Fermeture actée de l’Unité protégée de l’EHPAD de Saint-Martin
Alors que les Rétais espéraient que les autorités de tutelle n’entérineraient pas la fermeture souhaitée par la direction du Groupe Hospitalier de l’Unité protégée (24 lits) et d’autres lits de l’EHPAD de Saint-Martin, faisant passer de 165 à 100 lits + 2 lits temporaires la capacité d’accueil, il semble que celle-ci soit actée pour cette fin d’année 2023.
Après l’alerte donnée auprès des élus lors du Conseil communautaire du 5 octobre par une délégation CGT de personnels, le président de la CdC, Lionel Quillet, accompagné du maire de Saint-Martin et membre du Conseil de Surveillance, Patrice Déchelette, du maire du Bois-Plage qui est aussi médecin, Gérard Juin et du Conseiller départemental Patrice Raffarin, a été reçu par la directrice du Groupe hospitalier de territoire (GHT), Valérie Beneat-Marlier. Qui a annoncé aux élus son projet de fermeture, annonçant rencontrer quelques jours après cette entrevue les deux autorités de tutelle que sont l’ARS et le Département (financement).
Des difficultés structurelles
Deux raisons principales sont énoncées : déficit budgétaire et difficultés de recrutement.
La dégradation de la situation financière du groupe hospitalier (19 M€) et de celle de l’EHPAD (déficit de 752 K€ en 2021 et de 420 K€ en 2022) s’est faite progressivement à partir de la fusion de l’hôpital (Soins de suite et de rééducation) et de l’EHPAD de Saint-Martin dans le Groupe Hospitalier La Rochelle-île de Ré-Aunis en 2012. Un rapport de l’IGAS de mars 2012 dénonce à cet égard ce type de fusions en ces termes : « Sur le plan financier, la fusion n’est en général pas l’outil le plus pertinent pour réduire les déficits hospitaliers, qui supposent surtout, pour les établissements concernés, un effort de réorganisation interne pour réduire leurs dépenses. »
Quant au problème de crise des vocations dans les emplois sanitaires, il est avant tout national. Les élus rétais reconnaissent toutefois que des contraintes supplémentaires pèsent sur notre territoire insulaire, notamment pour ce qui concerne l’accès au logement. Lionel Quillet dit avoir proposé dès juillet 2022 au Directeur général du GHT de l’époque la possibilité, sous réserve de l’accord du préfet, de réserver plusieurs logements à des agents de l’EHPAD dans le futur programme de logements sociaux tout proche, sur le site de l’ancienne gendarmerie, à Saint-Martin. Il n’a reçu aucune réponse du Groupe hospitalier.
Le Ministre de la Santé interpellé
Le président de la CdC a aussi proposé il y a plus d’un an et demi au Groupe hospitalier de louer une partie des locaux non occupés pour y créer une micro-crèche, ce qui aurait été un facteur d’attractivité pour des familles souvent monoparentales et apporté un petit revenu à l’hôpital. Aujourd’hui, les élus rétais suggèrent que soit envisagée une tarification différente appliquée à l’EHPAD de Saint-Martin, tenant compte des spécificités liées à l’insularité.
Lionel Quillet (président CdC) et Patrice Déchelette (Maire de Saint-Martin) ont envoyé lundi 23 octobre un courrier rappelant tous ces arguments à Aurélien Rousseau, Ministre de la Santé et de la Prévention, avec copie à toutes les parties prenantes : Préfet, Député, Présidente du département, Président du Conseil de surveillance du groupe hospitalier, Directeur de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, Directrice générale du GHT.
« Élaborer ensemble un plan d’avenir »
« Nous refusons cette fermeture de l’Unité protégée, il faut se mettre autour d’une table pour élaborer un plan d’avenir. L’EHPAD est un bel outil de travail de 160 chambres, datant de 2010, un service public majeur dont la réduction de capacité au fil des années devient très problématique. En tant qu’élus, nous ne pouvons accepter de nouvelles fermetures de lits et plus encore de celle d’une unité entière dédiée aux personnes désorientées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer. Des solutions existent… Il faut stopper l’hémorragie. », ont écrit en substance les deux élus rétais au Ministre, qu’ils prient de bien vouloir surseoir au projet de fermeture de l’UP.
Lors d’un point presse tenu lundi 23 octobre avec Patrice Déchelette et Gérard Juin, Lionel Quillet a évoqué la politique de ressources humaines du GHT qu’il juge très insuffisante, alors qu’elle est déterminante dans toute structure, a fortiori en difficulté.
On peut d’ailleurs s’interroger sur le fait que l’établissement de Soins de suite et rééducation (SSR) situé dans l’autre aile de l’hôpital de Saint-Martin ne connaisse lui aucune difficulté. Certes, on imagine aisément qu’une Unité protégée demande un encadrement plus important des résidents (par exemple le personnel de St Martin doit donner à manger à la moitié d’entre eux) et coûte ainsi plus cher. Mais les élus estiment que la partie EHPAD n’a pas été correctement gérée, notamment au plan humain, puisque la décision de fermeture de 40 de ses lits était déjà prise par la direction du GHT.
Les résidents/patients de l’Unité protégée seraient ainsi transférés ailleurs dans le Département, comme à l’EHPAD de Saujon qui n’est pas plein, cela aurait en tout cas été évoqué par la direction du GHT. On imagine la situation intenable qui en découlerait pour les résidents et leurs familles, la proximité étant essentielle pour celles-ci.
Quel parcours de soins pour les aînés ?
Gérard Juin regrette, pour sa part, une décision économique et pas compréhensible au plan médical, alors même que la demande est et sera croissante. « On déracine tout. Il faut un vrai parcours de soins dédié aux personnes âgées, avec des infirmières spécialisées en gériatrie. Les déserts médicaux ne concernent pas les infirmières, on n’a même pas posé la question aux professionnels de l’île de Ré s’ils étaient prêts à travailler une partie de leur temps à l’EHPAD, en complément de leur activité libérale. »
Pour les élus, il est impensable de priver l’île de Ré de l’unité protégée et de lits d’EHPAD, alors que 43% des 17500 Rétais ont plus de 60 ans et que le vieillissement de la population insulaire va crescendo. Ils demandent de suspendre la fermeture et d’élaborer conjointement un plan d’avenir.
Le Conseiller départemental, Patrice Raffarin, a également profité le 23 octobre d’un point presse sur d’autres sujets, pour évoquer « une situation extrêmement grave » et « une réunion passionnante » avec la Direction du GHT. « Tout le monde sur l’île de Ré souhaite garder l’EHPAD. Celui-ci va mal depuis des années et souffre d’un déficit chronique. J’ai lu que le président de la CdC demandait une convention particulière, où les collectivités pourraient financer un peu plus. Mais je souhaite préciser qu’alors que le nombre de lits n’était déjà plus de 160 et s’est réduit progressivement, le Département a augmenté sa participation durant la crise sanitaire du Covid, les autorités de tutelle continuent d’abonder l’hôpital pour une capacité de lits supérieure à l’occupation réelle. »
France Alzheimer sur le point de réagir
Jeudi 26 octobre, en tant que Maire de Rivedoux, il a annoncé à son Conseil municipal que la présidente de France Alzheimer Charente-Maritime, Monique Verne, qui est également la 4ème Adjointe de Rivedoux (absente lors du Conseil) allait prochainement envoyer un communique de presse au sujet de la disparition de l’unité protégée, soutenue par les autres délégations territoriales de l’association et sans doute aussi par son niveau national. Il a invité les élus à être solidaires et rappelé la position de l’IGAS, qui s’est positionnée contre la mutualisation des établissements, qui n’est pas forcément source de réussite. Il a rappelé que l’EHPAD de Marans avait su garder son autonomie.
L’hôpital de Saint-Martin longtemps « perfusé » par La Rochelle
Alain Michel, conseiller municipal de Rivedoux et ancien Directeur de l’Hôpital de la Rochelle, qui a réalisé la fusion hospitalière en 2012, a quelque peu remis les pendules à l’heure, précisant que pendant longtemps l’hôpital de Saint-Martin avait bénéficié de cette fusion. « Il y a toujours eu des problèmes de recrutement de personnel sur Saint-Martin, plus qu’ailleurs dans le département, c’est La Rochelle qui perfusait Saint-Martin, sans oublier la logistique que Saint-Martin ne pouvait assumer. Le gros souci est que La Rochelle est désormais en grande difficulté, ce qui se répercute sur Saint-Martin. »
Il a précisé qu’il y avait un problème important d’absentéisme à Saint-Martin, plus qu’à Surgères ou Aigrefeuille, par exemple, cela faisant boule de neige : moins de personnel, difficulté à le remplacer, plus de fatigue, et donc plus d’absentéisme…
Emmanuel Dallière, Secrétaire général CGT du groupe hospitalier, confirme qu’une réunion y est convoquée début novembre, dont l’ordre du jour concerne cette fermeture désormais officielle à ses yeux. Il confirme le maintien de la journée de rassemblement du 13 novembre prochain, devant l’EHPAD de Saint-Martin, avec un point fort vers 14h, le Député Olivier Falorni étant attendu. Le président de la CdC et nombre d’élus rétais devraient aussi y participer et afficher leur solidarité.
Nathalie Vauchez
Lire aussi notre article : https://www.realahune.fr/lehpad-de-saint-martin-en-grande-difficulte/
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