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A quand des ronds-points hollandais sur l’île ?
Animé par Dominique Bertin, vice-président de Ré-Avenir, et composé de sept membres, le groupe Eco-mobilité de Ré-Avenir s’intéresse à toutes les formes de mobilité douce.

Il a pour objectifs de contribuer à modifier la hiérarchie des modes de transport traditionnels sur l’île, développer les points de rencontre multi- transports, améliorer l’acceptabilité sociale en périodes d’affluence touristique, et orienter les habitudes de déplacement à l’année vers la sobriété hors et dans les villages.
Il souhaite diminuer plus généralement l’empreinte carbone des déplacements sur l’île notamment par une réduction de l’usage de la voiture, optimiser l’utilisation des transports collectifs et promouvoir la pratique du vélo sur l’ensemble du territoire insulaire et améliorer le réseau de pistes cyclables.
Pour cela il suit le déploiement par la Communauté de Communes du Schéma Directeur Cyclable de l’île de Ré. Parmi ses différentes propositions pour améliorer la sécurité des cyclistes, l’une d’elles nous interpelle plus particulièrement, la mise en place de ronds-points à la Hollandaise. Explications.
Qu’est-ce qu’un rond-point hollandais ?
Les ronds-points ou giratoires hollandais, inspirés des infrastructures cyclables des Pays-Bas – royaume du vélo où les infrastructures cyclables sont parmi les plus développées au monde – réinventent la circulation urbaine en favorisant la cohabitation entre tous les usagers de la route. Ils séparent les flux de circulation et donnent la priorité aux cyclistes et aux piétons. Contrairement aux giratoires traditionnels où tous les usagers partagent le même espace, le modèle hollandais crée des zones distinctes pour chaque mode de déplacement, réduisant sensiblement les risques d’accidents.
La France, championne du monde des ronds-points avec plus de quarante mille giratoires sur son territoire, s’inspire désormais de ce modèle pour améliorer la sécurité des usagers vulnérables.
Principales caractéristiques
Un rond-point hollandais se distingue par trois éléments essentiels : une piste cyclable bidirectionnelle, dédiée aux cyclistes, qui entoure le rond-point, complètement séparée de la chaussée par un terre-plein ou une bordure. Cette piste permet aux vélos de circuler dans les deux sens sans interagir directement avec les véhicules motorisés ; passages piétons stratégiques placés avant les pistes cyclables, offrant aux piétons un parcours sécurisé et prioritaire ; voie automobile intérieure fonctionnant comme un rond-point classique une fois que les automobilistes ont cédé le passage aux usagers prioritaires.
La séparation claire des flux, une visibilité optimale de tous les usagers entre eux et une signalisation spécifique caractérisent ce type d’aménagement.
Comment fonctionne un giratoire hollandais ?
Les automobilistes doivent à l’entrée du rond-point, céder le passage aux piétons traversant sur le passage dédié, puis céder le passage aux cyclistes circulant sur la piste cyclable périphérique, et enfin s’engager dans le rond-point en respectant les règles habituelles de priorité à gauche.
À la sortie, ils doivent à nouveau céder le passage aux cyclistes puis aux piétons.
Cette double cession de priorité (à l’entrée et à la sortie) constitue la principale différence avec un rond-point traditionnel. Elle nécessite une attention accrue de la part des conducteurs, mais garantit une sécurité renforcée pour tous.
Dans un rond-point hollandais, la priorité est clairement établie en fonction de la vulnérabilité : les piétons ont la priorité absolue lorsqu’ils traversent sur les passages dédiés ; les cyclistes sont prioritaires sur les automobilistes lorsqu’ils circulent sur la piste cyclable ; les automobilistes doivent céder le passage aux deux autres catégories d’usagers. Cette hiérarchie inverse la logique traditionnelle prévalant sur les routes françaises.
Réduction des accidents
D’après les premières données disponibles dans les villes ayant adopté ces aménagements, on observe une diminution significative des incidents impliquant des cyclistes et des piétons.
Au-delà des statistiques d’accidents, ces aménagements favoriseraient une meilleure cohabitation entre les différents usagers grâce à la réduction du stress pour les cyclistes qui n’ont plus à s’insérer dans le flux automobile, la diminution des comportements agressifs grâce à des règles de priorité claires et l’amélioration du sentiment de sécurité, encourageant davantage de personnes à utiliser le vélo.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, l’aménagement d’un rond-point hollandais représente un investissement conséquent pour les collectivités territoriales du fait de travaux de voirie importants, la mise en place d’une signalisation spécifique et de revêtements différenciés et colorés, ainsi que par les aménagements paysagers pour améliorer l’esthétique et la visibilité.
Propositions de Ré-Avenir sur l’île
CdC et Département prévoient trois passages souterrains dits « PIGR* », sans être d’accord sur la maîtrise d’ouvrage in fine, la CdC ne souhaitant pas en récupérer responsabilité et entretien une fois réalisés. Des écueils techniques, réglementaires, etc. ralentissent aussi ces projets, et à La Flotte le maire et la Direction des Infrastructures départementales (DID) ne sont pas d’accord sur son emplacement.
Ré-Avenir s’interroge elle sur l’alternative qu’offrirait un rond-point hollandais à ces passages souterrains et préconise la mise en place de tels giratoires sur plusieurs noeuds de circulation stratégiques. Voici, par ordre de priorité, les ronds-points hollandais qu’elle préconise.
Le Rond-point des Brossards sur la RD 735, à La Flotte : Il y a actuellement un débat sur le positionnement de ce PIGR : au niveau de La Grainetière, comme souhaité par le maire, Jean Paul Héraudeau ou au niveau du rond-point des Brossards, comme préconisé par la DID.
Ré-Avenir estime que la traversée de La Grainetière est déjà protégée par un ilôt central et un radar tourelle ayant un impact sur la vitesse. Ce dispositif pourrait selon l’association être renforcé par un feu à la disposition des cyclistes.
Le rond-point des Brossards comprend quatre traversées à sécuriser. Ré-Avenir souligne donc qu’un seul PIGR serait une réponse partielle, insuffisante et coûteuse. Aussi, elle préconise d’y implanter un rond-point hollandais, qui sécuriserait l’ensemble des quatre traversées, à moindre coût.
Le Rond-point de Bel Air sur la RD 735, à La Flotte : Les travaux prévus par la CdC à ce rond-point concernent l’arrivée directe de la piste cyclable longeant la route du Paradis sur Bel Air et le passage de la future voie express reliant Saint-Martin à Rivedoux, depuis Les Brossards via Bel Air.
Ré-Avenir préconise ainsi un aménagement du rond-point de Bel Air en rond-point hollandais, sans stop, pour la future voie express, à La Flotte.
A Saint-Martin, face au cimetière : Ré-Avenir s’interroge sur la meilleure solution entre aménagement d’un PIGR au rond-point de Saint-Martin, où une seule traversée majeure est à sécuriser, ou d’un demi rond-point hollandais, relevant que le passage souterrain fait débat sur un site classé UNESCO, avec une pente importante à prévoir. Le maire Patrice Déchelette y est opposé à ce stade. Là aussi, entretien et responsabilité de l’ouvrage, une fois réalisé, font débat.
A La Couarde : La création d’un passage souterrain est prévue pour améliorer la traversée à 90° avec îlot central de la RD 735, malgré la présence d’une zone humide et de la difficile réalisation de sa rampe d’accès (80m) surtout côté ville. Ré-Avenir préconise l’aménagement des deux ronds-points de Nouralène et Thomazeau à la hollandaise, en remplacement du passage souterrain.
Ronds-points du Paradis et du Gros- Jonc : Sur la RD 201, le rond-point du Paradis, à Sainte-Marie et celui du Gros Jonc, au Bois-Plage sont sécurisables par l’aménagement d’un rond-point hollandais aux yeux de Ré-Avenir.
Deux écueils de taille
Dans le cadre d’une politique volontariste en faveur du vélo, un premier rond-point expérimental pourrait être aménagé, selon les préconisations de l’association. Mais demeurent deux écueils de taille. Tout d’abord, sur l’île de Ré, le vélo pourrait-il devenir prioritaire par rapport à la voiture ? On en est loin dans les mentalités, quand on voit les commentaires sur les réseaux sociaux quant à ceux qui laissent déjà passer les vélos aux ronds-points. Mais une expérimentation pourrait justement permettre d’évaluer l’acceptabilité.
Ensuite, il faudrait que les collectivités – CdC de l’île de Ré et Département de Charente-Maritime – soient favorables à une telle expérimentation. Or si le président de la CdC, Lionel Quillet, s’y dit tout à fait favorable, il semblerait que la DID (Direction des Infrastructures du Département) ne la souhaite pas. Ce que traduit en ces termes Ré-Avenir dans son rapport : « Rond-point à la hollandaise : La CdC doit faire pression sur les autorités responsables pour réaliser rapidement une expérimentation sur l’île. »
L’île de Ré qui se veut exemplaire en matière de mobilité douce et alternative, avec notamment son dispositif RespiRé et son réseau de pistes cyclables très étendu, va-t-elle se laisser distancer par des villes plus avant-gardistes en France ?
*PIGR : Passage inférieur à gabarit réduit.
Sources : Dossiers Ré-Avenir – www.bicytrust.fr
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