propriétaires peuvent être peu enclins à entreprendre une mutation pour un usage essentiellement estival de leurs biens, il semble clair que le développement de l’énergie solaire ne peut reposer sur les seules initiatives des particuliers.
Mais un réel potentiel existe, semblet- il, du côté des ensembles collectifs, bâtiments publics et parkings. Mieux exploité, il pourrait sans doute améliorer les performances du territoire.
Le chemin est long et nombre de facteurs sont à considérer, parmi lesquels certains relèvent du niveau national, à l’heure de l’instabilité et d’un contexte budgétaire pour le moins épineux. Néanmoins, le sujet demeure un enjeu majeur pour une île de Ré se désirant active et impliquée, et la transition énergétique s’invitera sans doute dans le paysage des échéances municipales à venir.
*PLUi : Plan local d’urbanisme intercommunal / EnR : Énergies renouvelables / MWH : mégawattheure.
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