115, un seul numéro pour le logement d’urgence
Derrière la carte postale rétaise existent des situations sociales parfois assorties d’une grande précarité. Auxquelles est désormais apportée une réponse structurée.
Avec la période hivernale revient la lancinante question du logement d’urgence. Non que les situations difficiles le soient moins en été, mais lorsque pluie et froid s’imposent en toile de fond, la mobilisation des communes et des associations à vocation sociale monte également d’un cran. Échanges avec Philippe Chatin, investi au Secours Catholique et en charge de ce dossier sensible au sein du collectif Ré-Unissons, et Peggy Luton Borie, élue couardaise et vice-présidente déléguée au logement à la CdC.
L’automne, une période vraiment délicate ?
« Oui », répond Philippe Chatin affirmant que nombre de personnes se retrouvent sans logement sur le territoire. Il y a bien sûr les besoins constants, ceux de personnes en situation de logement insalubre ou les femmes victimes de violences conjugales, mais également des saisonniers en fin de contrat, celui de leur logement, souvent associé, l’étant aussi de facto. Fermés, les campings n’offrent plus de solution de repli. « Alors beaucoup de gens, plus que l’on ne pourrait croire au premier abord, se retrouvent à dormir dans leur voiture ou dans une tente dans les bois », affirme Philippe. Mais après beaucoup de travail, l’Ile de Ré est aujourd’hui en mesure de proposer des solutions, même si elles ne sont que temporaires. « Une première personne vient justement d’être accueillie dans ce cadre », souligne-t-il.
Genèse d’une mise en place
Si le Secours Catholique peut être qualifié d’initiateur de la démarche, celle-ci a été rapidement introduite au sein du collectif Ré-Unissons, explique Philippe Chatin, soulignant que le résultat actuel a nécessité un long travail, « grandement facilité » par Peggy Luton Borie. « C’est vrai qu’on en a passé du temps avec Philippe », confirme cette dernière. « On souffre du manque d’habitude de travailler ensemble là où le besoin de coordination est réel », explique l’élue, estimant nécessaire l’existence d’un « groupe de travail réunissant les CCAS* des communes au sein d’un collectif », même hors cadre intercommunal.
A partir de 2023, toutes les communes étaient présentes aux réunions et travaux, « sauf Sainte-Marie », souligne-telle, ne comprenant toujours pas bien pourquoi l’élue en charge n’a pas participé. « Tout le monde était d’accord pour faire mais les personnes concernées ne le savaient pas et nous ne proposions que des solutions au coup par coup », poursuit Peggy, évoquant « un bricolage d’élus de bonne volonté mais insuffisant ».
Aucun doute, il faut passer par une structure qui sait faire. Ce sera Altéa- Cabestan, missionnée par les services de l’État pour gérer, entre autres, le Samu Social sur la Charente-Maritime. « C’est une association de terrain et opérationnelle », souligne Philippe Chatin. Constructive, la rencontre permet de franchir une nouvelle étape.
Réponse coordonnée pour efficacité renforcée
Concrètement, il revient aux communes de trouver les toits, le collectif Ré-Unissons se chargeant quant à lui de fédérer les associations à vocation sociale du territoire, afin d’élargir l’offre à d’autres besoins comme nourriture, transports ou vêtements.
« Pour les communes, la question du toit n’est pas si simple », explique Peggy Luton, rappelant qu’il s’agit d’une mise à l’abri temporaire ne pouvant aller au-delà de trois semaines. L’objectif était de rassembler les dix communes, résultat elles sont parties à deux en 2024, La Couarde et Saint-Clément ayant mis chacune une chambre 115 à disposition dans leurs maisons de saisonniers. « Nous voulions montrer que ça pouvait marcher avec l’appui d’Altéa- Cabestan, l’association étant responsable des personnes mises à l’abri et s’engageant à prendre le relais au bout de trois semaines si nécessaire », poursuit Peggy, se réjouissant qu’Ars ait rejoint le dispositif cette année via la convention avec l’association, ainsi que la paroisse catholique de l’île, Loix proposant en parallèle une possibilité dans sa maison partagée en fonction des disponibilités. Quid des communes du Sud ? « Saint-Martin devrait a priori suivre. Il nous faut des lieux sur le Sud ne serait-ce qu’en terme de proximité avec le continent », affirme Peggy Luton Borie, évoquant déjà une deuxième étape, élargissant la simple mise à l’abri à des hébergements de transition sur deux ou trois mois, « pourquoi pas intégrés au sein des programmes de logements sociaux orchestrés par la CdC. Il faut continuer à avancer » conclut-elle.
Certes perfectible, le dispositif mis en place avec l’appui de l’association Altéa- Cabestan a déjà le mérite d’exister en proposant une réponse locale et globale aux personnes en situation d’urgence. Avec un atout essentiel : un guichet unique et un seul numéro, le 115, pour une prise en charge immédiate.
* CCAS : Centre communal d’action sociale.
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