La Batterie Klara, « une vieille dame de 70 ans »

Les visites « découvertes » organisées par la CdC se poursuivent sur le thème, pour 2016, de la défense ; après la défense des côtes, c’était, le 21 avril, la défense militaire avec les vestiges du Mur de l’Atlantique, à la Conche des Baleines.

Une cinquantaine de personnes était au rendez-vous, au Parking de la Solitude, à Saint-Clément des Baleines, pour une visite « Flash »… trente minutes pour présenter la Batterie Klara. Le succès de ces visites ne se dément pas puisqu’une bonne cinquantaine d’inscriptions ont été refusées, ce jour-là.

La municipalité de Saint-Clément avait accepté d’ouvrir, pour cette visite, la barrière qui interdit, depuis quelques mois, cet accès à la Conche pour des raisons de sécurité. Notre groupe s’avance face à la mer jusqu’au petit terre-plein qui domine la plage et les blockaus : 2 blockaus à gauche, dont l’un encore habité, le plus à l’ouest, et 3 blockaus à droite, dont l’un au-dessous de nous. Plus au loin, à droite, on aperçoit les blockaus de Kouny.

Hélène Gaudin, la conférencière de la CdC rappelle rapidement le contexte de la seconde guerre mondiale qui a prévalu à l’édification du Mur de l’Atlantique, ce projet de construction de défenses sur 8000 km du littoral atlantique français pour parer un débarquement allié. Seuls 4400 km seront effectivement réalisés et les blockaus de l’île de Ré qui subsistent faisaient partie de cette infrastructure. Le Mur de l’Atlantique est une opération gigantesque qui a mobilisé 450 000 ouvriers issus des entreprises de construction réquisitionnées ou volontaires, des jeunes de 15 à 18 ans qui n’avaient pas l’âge d’être enrôlés dans l’armée, pour la plupart.

A l’île de Ré, les allemands installent quelques 300 casemates

Ils construisent de nouveaux édifices défensifs mais ils utilisent aussi les anciennes batteries de côte qui dataient du 18ème siècle. Le site de Karola, à Ars, est l’avantposte pour la protection de la base navale de La Pallice et la Batterie Klara installée sur la Plage de la Conche assure la continuité de ce dispositif de surveillance. Les 3 km de la plage de la Conche peuvent, en effet, être un lieu approprié pour un débarquement. Klara constitue un ensemble de quatre blockhaus construits sur la dune et quelques batteries défensives, situées plus en arrière, dans les dunes. Les blockaus abritent une artillerie de côte dotée de gros canons d’une portée de 3 km tandis que les batteries arrière sont de portée moindre.

Automne 2016 : la destruction de trois blockaus

Le débarquement des alliés, en Normandie, les 5 et 6 juin 1944 entraînera la défaite allemande et la fin de la guerre ; les blockaus seront désaffectés en 44 et 45. Depuis, les tempêtes ont fait reculer la dune et ces monstres de béton ont glissé sur la plage. Constituant des obstacles au passage de l’eau, à marée haute, ils favorisent les tourbillons (effet venturi) qui emportent le sable et l’empêchent de se redéposer. Devant ce constat, l’Office National des Forêts, propriétaire, a décidé de faire procéder à la destruction de trois de ces unités. Une grosse grue viendra s’y attaquer pour en broyer le béton qui sera réutilisé pour la construction de la Digue des Doreaux.

Ainsi disparaîtront ces témoins de la dernière guerre qui portaient, pour certains, de magnifiques tags, témoins de notre époque. A retenir : la CdC prépare, pour le mois de juin, une grande manifestation autour du patrimoine militaire.

La Plage de la Conche et les blockhaus qui participent
au recul de la dune.

Jocelyne Chrétien