- Portraits
- N° 300 de Ré à la Hune
« Continuer à être un journal de référence pour tous les acteurs de l’île. »
Le 3 décembre 2007 paraissait la première publication d’un journal gratuit distribué alors chez quelques centaines de commerçants de l’île de Ré : Ré à la Hune. Trois cents numéros plus tard, Nathalie Vauchez, fondatrice et directrice de la publication, revient sur l’origine du projet et les ambitions pour les années qui viennent.

Ré à la Hune : Nous sommes le 3 décembre 2007, c’est la sortie du numéro zéro de Ré à la Hune, journal gratuit pour les habitants et les vacanciers. Comment vous sont venues cette idée et cette envie ?
Nathalie Vauchez : À l’époque, en 2004-2005, je m’étais beaucoup investie dans le Conseil de Développement de l’île de Ré, une formidable aventure de démocratie participative. On a travaillé sur un projet économique, social et environnemental pour l’île de Ré et multiplié les réunions avec les habitants. Les Rétais venaient en nombre et c’est là que j’ai développé cette connaissance de l’île, que j’aime par ailleurs passionnément depuis que je suis enfant.
De là à lancer un journal…
Oui, il fallait beaucoup d’envie. Et un peu d’inconscience aussi, pour un journal gratuit uniquement basé sur un modèle économique publicitaire. J’ai proposé à quelques amis, de lancer Ré à la Hune. Ça s’est décidé en octobre, et en décembre, il était lancé. Ça a pris tout de suite, même si le journal était bien différent de celui que l’on connaît aujourd’hui.
Dans votre éditorial du premier numéro, vous écriviez : « Je souhaite une vision drôle, décalée et originale de l’actualité »…
Oui c’était l’idée. Au départ, j’avais un trio de choc à mes côtés : Jean- Pierre Bonnet, Jean-Pierre Pichot et Michel Lardeux. Des gens qui savaient très bien écrire et qui étaient surtout très libres. On voulait de l’humour, de l’humeur et de la légèreté. Sans jamais être méchants.
Il y avait aussi les dessins mordants de Philbar…
Qui est encore là aujourd’hui ! Il y a des gens qui ont voulu nous faire passer pour le Canard enchaîné de l’île de Ré. Mais on n’avait ni l’ambition, ni le talent, ni les moyens du Canard ! Un journal gratuit a besoin des annonceurs pour vivre. Si on regarde le Canard enchaîné, il n’y a pas beaucoup de pubs (rires).
Et puis Ré à la Hune est devenu un journal d’informations générales sur la vie de l’île de Ré. Ce changement a-t-il été radical ?
Non, ça s’est fait petit à petit, on a évolué doucement vers la diffusion d’informations plus denses et fouillées. On s’est de plus en plus intéressés à la chose journalistique. Aucun de nous n’avait de formation journalistique au départ, on a appris sur le tas. Même si plusieurs d’entre nous avaient exercé dans des journaux auparavant.
Entre 2007 et aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé dans le journal ?
À peu près tout. On a développé la pagination en passant de 12 pages à aujourd’hui entre 24 et jusqu’à 64 pages parfois en été, on a fortement augmenté le tirage, les points de diffusion ont plus que doublé puisqu’on en est à 800 points au plus fort de l’été. Dans les boulangeries, les commerces, les salles d’attente médicales et paramédicales, les mairies… Ça a été un long combat mais nous y sommes arrivés.
Depuis décembre 2007, comment avez-vous vu cette île évoluer ? En dix-huit ans, entre ce premier numéro de Ré à la Hune et aujourd’hui ?
C’est une île où les équilibres sont très fragiles et difficiles à trouver. D’une part, il y a eu de plus en plus de gens qui sont venus s’installer sur l’île de Ré, les Rétais d’origine sont de moins en moins nombreux, et cela a fait incontestablement évoluer les mentalités. Parfois positivement, parfois moins, c’est le sens de l’Histoire. Et puis l’action politique s’est énormément structurée, avec de nombreuses prises de compétences de la Communauté de Communes sur le logement, l’aménagement du territoire, l’urbanisme, la culture, le tourisme, la protection des côtes et la préservation de l’environnement… Les équilibres entre communes et CdC ont été sensiblement modifiés. Avec ces collectivités locales, on a quand même évolué et grandi ensemble, même si l’on sait être critique à chaque fois que cela est nécessaire, et on ne s’en prive pas ! Nous avons accompagné journalistiquement toutes ces prises de conscience là, en restant toujours le plus objectif possible dans le traitement de l’information.
Lorsque vous feuilletez Ré à la Hune aujourd’hui, quelle est votre plus grande fierté ?
Fierté est un grand mot, mais disons que je tiens beaucoup à nos portraits. Il y a sur l’île une richesse humaine insoupçonnée. Aller à la rencontre des “gens d’ici”, les raconter, parler de leur parcours, de leur histoire et de ce qu’ils font pour faire vivre cette île au quotidien, c’est très important à nos yeux et passionnant. Cela fait vraiment partie de l’ADN de Ré à la Hune. La diversité de nos plumes est aussi intéressante.
Si vous deviez résumer ces 300 premiers numéros en un seul mot ?
Sans hésiter, je dirais « passion ». Heureusement qu’elle est bien présente depuis le premier jour et encore aujourd’hui, parce que sinon je n’aurais jamais tenu. La vie d’un journal gratuit sur l’île de Ré n’est pas un long fleuve tranquille. Ai-je droit à un autre mot ?
C’est le numéro 300, vous avez tous les droits…
Toujours sans hésiter, je dirais « gratitude ». Gratitude pour tous les professionnels qui nous soutiennent et nous diffusent, gratitude aux lecteurs, mais avant tout gratitude aux équipes de Ré à la Hune, les journalistes évidemment, mais aussi, et on n’en parle pas assez, l’équipe administrative, commerciale, graphique et de distribution… J’ai la chance de travailler avec des gens passionnés et généreux qui font bien plus que le minimum au quotidien. Chacun apporte une contribution essentielle au journal. Je veux leur rendre hommage ici.
Votre ambition pour Ré à la Hune dans les années qui viennent ?
Continuer à être un journal de référence pour tous les acteurs de l’île, comme nous le constatons à travers tous les témoignages que nous recevons. Et le faire évoluer, encore et toujours. Nous avons été les premiers à développer les supports numériques, à lancer un site d’information gratuit dès 2010. Et toujours rester très affûtés et vigilants sur notre ligne éditoriale. Si l’on réussit à faire tout ça, ce sera déjà bien !

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