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- Exposition - Commémoration 80 ans de la libération
Il était une fois… la guerre
Ce n’était pas la première et Ré a été épargnée par rapport aux horreurs infligées à certains territoires mais quand même…

Vendredi 9 mai 2025, l’Ile de Ré a célébré quatre-vingts ans de liberté retrouvée, au gré de multiples évènements alternant entre cérémonies solennelles et beaux moments de fête. A Saint-Martin, c’était aussi d’évidence le jour de l’inauguration de l’exposition Ré occupée, Ré libérée, préparée depuis près d’un an par l’équipe du musée Ernest Cognacq.
Les libérateurs dans la place
11h sur le port, les véhicules militaires donnent le ton, après avoir mené à bon port les élus et officiels arborant tous une cocarde tricolore. Les hommes de l’association HMP79* sont en treillis sable et rangers, les femmes en jupes amples à la taille resserrée. Dans la cour, quelques discours tout en sobriété laissant rapidement place à la visite de cette exposition attendue.
Tout est allé si vite
A l’entrée de la salle haute, panneaux et affiches nous rappellent le contexte général. 2 septembre 1939, alors que la Pologne a été envahie la veille par l’Allemagne, c’est la mobilisation générale et les Rétais n’y échappent pas. Rapide et brutale, la guerre entraîne l’exode vers le sud des populations civiles fuyant les bombes et des familles viendront ici chercher refuge. Mais la défaite est totale et la capitulation confirmée par la signature de l’Armistice le 22 juin 1940. Dès le 23 les troupes allemandes sont à La Rochelle et le 29 à Rivedoux et Saint- Martin. Elles y resteront cinq ans. Pour illustrer cette présence, de nombreuses photos, et si les Rétais ont eu un instant l’illusion d’envahisseurs « courtois et polis », ils vont vite déchanter.
Une vie sous la menace
Réparti sur tout le territoire, l’envahisseur s’organise. Il ordonne, exige et il vaut mieux lui obéir. Réquisitions de maisons, menaces et bien sûr rationnement alimentaire mais aussi en charbon, en vêtements etc. Sous une vitrine, nombre de tickets sont de bien fragiles témoignages d’une vie sous contrôle, contraignant les Rétais à d’incessantes déclarations sur tout et rien, des armes aux postes radio en passant par les récoltes, les oeufs ou les véhicules, et sans oublier l’indispensable « Ausweiss » désormais nécessaire pour rejoindre le continent, Ré ayant été déclarée « zone interdite ».
Au fil du temps, la peur s’installe : celle des bombardements sur la zone de La Pallice toute proche et celle, plus venimeuse encore, qui conduit à redouter son voisin, celle du bruit des bottes et des quelques SS présents sur le territoire, celle pour les hommes partis au front et qui ne rentrent pas.
Résistance et collaboration
Ici comme ailleurs, les deux forces antagonistes sont à l’oeuvre. Ici comme ailleurs, il y eut le courage et la lâcheté, la révolte et la tentation face à l’envahisseur. Ici comme ailleurs, même en proportions restreintes, il y eut des femmes tondues pour relations coupables avec l’ennemi, des familles juives dénoncées, déportées et exterminées dans les camps, du marché noir et de la propagande, de la Collaboration « ordinaire » et l’autre, politique et en haut lieu.
Il y eut aussi des actes de courage individuels et collectifs, des sabotages et surtout de la transmission de renseignements, des résistants arrêtés suite à des trahisons. Après un démantèlement des premiers groupes en 1941, la Résistance s’organisera en 1944 en trois grands secteurs et du sud au nord de l’île participera activement à sa libération.
9 mai 1945. Deux jours après celle de La Rochelle, la réddition des troupes allemandes installées sur l’île est signée à Saint-Martin et dans la petite salle du fond, un diaporama de photos en noir et blanc, fatiguées par le temps mais expressives : des fleurs, des sourires, des soldats libérateurs accueilli avec ferveur. Un an après le débarquement de Normandie, Ré est enfin libérée…
Quatre-vingts ans plus tard, des traces sont encore là, dans la silhouette lourde des batteries Kora, Karola et Kathé, installées sur trente-cinq hectares et alors entourées de champs de mines, dans les papiers jaunis où l’on peut lire la dureté de cinq années sous le joug de l’occupant, dans cette honteuse étoile jaune aussi. De photos en documents d’archives, l’exposition Ré occupée, Ré libérée ouvre une parenthèse respectueuse et digne sur cinq ans d’une Histoire dont le cours a bien changé depuis. Au passage, elle nous donne une petite leçon d’humilité bienvenue.
*HMP79 : Histoire Mémoire Passion 79.



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