La bouteille à la mer d’un marin rétais chanceux

Jean-Paul Sundstöm, marin travaillant dans la marine marchande et demeurant, à l’époque où débute cette histoire, au Bois-Plage avait l’habitude, suivant une vieille tradition selon laquelle on doit jeter une bouteille à la mer lorsque l’on passe un détroit, d’écrire des messages qu’il confiait à la mer. Navigant à l’international en tant que maître pompiste sur des bateaux de la marine marchande, il enverra par le fond 2079 bouteilles entre 1996 et l’âge de la retraite. Le 8 mai 2009, alors qu’il voyage sur un bateau nommé Maersk Bro Catherine appartenant à la Cie danoise Broström, il rédige une lettre à son fils Kevin, âgé de 22 ans, et la confie à l’Océan Pacifique. Le texte est emprunt d’un humanisme louable. Jean- Paul vient de quitter Punta Arenas, en Patagonie, tout à fait au sud du Chili, et son bateau fait route vers le port de Yeosu en Corée du Sud, ce qui représente une traversée de 17 500 km. Jusque-là rien de très extraordinaire si ce n’est le nombre de kilomètres parcourus !

Treize ans plus tard, par un matin ensoleillé, alors qu’elle s’apprêtait à nettoyer la partie de plage jouxtant sa maison sur l’île d’Ishigaki, une petite île faisant partie de l’archipel d’Okinawa au sud du japon, Reiko-San aperçoit une bouteille, couverte de coquillages, qui attire son attention parce que différente des déchets que l’on trouve habituellement sur la plage. Elle s’en empare et découvre une lettre écrite dans un alphabet latin qui lui est incompréhensible. Etonnée et amusée, elle conserve la lettre et la dépose sur une étagère en attendant de trouver quelqu’un qui puisse la lui traduire. Elle y restera trois ans jusqu’au jour où Sabine, une amie européenne, lui rend visite. Sabine, ex-Berlinoise, a pris sa retraite sur l’île d’Ishigaki, destination privilégiée des Japonais au printemps, pour se rapprocher de son fils en poste à Tokyo. Elle s’est fait construire, dans ce lieu très prisé des Japonais et des touristes, la maison de ses rêves. Sabine étudie la lettre et constate que l’adresse de l’expéditeur correspond à un endroit où ses amis Uli et Marion Welmering, un couple d’Allemands également retraités, ont récemment passé des vacances : le Bois-Plage.

Uli et Marion, qui voyagent énormément, sont effectivement passés par l’île de Ré où ils ont séjourné aux « Petites Bergeries », autonomes et pleines de charme, que gère Dominique Boisard. Sabine les contacte et leur explique l’histoire de la bouteille jetée à la mer, il y a maintenant seize ans et arrivée sur une plage d’Ishigaki. Uli et Marion, qui ont développé des relations amicales avec leur logeuse du Bois-Plage, envoient un courriel à Dominique qui se rend à l’adresse du marin indiquée sur la lettre. Elle ne trouve personne, mais parmi les gens du voisinage quelqu’un lui dit que le coiffeur Ghislain de Saint- Martin devrait pouvoir la renseigner. Ce qui est le cas. En possession de la nouvelle adresse de Jean-Paul Sundstöm, Dominique lui dépose un mot expliquant la situation. Jean-Paul lui téléphone et ils se rencontrent. La boucle est bouclée.

Quand on pense au parcours réalisé, à tout ce qui circule dans l’Océan Pacifique et qui aurait pu signifier la fin de cette bouteille, à la course de relais entre Reiko-San, Sabine, les Welmering et enfin Dominique Boisard on ne peut que s’étonner et dire que beaucoup de choses que nous ne croyons pas possibles le sont en fait !