Enfin des logements sociaux en vue à Saint-Clément
Lina Besnier a souhaité présenter son projet de onze logements sociaux avant la période de réserve électorale, afin que celui-ci avance dans les six mois à venir. Le 26 août, Villageois et résidents secondaires s’étaient déplacés nombreux pour découvrir les prémices du projet, alors que la veille le Conseil municipal avait voté à l’unanimité l’acquisition du terrain dit de La Madeleine (lire ci-contre).

Saint-Clément des Baleines est la seule commune de l’île de Ré à n’avoir à ce jour aucun logement social. Certes, sous ce mandat 2020- 2026, la municipalité a porté de onze à quinze le nombre de logements communaux, en achetant quatre maisons.
Des projets retoqués
Mais depuis des années, les deux grands programmes de logements sociaux se sont heurtés à moult atermoiements. Celui du Moulin rouge aurait pu passer, mais en redimensionnant le projet à la hausse, le maire d’alors Gilles Duval s’était attiré les foudres de l’APSSC*, puis le terrain fut classé au lendemain de Xynthia en zone rouge inondable sur les cartes d’aléas du Plan de prévention des risques littoraux (PPRL) de l’Etat.
Sur la pression du maire de l’époque, le président de la CdC Lionel Quillet, avait obtenu de la préfecture la constructibilité du terrain (inondable) des Ouches, pour un programme de logements sociaux exclusivement. Sauf que depuis le projet se heurte à une double difficulté : l’APSSC est vent debout contre et tous les propriétaires de ces terrains ne veulent pas vendre. La CdC devrait proposer au prochain Conseil communautaire d’octobre une demande de DUP (déclaration d’utilité publique) auprès de la préfecture, ce qui aurait pour effet de mettre la pression aux propriétaires, l’issue de la DUP, si elle allait jusqu’à son terme, étant l’expropriation.
Le logement, une urgence vitale pour Saint-Clément
En attendant, comme l’a rappelé la maire de Saint-Clément, construire du logement social est une urgence vitale pour la vie permanente de la commune – qui ne compte que 26 % de résidents permanents -, pour le rajeunissement de sa population, la pérennité de son école, de ses commerces & services. Voilà deux ans qu’elle « travaille » ce projet de La Madeleine, en incitant notamment les propriétaires, Mr et Mme Guilloteau, à vendre leur terrain de 2700 m2 (non constructible hors logements sociaux) à la commune. Ce qui est donc désormais acté. Le terrain se situe entre la rue du Phare, la rue de La Madeleine et la rue de Bellevue.
Lors de la réunion publique, Matthieu Barbet, représentant le bailleur social Noalis (groupe Action Logement, opérateur social « à taille humaine et qui mise sur la qualité) et Lionel Coutier architecte à la tête de Ré Team Design (qui a réalisé avec le même opérateur social le programme du hameau de Rochefort au Bois-Plage ainsi que de nombreux projets privés sur l’île de Ré), amenés à travailler main dans la main sur ce projet – sollicité par la maire le bailleur Habitat 17 n’a jamais donné suite – ont présenté l’esquisse du projet à son stade actuel, c’est-à-dire celui de l’étude capacitaire. Comme l’a précisé Lionel Coutier, le document OAP* d’urbanisme de la CAUE* date d’un an à peine et il ne dispose pas encore du plan de géomètre.
Un projet de 11 maisons de plain-pied
Si l’OAP sectorielle inscrite dans le PLUi * rue de La Madeleine (entrée Nord du Gillieux, le long de la rue du Phare) prévoyait neuf logements, l’étude capacitaire CAUE avec 50 % d’emprise (730 m2) permet d’envisager onze maisons individuelles : trois T2, sept T3 et un T4. « Des logements semicollectifs ». Que Lionel Coutier entend intégrer le mieux possible dans leur environnement, en continuant le front bâti et en s’alignant sur la rue du Phare. Précision importante – condition sine qua non pour que l’APSSC ne s’oppose pas à ce projet – ces onze logements seront tous de plain-pied, aucun étage n’est prévu. L’accès à la parcelle sera unique, par le Nord-Est de celle-ci, et quinze places de stationnement sont prévues (l’obligation réglementaire étant de onze places, une par logement social).
Une difficulté de taille tient à la côte NGF du terrain, situé à environ 3 m à 3,20 m, alors que la norme de construction PPRL est à 4,20 m NGF. Il va ainsi falloir surélever la partie du terrain qui sera construite et trouver une solution économique pour y accéder. Une rampe d’accès aurait trop d’emprise au sol au détriment du nombre de logements, aussi l’architecte envisage-t-il une sorte de plateforme élévatrice : « C’est la grosse contrainte de ce projet », confirme Lionel Coutier. Rappelons que les projets de logements sociaux doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR). Les maisons seront malgré tout « un peu plus basses que celle jouxtant le projet rue de Bellevue ». Selon Lionel Coutier le faîtage serait à environ 4,50 m, largement en dessous de 5 m, ce qui est de nature à rassurer Marie-Christine Hiva, présidente de l’APSSC.
Certaines maisons auront des petites terrasses, d’autres non et la typologie des logements est un PLAI (loyer le plus bas), six PLS et quatre PLUS (plafond avant le privé). Un T2 de 45 m2 serait loué 310 €, le T4 de 85 m2 aurait un loyer de 473 €, ces prix s’entendant avant aides sociales.
La demande de petits logements est très forte
Les questions et interventions ont fusé dans la salle, alors que le projet n’en est qu’à ses prémices. Parfois un peu « hors sol » mais toutes témoignant du consensus sur la nécessité urgente de créer du logement social sur la commune. Les interventions de deux jeunes femmes, travaillant sur la commune, dont celle de Virginie Wachter, native de Saint-Clément et chef de trois entreprises dont les salariés peinent à se loger, ont permis de remettre le clocher au centre du village : oui le logement est vital pour les jeunes et jeunes couples, oui on a besoin de T2 aussi – la demande est très forte sur l’île et au plan national le parc de logement en manquant cruellement – pour faire venir des actifs sur le village, l’objectif étant de faire vivre Saint-Clément à l’année et d’y encourager la création d’entreprises, ce qui est très compliqué aujourd’hui.
La demande de permis de construire devrait être déposée au 1er trimestre 2026, pour un démarrage des travaux fin 2026/début 2027 et une livraison en 2028. Livraison fin 2027 dit la maire impatiente, en 2029 dit le bailleur social prudent. La réalité se situera probablement à mi-chemin entre ces deux dates.
Un projet au coeur de la campagne électorale
Il n’aura échappé à personne que se profilent en mars 2026 des élections municipales. Nul doute que ce projet s’invitera au coeur de la campagne, si l’on en croit l’intervention de l’adjoint « dissident » de la municipalité, Christophe Penot, s’étonnant de cette réunion publique très prématurée à quelques jours de la période de réserve électorale et de n’avoir pas été associé à ce projet qu’il découvre alors que la maire dit y travailler depuis deux ans. La réponse de Lina Besnier ne s’est pas fait attendre : « Ce n’est pas le lieu pour les règlements de comptes, la commission urbanisme s’est réunie, l’acquisition du terrain a été votée à l’unanimité (la veille au soir – NDLR), il faut lancer le projet sans perdre six mois, et il va évoluer, il n’en est qu’à ses prémices. »
Les Villageois – dont certains disent avoir honte qu’aucun logement social n’existe sur la commune – ne comprendraient pas que ce projet soit sacrifié sur l’autel de la politique.
*APSSC : Association de protection des sites de Saint-Clément / OAP : Opération d’aménagement programmée / CAUE : Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement /PLUi : Plan local d’urbanisme intercommunal.
« Accompagner les projets communaux de logement social »
Le président de la CdC, Lionel Quillet a rappelé la priorité absolue du logement dans la politique intercommunale de l’île de Ré.
734 demandes de logement social sont à ce jour en attente, « dont 513 émanent de ménages vivant déjà sur l’île de Ré ».
Au-delà des 1000 logements déjà construits par les communes et la CdC, plus de 250 supplémentaires sont en projet, dont près de 200 portés par la CdC à La Couarde, à Ars, au Bois-Plage, à Sainte-Marie, à Rivedoux, à Saint-Clément (Les Ouches) et à Saint-Martin où 25 logements sont en cours de construction, qui seront livrés fin 2026. Depuis 2008, la CdC a investi 25 M€ dans le logement et programme 3 M€ par an dans les années à venir pour appuyer les communes. « Un village sans école n’est plus un village », on s’est fixé un objectif de 2000 logements sociaux, pour loger 15 % de la population rétaise.
« Les communes doivent continuer à mener des projets comme c’est le cas à Saint-Clément car désormais ceux-ci sont aidés par la CdC. Ainsi sur ce projet de La Madeleine à Saint-Clément la CdC apportera jusqu’à 30 % de fonds de concours à la commune pour l’achat du foncier (acquis pour 200 K€, soit 60 K€ d’aide possible) et des aides à la pierre pour le bailleur social entre 4500 € et 20 000 € par logement. »
Lionel Quillet a aussi rappelé deux décisions importantes prises à l’unanimité des élus communautaires : la régulation des meublés de tourisme « visant à stopper leur augmentation exponentielle (+ 282 % entre 2016 et 2022) », et des aides directes aux propriétaires pour la rénovation énergétique d’un bien mis en location à l’année, la garantie de loyer, la rénovation de logements vacants… La maison de l’Habitat a déjà reçu 30 demandes de dossiers de financement de la CdC de la part de propriétaires privés.
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