GEM : « Les projets avancent trop lentement »
Le Groupe d’expression multiple (GEM), « en opposition constructive » au Conseil communautaire, a souhaité en ce début d’année faire un tour d’horizon des questions d’actualité de l’île de Ré. Nous reprenons tour à tour les propos de ses membres.
Didier Guyon : Le logement
« La vie permanente est en péril, des familles sont expulsées, il s’agit d’un processus ancien et les solutions auraient dû être anticipées, dès la construction du pont, les garde-fous n’ont pas été trouvés. La transformation de la location à l’année en location saisonnière fragilise l’île. Nous sommes favorables à la politique de logement social menée et à l’objectif à terme de deux mille logements sociaux. Des mesures de régulation vont être débattues prochainement entre les délégués communautaires, nous espérons qu’elles feront l’unanimité. On estime à cinq mille les logements saisonniers, si on établit des règles de changement d’usage sévères nous devrions pouvoir en faire basculer 10 % en logements à l’année, soit 500. La CdC agit dans le bon sens, mais elle a réagi tardivement et cela n’avance pas assez vite. Le PLH est toujours en cours d’élaboration, il est grand temps d’agir en créant des contraintes. »
Il est à préciser que l’opposition n’a pas voté en Conseil communautaire la feuille de route logement pour des questions de forme et non de fond, « le choix de proposer une vice-présidente Logement ayant été annoncé publiquement avant même de l’avoir soumis au vote des élus. »
Sur ce sujet Patrick Salez regrette aussi que la CdC n’ait pas ouvert un débat sur la majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires : « Il y a une diversité de positions, la CdC n’a pas tenté de les harmoniser, contrairement à Oléron où les élus se sont accordés sur une position uniforme, sur Ré il n’y a eu aucune discussion. »
Patrick Salez : Le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi)
« En la matière, à savoir la façon d’utiliser notre sol sur les 10/15 ans à venir, cela ne va pas. Il faut réviser au plus vite le PLUi. Nous avons un solde démographique naturel négatif (-1%/an), il va être difficile de franchir le pas entre les 1300 logements sociaux réalisés ou en cours et les 2000 affichés, même les bailleurs sociaux ne sont plus au rendez-vous du fait du prix du foncier. Or seulement deux modifications ont été apportées au PLUi. Alors que le président de la CdC avait annoncé une révision lancée sous l’actuel mandat, il a finalement décidé de reporter celle-ci pour le prochain mandat. Une révision prend cinq ans, on aurait pu la lancer en 2024 pour qu’elle aboutisse en 2029. »
Pourquoi cette révision est-elle importante ? « Il faut revoir les règles de construction en étage, ainsi que le coefficient pleine terre, le nombre de place de stationnements par maison, se pencher sur la résilience architecturale et modifier les OAP (opérations d’aménagement programmées), enfin améliorer la performance énergétique des bâtiments. Tous ces sujets ne peuvent passer en modification, on va devoir attendre 2026/2027 pour lancer la révision. Ce sujet aurait dû être débattu en Conseil, il a été voté sans débat. Or il pèse sur la vie quotidienne. Les OAP, on les a préparées à la va vite, sur la base des plans masse, on réalise aujourd’hui qu’il reste trop peu de parcelles, il faut ouvrir d’autres OAP, pour de nouveaux projets de logements sociaux. On doit aussi se préoccuper de la ZAN (Zéro artificialisation nette). »
L’élu ne regrette-t-il pas, du coup, d’avoir – avec plusieurs autres collègues de l’époque – fait tomber le SCoT (Schéma de cohérence territoriale) ? « Non, car il était trop permissif pour la constructibilité. »
Jean-Pierre Gaillard et Patrice Raffarin : La carte scolaire et l’EHPAD
« Nous avons deux préoccupations sociales, la première concerne les perspectives inquiétantes de la démographie scolaire. Le moratoire actuel, prévu dans le contrat d’insularité avec l’Education Nationale, ce n’est que reculer pour mieux sauter. Cela se traduira par un remaniement scolaire complet, avec des fermetures d’écoles. Plus on attend, plus on sera dans l’urgence et dépendant des décisions de l’Etat. Nous sommes encore en possibilité de faire quelque chose sous la houlette de la CdC. »
Sur ce premier sujet, Patrice Raffarin précise : « Ce contrat de ruralité (son vrai nom) a été conçu pour des territoires très ruraux. J’ai été frappé lors de la 1ère réunion du discours de quelques élus, à l’opposé du ressenti des enseignants, un profond malêtre, qui ne souhaitent pas continuer d’enseigner en multi-niveaux, parfois jusqu’à 4 niveaux ! La Flotte et Rivedoux ne sont pas directement concernés par ce contrat, si nous le signons ce sera par solidarité avec les autres communes, pour autant nous ne signerons pas n’importe quoi. Il nous faut réfléchir à une réorganisation territoriale, dans la concertation. Le DASEN devait revenir vers nous pour cette concertation en janvier, ce n’est pas le cas pour le moment. »
« Avec Jean-Paul Héraudeau je souhaite aussi intégrer dans ce moratoire le collège (NDLR : comme Ré à la Hune l’annonçait dans son dernier N° 273, une classe de 6ème et une de 4ème devraient fermer à la rentrée 2024 et sept classes en primaire seraient menacées assez rapidement). Nous demandons aussi au DASEN que soient intégrées dans ce contrat d’insularité deux classes ULIS premier et second degrés. Nous ne signerons cette convention que si ces trois conditions soient intégrées : une vraie réflexion sur la réorganisation territoriale, la prise en compte du collège, et la création de deux classes ULIS. » « Il faut voir comment relier l’aménagement du territoire et l’école, en tenant compte de l’intérêt pédagogique. Pourquoi ne pas envisager un pôle éducatif sur le nord de l’île ? Il est utopique de maintenir des classes avec douze élèves. Et même une école dans chaque commune, c’est du luxe, il n’y a qu’à l’île de Ré qu’il y a une école par village. »
Sur l’EHPAD, Jean-Pierre Gaillard estime que « si cette problématique a bien été prise en charge par tous, rien n’est acquis, il ne faut pas faire croire à la population qu’il est sauvé, le nombre de lits a déjà baissé. Quand la CdC a acheté l’ancien bâtiment de la maison de retraite, où a été réalisé un programme de logements sociaux, elle aurait dû y réserver des logements pour les agents hospitaliers. »
Patrice Raffarin : Le Plan Erosion
« La CdC a missionné le cabinet Casagec depuis 2013, on a dix ans de données sur l’évolution du trait de côte de l’île de Ré, tout cela pour découvrir qu’il subit une érosion ! Or le Département a déjà agi au côté d’Oléron, alors que Ré semble découvrir le sujet. Les services du Département m’ont rappelé qu’une convention a été signée le 4 juillet 2019 entre le Département et la CdC de l’île de Ré, à la suite de la prise de compétence GEMAPI. Elle prévoit une subvention départementale de 20 %. Or, à ce jour, le président de la CdC ne s’est pas manifesté auprès de nous. »
Julie Foulquier : Le pôle de services à la population
On le sait, un pôle social, culturel et jeunesse est en cours de configuration, prévu sur le site du « Fond La Noue » encore appelé « Les Guignardes », à l’entrée sud du Bois- Plage. « Nous avons eu une première réunion avec une cinquantaine d’acteurs du territoire en fin d’année. Le sujet est très intéressant, ce pôle sera un vrai plus pour le territoire, avec un guichet unique des services sociaux, une ouverture plus large que La Maline aux pratiques culturelles, l’Ecole de Musique, etc. Je m’interroge toutefois, comment se feront les choix des activités retenues. Un vote serait prévu en mars, c’est beaucoup trop tôt, des sujets n’ont pas encore été abordés, comme la dimension environnementale des bâtiments ou encore la mobilité. C’est bien de donner aux jeunes un endroit où se regrouper, mais il faut qu’ils puissent s’y rendre. Ce projet nous intéresse vraiment, il faut se poser de vraies questions, qui assurera la gouvernance de ce lieu, par exemple ? Sa livraison est prévue fin 2026, cela paraît très serré. »
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