La Bio, une source d’inspiration d’économie locale, sociale, solidaire et d’intérêt collectif pour l’île de Ré ?
Manger est un des actes les plus simples, il est vital autant que boire et respirer. Se nourrir c’est parler de goût, de convivialité, de partage, de santé. Et pourtant, se nourrir c’est aussi un pouvoir énorme, un vote, un acte très militant. Au quotidien, nous pouvons choisir de manger sain et local, de défendre une agronomie respectueuse de la nature et des hommes. C’est pourquoi, l’équipage de la Biocoop l’Île au Bio (Saint-Martin-de-Ré et prochainement Ars-en-Ré) est fier de supporter cette rubrique de Ré à la Hune. Nous pensons que « Bio à la Hune » pourra nous servir de PHARE sur l’Île de Ré pour guider nos actes d’achats alimentaires, pour comprendre tous les enjeux qui se cachent derrière notre alimentation. Nous pensons que cet outil permettra d’imaginer avec nos collectivités locales, nos producteurs, et chacun d’entre nous, Rétais, un projet alimentaire territorial dont le bon sens nous permettra de léguer un patrimoine « agricole » à nos prochaines générations, un patrimoine digne du patrimoine architectural, naturel et culturel de l’Île de Ré. Nous sommes convaincus que « Bio à Hune » nous aidera à tisser de nouveaux liens forts à la Terre de notre petite Île de Ré, qui nous fascine et nous fait rêver. Dans nos rêves les plus fous, nous imaginons une Île de Ré où 100% de la production agricole soit Bio, un territoire insulaire qui serve de modèle en Nouvelle Aquitaine en France et ailleurs. Nous souhaitons prouver que nous pouvons faire de la Bio, le modèle d’alimentation conventionnel. Bon vent « Bio à la Hune » !
Un an après son ouverture à Saint-Martin et alors qu’un nouveau magasin vient de voir le jour à Ars-en-Ré, les trois associés de La Biocoop L’île au Bio travaillent sur le projet d’une coopérative de salariés ou d’un collectif incluant salariés, clients, producteurs, associations voire collectivités pouvant devenir sociétaires
Pour Clément, Nicolas et Geoffroy, initiateurs de la Biocoop L’île au Bio, être un acteur de la Bio, c’est porter un système de valeurs fort et cohérent, incluant des valeurs sociétales susceptibles d’entraîner une consommation plus responsable.
1ere étape : l’agrément ESS (Economie sociale et solidaire)
Si un tiers des magasins Biocoop sont structurés en coopératives, il est souvent difficile de le faire d’entrée de jeu, en partant de zéro, une telle organisation étant lourde à mettre en place. Ainsi démarrent-ils dans un premier temps via une SAS, avec l’agrément ESS.
Pour demander l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale » auprès de l’Etat, il faut avoir a minima un an d’ancienneté, ce qui est désormais le cas de la Biocoop L’île au Bio. Avec l’idée d’évoluer vers un modèle plus proche de leurs convictions, c’est à dire :
– Poursuivre une utilité sociale à titre d’objectif principal : en l’occurrence, le développement durable ;
– Avoir une politique de rémunération juste et équitable sans écarts importants entre les plus hauts et les plus bas salaires.
2e étape : Un passage en SCOP (Société coopérative et participative) ou en SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif)
« Nous avons à terme, le projet de monter une société coopérative pour plusieurs raisons », nous explique Geoffroy Maincent. « Notre projet se veut un projet de territoire. Quand on est un collectif, on stabilise le projet, avec le principe de gouvernance : une personne = une voix. On n’est plus dans la logique de création de valeur financière visant à générer un patrimoine financier pour les actionnaires mais dans un projet d’intérêt collectif où tous les acteurs de la chaîne alimentaire puissent s’y retrouver équitablement.
Les entreprises ont en général un cycle de vie de 7 ans. Notre idée est de pérenniser l’Entreprise en empêchant sa revente, avec un capital réparti entre une multitude de coopérateurs. Nous envisageons, selon l’implication de tous, soit une SCIC (intérêt collectif, avec tous les acteurs du territoire qui sont parties prenantes) soit une SCOP (avec les salariés). Nous voulons éviter que le poids du capital fasse le poids de la décision, mais bien créer une chaîne de valeur qui fasse du sens entre les producteurs, les salariés, les clients, le distributeur, les collectivités. L’objectif est de rémunérer correctement et équitablement le producteur et le distributeur tout en gardant un prix accessible au consommateur, en cohérence avec le Plan Alimentaire Territorial ».
Ainsi, l’une des plus importantes Biocoop de France, la société coopérative Scarabée située à Rennes et qui comprend une quinzaine de magasins, fonctionne sans responsable hiérarchique, sous forme d’« holacratie », modèle organisationnel très éloigné du classique modèle pyramidal. Et cela marche : la coopérative ouvre près d’un magasin par an.
Un modèle socio-économique vertueux
Dans ce type de structure, l’excédent de résultat est réinvesti dans le développement de l’activité, dans le bien-être du personnel, dans l’acquisition de nouveaux outils au service des clients, dans le développement du projet.
Une telle société coopérative permet de favoriser le statut des salariés, elle passe par un sérieux audit des Ressources Humaines par le réseau Biocoop, qui fixe de multiples objectifs allant dans le sens d’une économie sociale et solidaire, sous forme de « grille de progression sociale ».
Celle-ci a pour objectifs de favoriser l’accès à l’emploi des jeunes, le bienêtre des salariés, une rémunération équitable, une implication de l’équipe dans la gouvernance et le partage de valeurs communes. Par exemple, la société rétaise a-t-elle choisi dans un premier temps parmi ces mesures l’application d’un salaire minimum supérieur de 10 % au SMIC, l’implication de ses collaborateurs dans le choix des actions de progression sociale, la création d’un comité consultatif de l’équipe concernant les décisions stratégiques de l’entreprise, l’application d’un taux de remise de 20 % en caisse à tous les salariés, l’animation d’une formation initiale pour 100 % du personnel et d’une formation continue pour au moins 30 % de l’effectif, au moins un contrat en alternance (ce sera le cas à partir de septembre 2021), le recrutement d’un stagiaire. Les objectifs à venir concernent par exemple le recrutement d’une personne en situation de handicap, la mise en place d’un dispositif de d’intéressement ou de participation au résultat, + 75 % des emplois en CDI (objectif non encore atteint compte tenu de la saisonnalité sur l’île et du faible recul sur l’activité saisonnière)…
« Il s’agit vraiment d’un modèle social dans lequel peuvent facilement s’inscrire toutes les Entreprises de la bio. L’intérêt est de construire un véritable projet d’Entreprise porté par toutes les parties prenantes présentes dans la coopérative. Il n’y a pas de lien hiérarchique qui s’impose, cela implique que tout le monde ait la responsabilité de ses missions, travaille en autonomie, bénéficie de la confiance des gérants et de l’équipe et ait le droit à l’erreur. Cette responsabilité permet à chacun de progresser et de prendre des initiatives avec une reconnaissance naturelle du collectif. »
« Alors qu’aujourd’hui nous avons créé et nous portons le bébé tous les trois, que nous y avons consacré deux ans de vie avant l’ouverture, et portons les emprunts sur nos épaules, dans une SCOP nous serons tous les sociétaires impliqués équitablement, avec un (petit) apport en capital égal et tout le monde aura le même intérêt que cela fonctionne. En outre, une SCOP bénéficie d’exonérations sur les charges sociales, ce qui nous permettra de verser des salaires plus importants qu’une structure de distribution classique, permettant de stabiliser l’assise financière de tous les salariés. »
Clément, Nicolas et Geoffroy espèrent créer un « élan territorial » si les salariés, les producteurs, les clients et les collectivités s’y retrouvent. Les grands principes de l’économie sociale et solidaire dont pourra bénéficier la communauté seront : partage du capital, utilité collective ou sociale, activité non lucrative individuellement, gouvernance démocratique, liberté d’adhésion. Ce qui implique aussi pas mal de contraintes, avec des statuts inscrits dans le marbre, des instances de pilotage et de consultation fréquents et bien préparés.
A quelle échéance ?
« Il faut que l’entreprise ait les reins assez solides et que l’endettement lié à la création du projet ait diminué afin que la SCOP puisse racheter nos parts. Pour une SCIC, on ira si nous sentons une volonté d’implication des collectivités locales, si on arrive à impliquer tous les acteurs concernés. Nous sommes déjà très à l’écoute, nous envisageons de faire une consultation publique. Nous devons aussi discuter avec la CdC pour voir comment notre projet peut aboutir et s’inscrire dans le cadre du Plan alimentaire territorial. Nous travaillons aussi désormais sur un projet de traitement des déchets alimentaires de l’Île pour permettre d’apporter de l’amendement « local » en économie circulaire, aux maraîchers qui sont tous en demande » conclue Geoffroy.
À Saint-Martin-en-Ré
17 avenue du Général de Gaulle
17410 Saint-Martin de Ré
05 46 56 19 47
contact@biocoop-iledere.fr
Facebook : bicoopiledere
Instagram : bioccop_lileaubio_iledereÀ Ars-en-Ré
11, route de Saint-Clément
17590 Ars-en-Ré
05 46 68 27 75
Ouvert tous les jours de 9h30 à 13h et de 16h
à 19h sauf mercredis après-midi et dimanches
www.biocoop-iledere.fr
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