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Les fleurs des dunes, fragiles et solides à la fois

Avoir les pieds dans le sable, être baigné d’embruns et de soleil. Ce pourrait être le début d’un récit de vacances, alors qu’il s’agit tout simplement du quotidien de combattantes et de résistantes qui habitent les dunes. Les plantes dunaires se développent et s’adaptent dans des conditions très rudes et jouent un rôle essentiel pour retenir le sable et limiter l’érosion.
Quand vient le printemps ou l’été, elles colorent les dunes de milliers de fleurs. Un spectacle formidable, un trésor pour la biodiversité.
Il fut une époque où la cueillette des fleurs sauvages dans les dunes était à la mode, pour faire des bouquets de fleurs séchées. « Heureusement ce temps est révolu et la flore des dunes se reconstitue naturellement », souligne Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement et vice-président national de la Ligue pour la protection des oiseaux. Ce naturaliste passionné se réjouit de la présence d’espèces rares dans les dunes rétaises. « Le cynoglosse des dunes ou omphalode du littoral est protégé nationalement sur la liste rouge. Cette plante annuelle qui naît avec les pluies d’automne et fleurit en mars-avril est présente dans l’île. Tout comme l’oeillet des dunes, protégé nationalement sur la liste rouge ainsi que l’euphraise de Jaubert. Au total dans l’île de Ré, on compte cinq espèces protégées au niveau national, » poursuit Dominique Chevillon.

Capter la moindre goutte d’eau pour survivre
« L’oeillet des dunes avait presque disparu, il était beaucoup cueilli à La Couarde-sur-Mer où il était très courant. Parfois les promeneurs arrachaient aussi les plants pour les mettre dans leur jardin, cela a accéléré la régression de la plante. Désormais, les cueillettes ne sont plus à la mode, et c’est tant mieux pour les fleurs des dunes. »
Contempler les fleurs des dunes est une satisfaction bien suffisante. Ces plantes des dunes ont adapté des modes de vie qui sont ceux de plantes annuelles et survivent dans un milieu très difficile. En haut de plage, le cakilier et les giroflées vivent sur le sable presque nu. La laisse de mer – autrement dit les algues déposées par la mer – les aide à croître.
Dans les milieux sableux la plante doit pouvoir capter la goutte d’eau de pluie quand elle passe, car elle ne fait que passer et traverse très rapidement le sable. Grâce à leurs racines très développées, les plantes fixent les dunes et permettent de lutter contre l’érosion, comme par exemple les oyats qui ont été plantés sous l’empire napoléonien pour stabiliser le sable et empêcher la dune d’envahir les plantations ou les villages.
S’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est que la plupart des plantes qui vivent dans les dunes sont des espèces protégées voire très rares et qu’il ne faut pas les cueillir. Si certaines semblent abondantes dans l’île de Ré, elles peuvent être rares en France d’une manière générale. Et quel spectacle de les voir refleurir chaque année !
POUR EN SAVOIR PLUS
L’association Ré Nature Environnement participe activement à l’inventaire botanique rétais en partenariat avec le Conservatoire national botanique du Sud-Atlantique et a également mis en ligne un site Internet très complet (plus de 800 plantes, 400 oiseaux, etc.) accessible à l’adresse : www.renatureenvironnement.fr
Pour aller plus loin, deux ouvrages incontournables :
Guide des plantes sauvages des îles charentaises (Ré, Aix, Oléron), par Cécilia Saunier-Court avec Hervé Roques, Editions Sud Ouest
La Vie dans les dunes du Centre-Ouest, flore et faune, Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest


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