La fièvre des Balkans sous le chapiteau de La Java

C’est toute la folle magie des sonorités d’Europe de l’Est qui va inonder La Java début juin, du groove tsigane de Marcela au show explosif de Balkanik Project, en passant par les sons ébouriffants des DJ Boris Viande et Tagada. Ce que la scène française de la musique des Balkans a produit de mieux ces dernières années sera réuni pour faire vibrer l’île de Ré à la furieuse frénésie de cette musique de fusion. À commencer par Balkanik Project, qui clame haut et fort ses influences Chat blanc Chat Noir en référence au célèbre film de Kusturica. Ses musiciens sont originaires de Roumanie, de Moldavie ou encore de Biélorussie, et ont eu l’occasion de collaborer individuellement avec des artistes de renommée mondiale de la musique tzigane tels que Taraf de Haidouk ou encore Urs-karpatz. En dignes héritiers de la musique tzigane des Balkans, ils font exploser une musique à la frénésie électrique rappelant Le Temps des Gitans ou encore Underground et les compositions de Goran Bregovic. Une invitation à la fête et à la danse, une furieuse joie de vivre que seuls les Tziganes savent communiquer.

Marcela, ensuite, est une habituée des plus grands festivals tziganes, à commencer par le prestigieux Festival Khamoro de Prague (festival international des Roms ) où, e n 2020, elle représenta la France et la Slovaquie. Qu’el le chant e en tzigane, s a langue maternelle, en français, roumain ou russe, cette artiste slovaque, Tsigane d’origine Kalderash, a suivi une formation de deux ans au sein de l’école Romathan en Slovaquie, l’unique théâtre fondé par la communauté Rom d’Europe. En 2014, elle rencontre le guitariste Benny, qui oeuvre déjà au sein du groupe Aälma Dili, et ensemble ils lancent l’aventure Marcela. Accompagnée des quatre « gadjés » Loran Bozic, violoniste, Charles Lamouroux, guitariste, Yoann Godefroy, contrebassiste, et toujours Benoît Vincent à la guitare, Marcela chante l’exil et fait danser les malheurs d’une voix puissante, avec la douceur de la mélancolie slave.

Fusionner tradition et modernité

A chaque soirée, son DJ. Tagada est l’une des figures centrales du Balkan Beat en France. Pendant deux décennies, il a parcouru le monde, contaminant les pistes de danse en fusionnant habilement la musique tzigane et les fanfares des Balkans avec l’électro, l’afro-latin bass, la Drum & bass et autres architectures sonores venues d’orient. Notons qu’il a réalisé deux albums pour l’actrice franco-roumaine Rona Hartner, l’héroïne du film Gadjo Dilo réalisé par Tony Gatlif, et a fondé le groupe Soviet Suprem avec Toma Feterman de La Caravane Passe et Rwan de Java. Boris Viande, lui, est le fondateur du label Vlad. Cet obsédé du tempo enchaîne depuis 2010 une centaine de DJ sets par an, dans les métropoles européennes et partout en France. Passé du ska ukrainien à l’electrubaci, il intègre des influences orientales, celtiques et indiennes pour apporter une touche orientale et balkanique sur disque et sur scène.

« Le Balkan Beat », explique Tagada, « c’est la fusion de la tradition et de la modernité, du folklore et de l’électro. Nous avons été précurseurs dans ce domaine, les premiers à diffuser de la musique du monde sur les dance floors, à transformer une musique traditionnelle en électro. Le Balkan beat, c’est un peu la campagne et la ville qui se rassemblent, et c’est ça qui fait son succès encore aujourd’hui. »