- Île de Ré Mag’
- Histoire et patrimoine
Chapelles, les pépites du patrimoine rétais
Le petit patrimoine de l’île de Ré raconte son histoire religieuse mouvementée, mais aussi militaire, rappelant le rôle stratégique qu’elle a toujours joué dans la défense du littoral charentais.

Les chapelles individuelles de l’île auxquelles le public peut accéder sont aujourd’hui au nombre de quatre. Elles furent plus nombreuses par le passé. Ces petits édifices à l’architecture protectrice étaient des lieux de prière voués au culte chrétien, qui permettaient également de rassembler les fidèles, sous l’oeil d’un représentant du clergé ou d’un seigneur, pour mieux les encadrer. Elles étaient fréquemment dédiées à la Vierge qui apporte sa protection à tous ceux prenant la mer. Leur origine pouvait aussi être militaire car très tôt, l’île a occupé une position essentielle dans le système défensif des pertuis et du port de La Rochelle. C’est le cas de la chapelle de La Redoute, aux Portes.
La chapelle de La Redoute ou Notre Dame des Marins
Au nord de l’île, Vauban fera construire une redoute (1) en 1674, à l’emplacement d’un fort qui protégeait précédemment la côte du Banc du Bûcheron contre les attaques des Anglais. Cet ouvrage défensif conçu sur le même principe que les autres redoutes de l’île, Le Martray et la Redoute de Sablanceaux, fut construit à un moment où Saint- Martin n’était pas encore fortifié. Armée de canons et disposant, à compter de la Révolution, d’un magasin de poudre que protégeaient des murs très épais, cette redoute eut un rôle actif tout au long du XVIIe et d’une partie du XIXe siècle.
Les progrès de l’armement moderne font qu’elle est laissée à l’abandon à partir de 1854. Cependant, les habitants des Portes prennent l’habitude de s’y arrêter lors de la procession des Rogations, destinée à favoriser l’obtention de bonnes récoltes. Le bâtiment est alors reconnu comme chapelle et béni, mais jamais consacré à ce jour. Déjà en 1875, les événements avaient oeuvré en faveur de la transformation de cette Redoute en édifice religieux. Un troismâts prussien, Le Margareth, s’était échoué sur la côte rétaise. Secourus par les habitants du hameau de La Rivière, ils offrirent une statue de la Vierge couronnée d’une hauteur d’1,65 m qui prit place sur le pignon de la porte poudrière. En 1880, la jouissance de la chapelle est cédée à l’Evêché, le bâtiment appartenant toujours à l’Etat. Le nom de Notre Dame des Marins lui fut alors octroyé qui ne réussit pas à s’implanter auprès de la population.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, en 1941, les Allemands, trouvant que le bâtiment attirait trop l’attention et représentait un danger, le rasèrent. Il faudra attendre 1986 pour que Gilbert Michel, président de l’Association des amis de la chapelle et maire des Portes, la fasse reconstruire à l’identique donnant ainsi l’occasion à la Vierge de pierre de retrouver sa place. La chapelle est ouverte au public en juillet et août, de 18h à 19h30, heure à laquelle un membre de l’association reçoit les visiteurs et leur conte volontiers l’histoire guerrière de cet endroit devenu un lieu de recueillement.
La Petite Chapelle d’Ars ou Chapelle des Soeurs de la Sagesse
En descendant la rue du Havre en direction du port, on découvre à droite un porche conduisant à une délicieuse petite chapelle et des locaux ayant appartenu au XIXe siècle au couvent des Soeurs de la Sagesse. Leur mission, à partir de 1838, consistait à s’occuper d’enfants malades et d’instruire les filles et les garçons de la commune âgés de 2 à 7ans. La chapelle dédiée à la Vierge, construite ultérieurement, fut bénie le 15 septembre 1863. Vingt ans plus tard, le couvent devenu la propriété d’une société immobilière, la chapelle se voit dotée de vitraux. En 1895, le lieu est transformé en école dépendant de l’enseignement primaire public. Après guerre, la chapelle est vendue à une nouvelle société immobilière et quand Les Soeurs de la Sagesse quittent le couvent en 1997, la commune, s’étant portée acquéreur de l’ensemble, y fera aménager une salle de danse et des logements. Toujours consacrée, la chapelle accueille cependant des expositions de peinture ou d’artisanat et, possédant une excellente acoustique, reçoit également des chorales ou petits ensembles musicaux.
La chapelle Saint-Sauveur
Selon le Dr Kemmerer, l’édification de la chapelle Saint-Sauveur à Sainte-Marie- La Noue est liée à l’histoire d’une noble dame espagnole qui, ayant survécu, en 596, au naufrage de son navire sur les rochers de Sainte-Marie, fit élever une chapelle au Sauveur des naufragés. Ce récit apparaît après la Révolution, à un moment où l’Eglise Catholique mène une politique de reconquête des âmes et de l’espace public.
Dans les faits, la première mention d’un prieuré à Saint-Sauveur remonte à 1236. Le prieuré dépend de la congrégation de Cluny et s’inscrit dans le grand mouvement de conquête des abbayes médiévales (2). Installé en bordure de mer, le prieuré n’abritera jamais que quelques moines. En 1575, il est détruit par les protestants et abandonné jusqu’en 1618, date à laquelle l’évêque de Saintes ordonne de faire reconstruire la chapelle sans qu’aucune suite ne soit donnée à son injonction. Il faut attendre 1838 et une nouvelle dynamique de l’église, pour que la chapelle, reconstruite sur les anciennes fondations, soit consacrée.
Parallèlement, un ancien pèlerinage est réactivé, le 6 août, comportant notamment « la bénédiction de la mer », pèlerinage qui, au-delà de la foi rassemblant les fidèles, est un excellent moyen de communication. Dans la continuité de cet événement la commune organise de nos jours, tous les 6 août, une fête pour honorer les marins perdus en mer. En 1991, l’Association des Amis de l’église de Sainte-Marie a pris en charge la rénovation du bâtiment, faisant appel à de généreux donateurs. Désormais, un beau vitrail exécuté par Aramis Pentecôte, maître-verrier à Loix, la maquette d’un trois-mâts réalisée par Henri Goumard et un superbe retable, datant probablement du XVIIe siècle, peuvent être admirés. Plus récemment, en 2020, la chapelle a retrouvé les deux statues qui ornaient jadis son fronton.
La chapelle du port Notre-Dame
De l’autre côté de Sainte-Marie, la chapelle du Port Notre-Dame, construite avant la Réforme, a connu une histoire mouvementée. Ayant subi les outrages des premières guerres de Religion, elle est en ruines dès 1604. Partiellement remise en état, elle sera bénie le 2 juillet 1640. Pendant la Révolution de 1789, elle sera vendue comme bien national à Philippe Favreau-Bernard. Ce dernier, craignant d’avoir l’air d’un profiteur de biens anciennement religieux, la fait détruire. Il en fera reconstruire une nouvelle qu’il offre aux habitants de Sainte-Marie en 1815 et qui est celle que l’on peut admirer aujourd’hui. En 1992, l’Association des amis de l’église de Sainte-Marie s’intéresse également à cette chapelle et entreprend de la rénover. André Chaigne, ancien maire de Sainte-Marie et président de l’association, raconte que des amis lui firent don de statues et d’objets religieux et comment il les installa dans la chapelle : « Sur les murs, du côté gauche de l’autel, la Vierge, sur la droite de Saint-Joseph, et du même côté, après le vitrail signé par Van Guy, maître verrier de Tours, le Crucifix. Tout cet ensemble vient de mon ami Dufourd, ainsi que la petite Madone qui est sur l’autel. Une Jeanne d’Arc est à gauche et vient des époux Manguis ». On découvre aussi ici une maquette d’un bateau de pêche, le « Laissez-moi tranquille », construite par Henri Goumard.
Aucune visite régulière n’est programmée pour ces deux chapelles qui n’accueillent le public que lors d’occasion particulière.
1 – Redoute : un petit ouvrage de fortification isolée.
2 – Comme l’indique Jacques Boucard, docteur en histoire et civilisations (EHESS, Paris), dans une note informative que possède la mairie de Sainte-Marie. On retrouve également des informations à propos des chapelles rétaises dans l’ Histoire de l’île de Ré, des origines à nos jours, Le Croît Vif –Ger 2016, dont les auteurs outre Jacques Boucard sont Mickaël Augeron et Pascal Even.



Lire aussi
-
Publi-info
“LES CORSAIRES” : UNE BELLE PALETTE DE PRESTATIONS
Dix magasins se sont installés voilà près de cinq ans autour d’Intermarché Saint-Martin de Ré, composant un centre commercial attractif toute l’année. Sport, santé, beauté et bien-être, téléphonie ou encore produits du terroir... « Les Corsaires » complètent parfaitement la vaste offre de la grande surface.
-
Publi-info
Intermarché Saint-martin de Ré : 05 46 09 42 02
-
Île de Ré Mag’
Louise Gravestock : au chevet des voiles rétaises
Avoir 18 ans, quitter le foyer familial pour voir le monde, cela peut paraître courant. Mais débarquer sur l’île de Ré juste après la tempête Xynthia sans parler un mot de français, c’est un peu moins banal. C’est justement comme cela que Louise Gravestock a quitté l’Angleterre pour poser ses valises à Ré, en mars 2010. Retroussant ses manches et apprenant le français dans la foulée, la jeune britannique n’est jamais repartie. Elle a depuis créé sa propre activité, la seule voilerie de l’île de Ré.
Je souhaite réagir à cet article