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La station de La Flotte, un modèle du genre
Proposée dans le cadre de l’évènement 2024 de l’association Ré Avenir, nous avons fait une instructive visite à la station d’épuration de La Flotte.
Elle n’est pas facile à trouver pour une raison simple : de loin elle a tout d’une villa à l’architecture soignée : bâti harmonieux, fenêtres à petits carreaux, portail et cour d’entrée, auvent et même coursive en bois. Pourtant c’est bien en ce lieu entouré de verdure que sont traitées les eaux usées provenant de La Flotte et de Saint-Martin. Escapade au coeur de l’assainissement.
Histoire d’eau
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, l’Ile de Ré ne dispose pas de ressources propres en matière d’eau douce. Assurer son acheminement est donc un enjeu primordial, porté depuis soixantedix ans par le syndicat Eau17 dont le travail commence avec le forage et se poursuit jusqu’à ce que l’eau coule de nos robinets via plusieurs milliers de kilomètres de tuyaux. Voilà pour la première phase du cycle de l’eau. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est le second, celui de l’assainissement permettant le rejet de nos eaux usées en milieu naturel après traitement et selon des règles strictes.
L’Ile de Ré est dotée de cinq stations d’épuration, à Sainte-Marie, La Couarde, Ars, Les Portes (celle-ci étant indépendante), et ici à La Flotte.
Comment ça marche ?
Pour nous expliquer l’ensemble du processus, des interlocuteurs de choix : Peggy Gauthier, chargé de mission développement durable pour Eau17 et Stéphane Grimaud, responsable de la station flottaise, entourés de Christian Courpron, Chef de Territoire pour la SAUR, seul exploitant en matière d’assainissement collectif sur notre territoire.
Tout commence par la collecte des eaux usées, acheminées depuis La Flotte et Saint-Martin par quarantecinq kilomètres de tuyaux souterrains. La station est en capacité de traiter celles de trente-six mille personnes en équivalent habitants, facteur important pour des communes dont la population se multiplie de manière exponentielle en été.
Du dégrilleur au clarificateur
A leur arrivée sur site, les eaux usées passent tout d’abord par le dégrilleur, permettant d’en retirer des matières solides qui pourraient entraver les étapes ultérieures puis par un dégraisseur, avant de poursuivre leur trajet vers un bassin tampon de onze mille mètres cubes, se vidant la nuit car il est impossible de tout traiter en même temps, nous explique Stéphane Grimaud. Direction les bassins d’aération avec agitateur. Au nombre de deux, ils sont utilisés par tranches (une en hiver et deux en été), et constituent une étape essentielle puisque c’est là que sont traités ammoniaques, nitrates et phosphores, par l’injection d’oxygène et selon le procédé des boues activées. Qu’est-ce-que c’est ? Tout simplement le travail fait par la nature en version XXL, soit la dissolution des matières organiques et azotées par des bactéries. Sortant du bassin d’aération, les eaux devront encore passer par le clarificateur pour décantation et une injection de chlore. Tandis que les boues seront évacuées et passées par des centrifugeuses puis récupérées pour partir sur le continent et une plateforme de compostage, deux options pour les eaux : le rejet en mer, au large et à marée haute ou leur réutilisation au profit de l’agriculture.
Des capacités plus importantes
Sur les six cent mille mètres cubes d’eaux traitées sortant de la station d’épuration flottaise, seulement cinquante mille mètres cubes partent à l’irrigation agricole, maraîchage et culture de pomme de terre. Voilà qui nous mène aux nouvelles directives européennes, mais aussi au maire de La Flotte Jean-Paul Héraudeau, venu évoquer quelques-uns de ses projets, comme l’arrosage du terrain de rugby ou les plantations de la commune. Côté réglementation, un durcissement s’annonce. En effet et bien que les arrêtés préfectoraux soient encore en attente, il faudra désormais distinguer ce qui se mange cru, arrosé par goutte à goutte et ce qui se mange cuit, arrosé par aspersion. Pas simple mais la station flottaise est prête et parfaitement adaptée. En effet, la SAUR analyse régulièrement la qualité de l’eau de REUT (réutilisation des eaux usées traitées) dédiée à l’agriculture et applique également un programme de surveillance dédié aux boues et sols. Avec une qualité réglementaire requise de niveau A, la station de La Flotte est soumise au plus haut niveau d’exigence en la matière et en 2023, le taux de conformité « concernant les propriétés physiques, chimiques et bactériologiques des eaux utilisées en REUT » est tout simplement de 100%.
Notre visite s’achève devant le bassin d’irrigation de douze mille mètres cubes stockant l’eau destinée à soutenir les agriculteurs. Considérant les capacités de la station, on ne peut que regretter une utilisation aussi partielle des eaux usées, à l’heure où, Christian Courpron de la SAUR le confirme, les projections sur 2035 à 2050 montrent une sérieuse tension sur l’eau. Alors n’oublions pas de l’économiser, l’eau, mais aussi de nous assurer que celles qui sont usées rejoignent bien les stations d’épuration en vérifiant les raccordements, et adoptons les bons gestes. Un exemple ? Lingettes ou couches bébé ne sont pas destinées à finir dans les toilettes où elles peuvent compromettre le bon état des canalisations. Ce n’est pas compliqué à faire et c’est important !
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