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- Lettre ouverte du collectif Nemo n°13
Le renoncement de l’État à Oléron 1 et 2 : de plus en plus probable et… justifié !
Chères et chers élus, adhérents, sympathisants, citoyennes et citoyens de Charente Maritime, aujourd’hui 20 août 2025, le Collectif NEMO, qui vous accompagne depuis 2016 sur l’éolien offshore au large de nos côtes, peut écrire que chaque jour qui passe renforce un peu plus la certitude des risques encourus du fait des projets industriels éoliens d’Oléron 1 et 2 dans toutes leurs dimensions.

Qu’elles soient environnementales, socio-économiques, financières, technologiques, juridiques, politiques, d’acceptabilité… ou même démocratiques, tant l’échec est maintenant prévisible car évident, et palpable par tous les citoyens qui n’accepteront pas de payer très cher (ce sont eux qui payent !) les atermoiements et errements de dirigeants irresponsables et dispendieux favorables à ces projets !
« Que diable sont-ils allés faire dans cette galère1?», c’est la question que doivent se poser nos gouvernants et les services de l’État. Car ces projets rassemblent de tels inconvénients qu’ils n’auraient pas dû voir le jour : mal pensés, mal menés, mal documentés…
Qui prendra enfin la bonne décision, celle d’abandonner cette aventure inadaptée et si dispendieuse ?
1 – Molière, les fourberies de Scapin
1- Rappel cartographique : les projets éoliens offshores prévus par l’État au large de nos côtes
Décision du Journal Officiel du 18 octobre 2024 :
carte, programmés pour 2032 – 2034, à 50 km d’Oléron et de Ré, n’ont pas encore fait l’objet de décisions administrative et juridique. Mais situés en zone Natura 2000, nous poursuivrons les contentieux.
* Les projets en rose, Golfe Gascogne Nord et Golfe Gascogne Sud, pour 2035, à 100 km d’Oléron et Ré, ne sont pas en Natura 2000.
* Les projets en vert, Golfe Gascogne Ouest, pour 2050, à 135 km d’Oléron et Ré, ne sont pas en Natura 2000. L’Etat nous a donc partiellement écoutés…
Planification éolien offshore – Commission spécialisée éolien en mer 17/12/2024
2 – Les 5 raisons pour lesquelles NEMO se bat depuis 10 ans
L’éolien industriel marin d’Oléron détruira des écosystèmes marins riches et fragiles
La richesse et la fragilité de ces milieux ont été largement documentés par les organismes scientifiques: MNHN, LPO, Pelagis, CNRS, Université La Rochelle :
* Zones vitales de stationnement pour des milliers d’oiseaux 8 mois par an avant leur nidification au nord de l’Europe et de l’Amérique !
* « Fly way », tracé migratoire des oiseaux entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique pour des dizaines de millions de migrateurs deux fois par an !
* Espèces rarissimes comme le Puffin des Baléares !
* Destruction des fonds benthiques, perturbation (turbidité, courants, frayère, nourriceries, migration…) car les superstructures installées brasseront puissamment les colonnes d’eau et les colonnes d’air (sources OFB et Conseil National de Protection de la Nature).
Rappelons que les localisations Oléron 1 et 2 ont été décidées sans évaluations environnementales préalables.
L’éolien industriel marin d’Oléron détruira la filière Pêche artisanale régionale par suppression des zones de pêche, et installera l’insécurité maritime pour les navigants
* Des espèces à forte valeur ajoutée concernées (bar, thon, merlu, sole, langoustine…).
* Au moins 350 bateaux impactés, 900 marins, 4000 emplois…
L’éolien industriel marin d’Oléron détruira la socio-économie réelle du département
Il faut dire NON à l’économie éolienne sous perfusion de subventions publiques dont on connaît les considérables charges budgétaires, les fausses prévisions et promesses d’emplois, et appauvrissements durables par l’affaiblissement des activités locales !
Et OUI à l’économie réelle et historique de Charente- Maritime ! Tourisme, pêche, conchyliculture, aviation, agriculture…
L’éolien industriel marin d’Oléron détruira les paysages
Ceci est confirmé malgré des simulations complaisantes…, et amplifié par le gigantisme des éoliennes prévues (15 MW, 300 m de haut).
La non prise en compte des activités déjà exercées en mer alors que la Directive européenne «Planification des activités en mer» de 2014 a été décidée pour tenir compte de leur existence antérieure !
Pourquoi Oléron 1 et 2 ont-ils été localisés avant que la planification des zones propices ne soit réalisée en France ? A fortiori dans des sites Natura 2000 !
Enfin des projets refusés par une grande majorité de la population et des élus lors du Débat Public, alors qu’on parle d’acceptabilité nécessaire !


3 – Les nouvelles donnes qui « plombent » gravement Oléron 1 et 2
1 – La nouvelle donne du contexte international
Le contexte géopolitique avec ses guerres, tensions exacerbées, accords internationaux, et OMC bafouée, voit la loi des 3 grands USA – Russie – Chine s’imposer au profit de leurs seuls intérêts actuels : tensions et actes de guerre par la Russie, appropriation de fonciers et de droits d’exploitations, ralentissement ou suppression des approvisionnements par la Chine chef de file industriel mondial de l’éolien (compétences, coûts bas, quasi- monopole des terres rares …), droits de douanes augmentés, America First, et abandon de grands projets éoliens par les USA…
Ce contexte à risques joue contre l’industrie de l’éolien qui paie le prix fort et subit des délais pour les terres rares et matériaux spécifiques transportés par mer.
L’Europe et la France subissent sans résistance ces risques.
L’inflation, facteur d’instabilité qui se nourrit des tensions géopolitiques, réapparaît dans de nombreux pays, et augmente les prix.
2 – La nouvelle donne politique en France sur l’énergie
Le dossier Énergie est maintenant au coeur des débats politiques en France et en Europe. Une opposition organisée contre les énergies renouvelables s’est développée.
La 3ème Programmation pour l’Energie (PPE3) fait l’objet de tristes manoeuvres avec des conflits au sein de tous les partis politiques notamment sur l’arbitrage entre énergie nucléaire et énergies renouvelables.
L’augmentation très forte des prix de l’électricité devient à juste titre centrale dans tous les débats.
Le discours enchanteur des énergies, solaire et éolien, propres, écologiques, aux mille vertus «vivrait ses derniers jours».
La presse en parle : changement notoire, car hier c’était l’omerta !
3 – La nouvelle donne financière
Les subventions publiques ont nourri l’éolien offshore allemand, espagnol, danois, belge, hollandais. Ces pays ont soutenu leurs industriels producteurs d’éoliennes comme Siemens, Gamesa, Iberdrola, Orsted, Vestas, Bladt industries.

La France, sans filière industrielle éolien offshore, a donc subventionné jusqu’à aujourd’hui ces industriels étrangers en leur achetant leurs éoliennes.
Jusqu’à la descente aux enfers actuelle des finances publiques qui rend insupportable ces perfusions d’argent public, dans un contexte économique très dégradé pour la France.
Signe classique, les financiers attirés hier par cette manne publique s’éloignent aujourd’hui rapidement devant les risques nombreux du marchés des éoliennes marines. A plus forte raison, avec l’arrivée imminente des industriels chinois qui vont laminer le marché des éoliennes par des prix bas sans concurrence.
Conséquence de la générosité française à l’égard des ENR, le prix de l’électricité, longtemps stable, vit une hausse d’environ 9 %/an, puisqu’entre 2008 – date de l’envol de l’éolien et du solaire – et 2024, le prix du MWh (sources SDES du Ministère de la transition écologique, RTE) est passé de 112 euros à 278 euros soit une augmentation de 148 %, proportionnellement à l’augmentation de la puissance installée en éolien et solaire2.
Insupportable pour le particulier comme pour l’artisan (boulangers, métiers de bouche) !
2 – http://www.eolien-oleron.fr/wp-content/uploads/2024/03/Lettre-cout-de-leolien-7.pdf

Les projets éoliens comme Oléron 1 et 2 rendent l’avenir encore plus sombre! Car le péché originel des ENR (éolien, solaire..) est leur intermittence, leur production dépendant du vent ou du soleil. Elles sont donc non pilotables, avec l’impossibilité d’un stockage autre que marginal de la production, c’est-à-dire non garanties à tout moment. Du fait des contrats signés par l’État français et des règles actuelles du marché européen de l’électricité les ENR sont prioritaires sur les réseaux de distribution d’électricité, avantageant ainsi les producteurs ENR sur les producteurs d’électricité pilotable, pourtant garanties à tout moment (surtout centrales nucléaires et hydroélectriques en France).
Que l’État privilégie de prioriser des électricités non pilotables, non garanties, sur des électricités pilotables garanties et moins chères, peut être admis pour une expérimentation, mais devient une tare condamnable en exploitation industrielle habituelle. Sauf à considérer que le citoyen -consommateur paiera la facture, des largesses des gouvernants aux industriels ! Inadmissible !
4 – La nouvelle donne technologique
SCOOP/FLOP N°1
Le raccordement des éoliennes d’Oléron 1 à Granzay-Gript – autoroute A10 voit son coût passer de 1 Milliard d’euros annoncé en déc 2023 à 2,5 Milliards annoncés en déc 2024 et à 3 Milliards en août 2025 aujourd’hui (source RTE) payés par les consommateurs citoyens ! Combien demain ? Il est vrai que c’est le record du monde de longueur pour aller chercher la Haute Tension : 160 km.
La localisation d’Oléron 1, par des fonds de moins 70 m, prévoit un parc posé, or implanter à cette profondeur n’a jamais été réalisé dans le monde. En Mer du nord, on est maxi à – 60 m, idem aux USA, en Chine… Les industriels interrogés, affirment que c’est plus cher, et possible dans une phase prototype exploratoire, mais pas directement en parc d’exploitation (fixer un prix sans expériences menées et réussies est plus qu’hasardeux). Davantage de matériaux, et plus de difficultés d’implantation, des bateaux d’installation des structures qui n’existent pas encore…
Il faut ici rappeler que le raccordement à terre présentera une autre originalité européenne, sa longueur. De la station en mer jusqu’à la connexion avec la Très Haute Tension à Granzay Gript : 160 km ! Passage dans le Pertuis d’Antioche (Natura 2000, Parc Naturel Marin), arrivée en site classé pour l’atterrage, passage dans le Marais Poitevin en Natura 2000 : coût 2025 = 3 milliards d’euros (source RTE) ; combien demain ? Partout dans le monde, les connections THT se font sur un emplacement côtier équipé de THT, ex Saint-Nazaire…
La localisation d’Oléron 2 prévoit un parc flottant qui pose d’autres questions : l’immaturité de la technologie, la course au gigantisme assumée des structures éoliennes (15 MW, 300m) et les contraintes propres au Golfe de Gascogne (houles importantes, vents parmi les plus faibles d’Europe) alors que l’entreprise chinoise Mingyang SE vient de tester un prototype d’éolienne de puissance 20 MW, dont les impacts sur le climat local sont en cours de documentation.
Pas grave ! En France on ne fait pas d’évaluation environnementale préalable ! Amis Rétais, Oléronnais, Rochelais accepterez-vous qu’on change le climat de votre lieu de vie ? Plus chaud, plus sec !
Soyons clairs, la technologie n’est jamais un problème technique (dit l’ingénieur) mais c’est vite un sujet économique (tranche le DG), il faut gagner de l’argent.
5 – La nouvelle donne économique avec l’exemple explicite d’oléron 1 et 2
SCOOP/FLOP N°2
Un raccordement GILA pour Gironde – Loire-Atlantique qui partira de la presqu’ile du Médoc (ligne à Haute Tension) jusqu’à Saint- Nazaire (ligne à Haute Tension) sur plusieurs centaines de km, pour connecter et collecter l’électricité produite par deux parcs éoliens offshores AU LARGE dont Oléron 2, seulement. Coût faramineux attendu !
L’éolien industriel marin a bénéficié en Europe d’un modèle économique subventionné qui a attiré les industriels allemands, danois, espagnols et autres et leur a permis de faire tourner les usines métallurgiques (acier) et à béton pour chercher le vent en hauteur et produire de l’électricité. Aujourd’hui « le vent a tourné » :
1. Les financements publics mais aussi privés se raréfient. Fin des subventions open bar !
2. Le système éolien industriel marin cherche un modèle viable qui est percuté de plein fouet par :
a. les limites économiques et financières de l’empilage production d’énergie pilotable + production d’énergie intermittente. Cet empilage est insupportable car il augmente le prix de l’électricité de 100 % tous les 10 ans, alors que se profile une explosion des factures d’électricité pour les Français. Qui peut penser qu’on puisse électrifier toutes les activités (transports et habitats par ex) avec une telle menace ?
b. Les coûts de la mise à niveau du réseau électrique et le raccordement des ENR disséminés sur le territoire en mer et à terre sont estimés pour le moment à 200 milliards d’euros pour RTE et ENEDIS, somme qui sera facturée aux citoyens sur leur consommation d’énergie et de taxes sur le raccordement au réseau. L’inadaptation du réseau électrique de distribution aux ENR est considérable et n’a pas été prévue en amont. Aux Pays-Bas3 le retard d’adaptation du réseau interdit désormais tout raccordement de nouveaux consommateurs avant dix ans !
c. Les exemple des coûts de raccordement de 3 milliards d’euros d’Oléron 1, les coûts faramineux non chiffrés de raccordement d’Oléron 2 entre la Gironde et la Loire Atlantique sont évocateurs…
d. des complexités technologiques qui s’ajoutent pour Oléron 1 et 2, et qui renchérissent encore les coûts…
SCOOP/FLOP N°3
Les connexions RTE des éoliennes et photovoltaïques chiffrées à 100 Milliards d’euros pour les 10 ans à venir en France. (source CRE et RTE) à la louche comme d’habitude ! Combien demain ? Voir l’exemple du coût de raccordement d’Oléron 1
SCOOP/FLOP N°4
Le Grand Port Maritime de La Rochelle trop à l’étroit ! L’État envisage de stocker les flotteurs des éoliennes prévues dans le pertuis d’Antioche ! Un pertuis d’Antioche avec ses raccordements sous-marins destructeurs, ses trafics de bateaux industriels et maintenance, ses flotteurs d’éoliennes, sans oublier ses paquebots laids et terriblement polluants ! « Un égoût industriel annoncé » ! Merci au GPM de La Rochelle pour l’ensemble de ses pollutions chimiques et visuelles ! (sources débat public GILA)
SCOOP/FLOP N°5
Les projets Oléron 1 et 2 cités comme des projets où atermoiements et errements de l’État atteignent des sommets jamais atteints ! Lancé en juillet 2015 par Ségolène Royal au Parc Naturel Marin, le projet éolien offshore d’Oléron entre dans sa 11ème année ! Et devrait être en exploitation en 2032 – 2034 (source JO du 18 oct 2024), soit 18 ans à 20 ans pour un parc très contesté ! Avec 4 reculades successives de l’État en matière de localisation.
3. Des industriels qui renoncent aux projets en Mer du nord, en Bretagne, au Danemark, en Allemagne, aux USA …
Pour Oléron 1, le renoncement de 8 candidats sur 9 à l’appel d’offres AO7, est un signal fort. Qu’Oléron 2 ne soit pas cité pour les subventions accordées dans l’appel d’offres AO9 en est un autre.
Du point de vue juridique, les recours, puisqu’il y aura des contentieux lourds si ces projets sont finalisés, seront consistants et documentés.
L’avenir des projets Oléron 1 et Oléron 2 était clairement menacé par les 5 raisons fondamentales qui ont motivé la création du collectif NEMO, les 5 nouvelles donnes de l’actualité semblent profiler un peu plus leur abandon !
3 – https://contrepoints.org/pays-bas-une-crise-delelectricite- a-cause-des-renouvelables/
SCOOP/FLOP N°6
Les zones éoliennes Oléron 1 et 2 sont des zones de vents faibles en comparaison des implantations en Manche et Mer du Nord. Cela contraint directement la rentabilité de ces projets. Surtout que le réchauffement climatique réduirait de 10 % la puissance des vents dans les tendances observées.
1 https://geoconfluences.ens-lyon.fr/images/articles/ img- scandinavie-merenne
Se rajoutent les effets de sillage développés par Sylvain Berjon (nos conférences précédentes) qui sont repris aujourd’hui dans plusieurs parutions. La densité des éoliennes de premier rang qui captent l’énergie du vent, diminuent la production des éoliennes ou parcs éoliens situés derrière ! Franchement surprenant qu’on ne découvre qu’aujourd’hui cette contrainte d’une productivité moindre !
Collectif NEMO : Non à l’éolien marin à oléron et à ses extensions
SIGNATAIRES
Philippe FAVREAU
Ex Dirigeant d’entreprise – Responsable associatif – Membre de NEMO
Dominique CHEVILLON and Engineers – Membre de NEMO
Dirigeant d’entreprise – Ex Président du CESER Nouvelle Aquitaine – Responsable associatif – Membre de
NEMO
Claude RIEG
Ingénieur énergéticien – Membre de NEMO
Bernard DURAND
Ingénieur – Ex Directeur de l’Ecole nationale supérieure de géologie – Ex Président du Comité scientifique
de l’European Association of Geoscientists
Alain DAUBIGNÉ
Ex Cadre secteur bancaire – Collectif Oléronais
Membre de NEMO
Monique HYVERNAUD
Ex Cadre d’entreprise – Responsable associatif
Membre de NEMO
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