- Environnement & Patrimoine
- Patrimoine
- Patrimoine maritime et militaire
Le sémaphore des Baleines, un rôle méconnu
Deux cents personnes ont visité le sémaphore de l’Île de Ré, à Saint-Clément-des-Baleines, lors des journées européennes du patrimoine, samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025. L’occasion pour les militaires qui y travaillent d’expliquer leurs missions, qui vont au-delà de la surveillance maritime.
Les panneaux « Terrain militaire, défense de pénétrer » jalonnent le grillage qui clôture le terrain du sémaphore des Baleines, à Saint- Clément. Pourtant, dimanche 21 septembre, un groupe de dix personnes attend son tour de visite. Tous se sont inscrits dans le cadre des journées européennes du patrimoine, après vérification de la carte d’identité. « Nous avons repris les visites pour les journées européennes du patrimoine l’année dernière. Depuis 2015 et une tentative d’attentat avortée en méditerranée dans un sémaphore, les JEP étaient annulées », entame « monsieur le chef de poste ». Pour des raisons de sécurité, il taira son nom. Cette année, le site militaire de l’Île de Ré a fait carton plein : les dix créneaux ouverts au public étaient complets.
Tour de guet, vue sur mer
« Monsieur le chef de poste » démarre la visite dans la cour. Il brosse le portrait du métier : les militaires qui travaillent dans les sémaphores dépendent de la marine nationale. On les appelle guetteurs sémaphoriques ou guetteurs de la flotte. « Bienvenue en passerelle », poursuit-il quand le groupe arrive en haut de l’édifice. Cette sorte de tour de guet maritime est perchée à une trentaine de mètres au-dessus de la mer. D’emblée, il présente la paire de jumelles longue portée, montée sur roulettes, qui trône au milieu de la pièce, vue sur mer à 270 degrés. « Elles grossissent jusqu’à 25 fois et sont notre principal outil de travail, avec nos yeux et le radar. Nous utilisons aussi des drones mais c’est plus limité car il ne faut ni vent ni pluie. » Les guetteurs se servent aussi du « système AIS (Automatic Identification System) et du logiciel Spationav ».
En clair, les militaires scannent à longueur de journée tout ce qui est sur l’eau. Ils repèrent les bateaux qui entrent et sortent d’une zone qui comprend le pertuis d’Antioche, le large de l’Île d’Oléron et la côte vendéenne. Ils remplissent alors leur fiche d’identité. Sont notamment renseignés le numéro IMO (International maritime organization -, numéro unique à sept chiffres, attribué à chaque navire de commerce ou de grande taille par l’Organisation maritime internationale), la provenance, la destination, ce qui est transporté et le nombre de personnes à bord. La fiche d’identité est transmise aux autres sémaphores et au centre opérationnel de la marine. Si le bateau accoste, par exemple « dans le port des Sables-d’Olonne ou de La Pallice, nous remettons sa fiche à jour ».
Repérer, coordonner
Les guetteurs de la flotte ont aussi pour mission de garder un oeil attentif sur les baigneurs, les pêcheurs à pied ou encore les bateaux de plaisance. « Quand la mer descend, les rochers découvrent, de la pointe du phare des Baleines jusqu’au phare des Baleineaux », indique le chef de poste. En cas d’avarie ou d’accident, le sémaphore, aux avants postes géographiques, est bien souvent le premier à le voir. Il transmet alors le message au Cross (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage), qui coordonne les opérations de sauvetage sur délégation du préfet maritime.
Au-delà de l’espace maritime, « nous exerçons une surveillance – visuelle seulement – de l’espace aérien. Nous recensons tout aéronef français et étranger. Dans le cas d’un aéronef étranger, nous le signalons à Brest pour savoir s’il a bien une autorisation de vol. »
Préserver l’environnement
Les sémaphores intègrent de nouvelles missions confiées par le Cacem (Centre d’appui au contrôle de l’environnement marin), comme la surveillance des aires protégées Natura 2000. Les guetteurs pistent les comportements à risque, ils assurent une veille antipollution notamment sur les hydrocarbures et les déchets plastiques dans une zone très fréquentée l’été par les touristes.
Sur le plan terrestre, les guetteurs, perchés dans leur passerelle, peuvent être amenés à détecter des feux de forêt, des accidents de la route ou encore des cambriolages. En bref, « tout ce qui est anormal », condense le chef de poste. Il ajoute : « Il faut être curieux et sur le qui-vive pour faire ce métier ».
25 sémaphores, de l’Espagne au Mont-Saint-Michel
« Les sémaphores ont été créés sous Napoléon pour retransmettre les messages des navires militaires vers les stations terrestres », présente « monsieur le chef de poste ». A l’origine, la côte Atlantique comptait un « relai de transmission tous les trente kilomètres. Avec le développement technologique, les zones de détection des sémaphores ont augmenté. Et leur nombre a diminué. Il n’y en a plus que vingt-cinq entre la frontière espagnole et la baie du Mont-Saint-Michel ».
Lire aussi
-
Environnement & PatrimoineFestival Alimenterre : une soirée à La Maline
Dans le cadre de ce festival désormais bien connu des Rétais, la projection d’un documentaire, suivie d’un débat, est proposée le 14 novembre, de 18h à 20h30.
-
Environnement & PatrimoineCôtes d’alerte
Longtemps délaissées par la recherche, les falaises de l’île de Ré, fortement soumises à l’érosion, sont désormais scrutées à la loupe par les scientifiques rochelais.!
-
Environnement & PatrimoineLa Janthine II baptisée dans le port de La Flotte.

Je souhaite réagir à cet article